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Schumacher : « Les Allemands ont perdu en caractère »

Harald Schumacher lors de la demi-finale contre la France à Séville, en 1982

Harald Schumacher lors de la demi-finale contre la France à Séville, en 1982 - -

A la veille de France-Allemagne (21h), le gardien de la demi-finale dramatique du Mondial 1982, Harald Schumacher, était l’invité de Luis Attaque sur RMC. L’ancien portier de la Nationalmannschaft évoque son choc avec Battiston, Ribéry et la sélection de Löw.

Harald, comment allez-vous ?

Tout va bien, je suis le vice-président du FC Cologne, et on cherche à remonter en première division, donc on a beaucoup à faire. J’ai pris des cours pour devenir manager, et il y a du travail. Malheureusement, je ne pourrai pas être à Paris demain. J’ai été invité, mais nous avons une réunion très importante au club. Je regarderai le match en tout cas.

En France, vous restez associé au Mondial 82 et au choc avec Battiston à Séville. Comment réagissez-vous à cela ?

Ce qui s’est passé, c’était il y a plus de 30 ans, je me suis excusé auprès de Patrick, nous avons beaucoup discuté de ce choc. Mais je ferais la même chose aujourd’hui parce que j’étais le gardien de l’équipe d’Allemagne. Je n’avais pas la volonté de faire mal, je l’ai dit à Patrick. Le problème, c’est que cette histoire revient tout le temps parce qu’il y a toujours des duels entre la France et l’Allemagne. Pour moi, c’est terminé, mais je ne peux empêcher les journalistes d’en parler. Je dois vivre avec.

La Nationalmannschaft offre-t-elle un nouveau jeu ?

Ça n’a rien à voir avec l’ancienne équipe d’Allemagne. C’est Matthias Sammer qui est à l’origine de ce changement, il a beaucoup observé les clubs. A mon époque, on était moins forts que les Français, mais on avait une incroyable force mentale. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Ce que fait Joachim Löw est très intéressant, mais l’équipe a un peu perdu en caractère.

Pourquoi n’a-t-on pas beaucoup de Français en Bundesliga ?

Les Français vont plus facilement en Premier League. On a Franck Ribéry, un joueur exceptionnel, mais dans notre recrutement, on regarde naturellement plus vers le Nord de l’Europe.

Franck nous dit qu’il est très heureux en Allemagne, ce qui n’a pas toujours été le cas en France…

Lorsqu’un joueur étranger arrive dans un championnat, c’est à lui de s’adapter, et dans le cas de Franck, il n’a pas eu d’histoires comme il a pu en avoir en sélection ou dans sa vie privée. C’est un combattant extraordinaire à chaque fois qu’on le voit sur les terrains de Bundesliga.

La sélection allemande a des joueurs d’origine étrangère, ce qui n’était pas le cas dans les années 80…

Ces joueurs apportent beaucoup. On parle d’Özil avec sa technique formidable ou de Khedira, mais il y d’autres joueurs. Dans les années 80, on n’avait pas les mêmes possibilités. On voyait avec la France, ce que ça apportait d’avoir une équipe multiculturelle.

Miloslav Klose est à un but du record de Gerd Muller (68). Lequel des deux est le meilleur ?

Gerd Müller est pour moi le plus grand attaquant de tous les temps. La seule excuse que je peux lui trouver, c’est d’avoir évolué dans une équipe exceptionnelle avec des Beckenbaueur, Seeler (rires)…

Dans votre biographie (Coup de sifflet, 1987) vous avez parlé de dopage dans l’équipe. Pouvez-vous confirmer ?

Non, ce n’était pas en sélection, c’était en championnat, dans les clubs. En équipe d’Allemagne, il y avait beaucoup de contrôles, ce n’était pas possible de se doper. Mais les contrôles dans les clubs étaient moins sévères. C’est ce que j’ai dénoncé dans le livre.

Certains se sont demandé si vous étiez dans un état normal contre la France…

On ne peut pas analyser le match de cette façon. Nous étions menés 2-0, on est revenu à 2-2 (en réalité, l’Allemagne était menée 0-1, avant de revenir à 1-1, puis menée 1-3, pour finalement égaliser à 3-3), il y a eu un scenario extraordinaire. On ne peut pas m’accuser de dopage, les images sont trompeuses. L’intensité était incroyable. Il n’y a jamais dans l’histoire du Mondial un match aussi impressionnant.

Le titre de l'encadré ici

Dopage : le gros mensonge de Schumacher|||

Contrairement à ce que l’ancien gardien de la sélection allemande a affirmé dans Luis Attaque, la Nationalmannschaft version années 80 ne carburait pas à l’eau claire. Et c’est… Schumacher lui-même, qui l’a révélé dans sa biographie (Coupe de Sifflet) parue en 1987 ! Extrait : « Chaque midi (lors du Mondial 86), on avalait des tas de comprimés : fer, magnésium, vitamines du groupe B à fortes doses, la vitamine E, un peu d’hormones pour l’altitude (…) Mises à part les pilules qu'ils ont été administrées avec des seringues, le professeur Liesen a fait 3 000 injections. Il y avait de tout là-dedans : extraits de plantes pour renforcer le système immunitaire de l'organisme, les vitamines C et B 12, de l’extrait de sang de veau à fortes doses (Actovegin), des extraits de miel pour soutenir le système cardiovasculaire face à l'altitude. Et encore plus de comprimés, et de vitamine E. » L.C.