Riolo: "Seule la victoire compte ? Vraiment ?"

Daniel Riolo, membre de la Dream Team RMC Sport, revient sur une idée reçue à bannir !

On ne retient que le vainqueur… Une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne. Seule la victoire compte… Mine de rien, on en a une petite collection de phrases absolument stupides. On ne sait pas qui a prononcé ces balivernes pour la première fois, mais ça prend pas mal sur les petits esprits. Après la triste victoire de Man Utd en Ligue Europa mercredi dernier, les "comptables" étaient de nouveau de sortie. Présents pour glorifier Mourinho et ses doigts mimant le nombre de titres. Et comme par hasard, cette victoire est agrémentée d’un ton vindicatif.

Mort aux poètes du foot, le beau jeu ne sert à rien si ça ne gagne pas. C’est tout de même curieux, au soir d’un si beau succès, d’être à ce point en colère, non ? Les "comptables" devraient organiser la fête, et au lieu de ça, ça s’énerve, ça se justifie. Mauvaise conscience ? Mais pourquoi donc ? Pas d’inquiétude, on ne retient que le vainqueur. Les meilleurs sont ceux qui collectionnent les titres, n’est-ce pas ?

En fait, ces "comptables" sont des incultes. Et je leur lance un défi. Si on ne retient que les vainqueurs, ils peuvent citer tous les vainqueurs de la C1 depuis 50 ans, non ? Tous les vainqueurs du Ballon d’Or ? Toutes les années, les titres dans les différentes compétitions ? C’est le seul but, la seule finalité puisqu’on ne retient que les vainqueurs. Mais je ne crois pas que ces gens-là soient capables de réussir ce genre de quizz.

Pourquoi ? Parce que ceux qui seront capables de ça, auront un regard sur l’histoire du foot et du sport. Ils ne connaîtront pas uniquement des lignes de palmarès à réciter comme des singes savants ! Ils sauront ranger les grandes victoires, les apprécier. Ils sauront qu’un perdant peut-être beau ! Dans quelques années, ils se souviendront que cette équipe de gamins d’Amsterdam a fait le jeu contre le laid Man Utd et les doigts vengeurs de Mourinho.

Est-ce qu’on se souviendra plus du PSG vainqueur de la Coupe en 2017 ou du Nantes perdant en 83 avec le génial José Touré ? En Italie, personne n’a oublié l’équipe de 1970, battue par l’énorme Brésil de Pelé. On a oublié la Hollande de Cruyff ? La France de 82 et 86 ? Le Bayer Leverkusen de 2002 était une très belle équipe de losers ! Sneijder, Henry, Iniesta, combien de joueurs extraordinaires n’ont pas gagné le fameux Ballon d’Or ?

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On se souvient plus du Milan vainqueur de la Ligue des champions en 2003 ou de celui qui a perdu contre Liverpool en 2005 ? Faut-il vraiment augmenter la liste ? Doit-on à chaque fois dire que ces phrases, seule la victoire blabla, qui gangrènent les esprits, sont à bannir ? Quant au nombre qui ferait la force… Il vaut mieux gagner un Tour de France avec un panache inoubliable ou trois petits sans adversité ?

Il paraît que Petr Korda a gagné un Grand Chelem, Thomas Muster aussi. Rios, lui, non. Pat Rafter a gagné moins de Grand Chelem que Jim Courier. Le sport, le foot, ce n’est pas qu’une affaire de résultat. La petite histoire, c’est celle du résultat brut. La grande, c’est celle de l’émotion qu’on en garde. 

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