
Hellas Vérone: "Il y a plus d’exigence en Italie", affirme Adrien Tameze

Adrien Tameze - ICON Sport
Au centre de formation de l’AS Nancy-Lorraine, il se régalait devant les matchs du Barça de Guardiola avec Xavi, Iniesta et Messi. Ce samedi, Adrien Tameze croisera le deuxième élément de l’une des plus grandes rivalités d’entraîneurs de l’ère moderne, José Mourinho. À 18h, l’Hellas Vérone affronte la Roma, au stade Olympique de Rome. En cas de défaite, les Romains pourront définitivement dire adieu à leur objectif de quatrième place en fin de saison. Le défi est de taille, les hommes de Mourinho ayant perdu sur la pelouse de Vérone (3-2) lors d’un match aller où l’intensité des hommes d’Igor Tudor avait bousculé les Giallorossi.
C’est cette intensité en match, comme à l’entraînement, qu’a découvert Adrien Tameze en janvier 2020, lors d’un passage de six mois à l’Atalanta Bergame, avant de s’installer non loin du Lac de Garde, à Vérone. Joueur clé sous Ivan Juric la saison passée, l’ancien Niçois reste sur des performances de très haut niveau, soulignées par la presse italienne. "Barak prend toute la gloire mais une bonne partie du mérite revient à Tameze qui presse, se projette et récupère", soulignait la Gazzetta dello Sport après la victoire (4-2) à Sassuolo.
Dans une équipe où l’intensité, l’agressivité et le marquage individuel tout terrain sont devenus la recette du succès, le milieu français se fait une place. Auteur de trois buts et une passe décisive en 25 matchs, sa polyvalence, ses qualités techniques et athlétiques sont appréciées de son entraîneur. L’occasion pour RMC Sport, après "un entraînement fatigant", de faire le point avec lui sur la saison de l’Hellas Vérone, tout en posant un regard sur les spécificités du football italien. Interview.
Adrien Tameze, est-ce que vous avez retrouvé la toile d’araignée que vous avez enlevée au Bentegodi contre l’Udinese le week-end dernier?
J’ai vérifié et la lucarne est bien propre maintenant (rires).
Vous n’aviez jamais autant marqué dans votre carrière que cette saison, avez-vousune explication ou est-ce un simple hasard? Après votre but contre Empoli, vous disiez que vos coéquipiers vous demandaient de tirer plus souvent au but…
Il y a une grosse différence cette saison avec l’arrivée du coach (Igor Tudor, nommé après trois journées cette saison, ndlr). Il me demande de me projeter plus régulièrement, d’attaquer et donc je me crée plus d’opportunités de marquer. C’est vraiment une demande de sa part et je suis plus dans la zone de finition. Comme il me le répète à chaque entraînement, je me sens peut-être aussi plus libre de faire certains mouvements offensifs.
Si on rembobine un peu votre carrière jusqu’à votre arrivée en Italie, à Bergame en janvier 2020: vous débarquez et cinq semaines après, le championnat est suspendu en raison du coronavirus. Avec en plus, la ville de Bergame comme épicentre de l’épidémie en Europe. Comment avez-vous vécu cette période, entre le fait de quitter la France pour la première fois puis l’épidémie quelques jours plus tard?
Ça a été difficile sur plusieurs aspects. Le premier chamboulement est déjà technique et tactique, au niveau des entraînements. Le second est lié à mon intégration dans un pays où je ne parle pas la langue locale. Je ne parlais pas du tout italien. Le coach ne parle qu’italien donc c’était à moi de faire les efforts. Je parlais un peu anglais, une bonne base de joueurs également, il y avait aussi Timothy Castagne qui parlait français et qui m’a beaucoup aidé. Et puis, je suis arrivé en me disant "pourvu que ça ne change pas la dynamique sportive de l’équipe". Ça c’est bien passé finalement. Et puis il y a ce huitième de finale contre Valence en Ligue des champions…
Vous entrez en jeu lors du huitième de finale retour, à Valence, l’Atalanta se qualifie. Mais on est au début de la première vague de Covid et on est déjà dans la catastrophe. Est-ce que vous avez vraiment pu savourer ce match historique?
Au début, comme tout le monde, on savait qu’il se passait quelque chose mais on ne mesurait ni l’ampleur ni la gravité. C’est vrai que la ville de Bergame était déjà bien touchée à ce moment là, mais on ne pouvait pas imaginer qu’on allait tous finir en quarantaine et que le monde entier serait paralysé. Le fait d’avoir joué ce match et l’avoir gagné, ça a amené de la joie aux habitants et aux supporters, mais on était loin de penser que tout s’arrêterait.
On sait que le jeu de Gasperini peut être épuisant, est-ce que ça vous a vraiment marqué?
Ce qui marque, c’est l’exigence. Évidemment, j’ai vite vu la qualité des joueurs de l’effectif, mais cette exigence de l’entraîneur est incroyable. C’est à toi de t’adapter. Soit c’est le cas, soit il ne te met pas. Il y avait une grande rigueur à l’entraînement, le souci du détail tactique, il a une idée très précise. C’est vrai que si un joueur ne comprend pas ou ne fait pas ce qu’il demande, il ne prendra pas le temps. Il n’a pas le temps. Il y avait le championnat et la Ligue des champions. C’est un peu "ou ça passe, ou ça casse." C’est vraiment cette exigence qui m’a marqué.
Et comment s'adapte-t-on quand on n’a pas encore connu ça?
La plus grande différence, c’est le un-contre-un. Je n’avais jamais vu ça au haut niveau. Je regarde beaucoup de foot à la maison, mais je n’avais jamais vu ça. C’est un système défensif complètement différent et qui va même parfois à l’encontre de tout ce qu’on a appris avant.
C’est quasiment une deuxième éducation tactique...
C’est totalement le cas. On ne te demande pas de défendre par rapport à ton coéquipier, pas de couvrir et tout ça, non, là, il faut suivre ton joueur partout. S’il change de côté, tu le fais aussi et c’est difficile de s’habituer à ces principes au début. D’habitude, on se passe les adversaires entre coéquipiers selon les zones. L’individuelle te demande une grosse capacité physique, d’être agressif.
Physiquement, vous avez souffert au début de ce rythme de jeu?
Un petit peu au début. Avec Nice, je venais d’une période où je ne jouais pas beaucoup, donc j’étais en manque de temps de jeu, même si j’avais un préparateur physique et j’avais beaucoup travaillé pour ne pas être totalement largué.
Savez-vous pourquoi l’Atalanta ne lève pas l’option d’achat après ces six mois où vous êtes deux fois titulaire et où vous entrez en jeu une dizaine de fois?
Je pense que c’est l’histoire la plus douloureuse de ma carrière. L’option d’achat se déclenchait automatiquement si je jouais la moitié des matchs entre fin janvier et fin mai. Il fallait donc que j’atteigne les 13 matches joués. Et j’en ai fait 12… Le 13e match aurait pu être le dernier du championnat, qui avait repris après l’interruption liée au Covid. C’était à domicile contre l’Inter début août. Je me souviens que le coach m’avait demandé si je me plaisais dans le club, comment je me sentais, etc. Moi, j’ai toujours dit que je me plaisais bien, que j’étais content. Je m’attendais à entrer en jeu contre l’Inter. Dans les jours précédents, il y avait eu des appels entre l’OGC Nice et moi et entre Nice et l’Atalanta. Moi j’ai toujours eu des rapports compliqués avec les dirigeants et je pense, je n’en n’ai pas la certitude, que l’appel ne s’est pas non plus très bien passé avec l’Atalanta. Vient le match contre l’Inter. En fin de match, un milieu doit sortir (Papu Gomez, ndlr). Et c’est un jeune de la Primavera qui entre, Jacopo Da Riva. Là, j’ai compris. Le coach envoie un petit qui n’avait jamais joué. Je sais que l’Atalanta avait déjà demandé une extension du prêt pour pouvoir finir le championnat qui s’était achevé début août 2020 à cause du Covid. Nice avait eu du mal à accepter mais avait fini par le faire. Ensuite, l’Atalanta avait refait une demande pour que je joue le Final 8 de la Ligue des champions. Moi, je ne voyais pas où était le problème car j’étais blacklisté à Nice. Si j’y retournais, c’était pour aller en réserve. Je me dis que les derniers entraînements et peut-être une entrée en jeu en Ligue des champions pouvaient faire pencher la balance. Et sur les détails que j’ai eus, Nice a refusé. Le club a dit que je devais rentrer en France, qu’ils avaient besoin de moi. Sauf qu’en rentrant, ils m’ont dit : "tu n’as pas de vacances et tu pars avec la réserve." Et des retours que j’ai pu avoir avec l’Atalanta, ils m’ont dit que ce n’était pas passé avec Nice.
Finalement, vous ne restez pas longtemps à Nice et c’est l’Hellas Vérone que vous rejoignez. À Vérone, il y a le disciple de Gasperini, Ivan Juric. Vous pensez que votre passage à l’Atalanta a été un facteur essentiel dans le fait que l’Hellas Vérone vous recrute? Parce qu’il y avait le même système tactique, la même intensité et des principes similaires...
Je pense que ça a joué. Même si j’avais découvert un autre football à l’Atalanta, j’avais aimé cette expérience et j’avais aimé le résultat. On avait souvent le ballon, on agressait le porteur de balle adverse, on se procurait beaucoup d’occasions, on marquait beaucoup de buts. Je me souviens d’ailleurs que quand j’étais à l’Atalanta, le match le plus difficile pour nous avait été contre l’Hellas Vérone. Quand je suis rentré à Nice, j’étais touché moralement. Le directeur sportif de l’Hellas Vérone est venu me voir à Monaco et m’a dit qu’il avait envie de me faire signer. On avait d’abord échangé par téléphone puis il avait pris sa voiture jusqu’à Monaco. J’ai ensuite parlé au coach et il m’a expliqué sa vision, m’a dit que les principes de jeu ressemblaient beaucoup à ceux de l’Atalanta. Je me suis dit que je n’allais pas repartir de zéro grâce à l’expérience de Bergame.
D’abord avec Juric et maintenant avec Tudor, vous êtes principalement aligné comme milieu de terrain dans un milieu à deux. Pouvez-vous nous décrire ce que vos entraîneurs vous ont demandé et vous demandent à l’Hellas en terme de couverture, de mouvements, de projections?
C’est semblable entre les deux entraîneurs. Ils veulent que j’utilise mon gros volume de jeu pour aider l’équipe, que j’apporte défensivement comme offensivement. Ils aiment bien que le milieu de terrain descende sur la ligne des défenseurs pour aider à la construction avec un joueur en plus, mais aussi qu’il se projette offensivement aux abords de la surface adverse. Dans les grandes lignes, les deux entraîneurs se ressemblent.
Le jeu pratiqué est très intense, il y a une volonté de ne pas laisser trop jouer l’adversaire et de récupérer rapidement le ballon (2e équipe de Serie A qui déclenche le plus vite une action défensive quand l’adversaire a le ballon, ndlr) et quand vous avez le ballon, il y a une grande verticalité et un dynamisme réel sur les deuxièmes ballons. C’est très exigeant...
Oui et c’est grâce au travail fait à l’entraînement qu’on peut le reproduire en match. Tout à l’heure, je disais que j’étais un peu fatigué après la séance d’entraînement de ce matin, mais c’est notre méthode. C’est beaucoup de courses, beaucoup de séances de musculation, beaucoup d’exercices de pressing et de un-contre-un. Il y a toujours de l’intensité dans les exercices et dans les jeux.
Faites-vous toujours des séances supplémentaires avec un coach particulier comme à Nice ou lors de la première saison à Vérone?
Non, cette année je ne l’ai pas pris. L’année dernière, je sentais que j’avais besoin d’un peu plus travailler pour être bien physiquement et peut-être même mentalement aussi. Je voulais faire toujours plus et je me disais que ça allait m’aider quoiqu’il arrive vu le jeu de l’équipe. Cette année, j’ai arrêté parce que l’année dernière j’avais pas mal de petites alertes musculaires avec des crampes ou des contractures. Quand on a commencé la saison actuelle, je me suis dit que j’allais attendre de voir. Et comme les entraînements sont encore plus intenses que l’année passée, j’ai décidé de ne pas faire de travail en plus.
Quelle était la position du club sur les séances supplémentaires?
Au début, ils n’étaient pas au courant. Mais comme le préparateur physique postait beaucoup sur les réseaux sociaux et que je repartageais tout ça, le responsable athlétique du club est venu me voir pour me dire de ne pas trop en faire non plus, de ne pas trop travailler certains jours car c’était sans doute trop. Mais ils ne m’ont pas interdit de le faire, ils m’ont conseillé.
Il y a une expression qui revient souvent dans la presse italienne vous concernant: "il est partout"...
C’est vrai (rires). C’est aussi lié au coach Tudor et c’était aussi le cas de Juric la saison passée. Ce sont des entraîneurs qui, quand on les regarde sur le banc, même quand on est fatigués, on sait qu’ils vont nous tuer si on ne court pas. Ils nous disent sans arrêt "va", "presse", "revient", "attaque", "encore". Ils ne sont jamais fatigués sur le banc. Si on prend le dernier match contre l’Udinese, j’étais en difficulté physiquement en deuxième mi-temps et je me suis rendu compte qu’ils nous transmettaient beaucoup d’énergie comme ça. Des fois je suis fatigué, je suis en défense, et dix secondes plus tard je me retrouve en attaque après un sprint de soixante mètres. Je le fais même si je suis fatigué, parce que j’ai aussi pris cette habitude.
Faites-vous partie de ces joueurs qui quittent la Ligue 1 pour un championnat étranger et qui trouvent qu’on travaille plus à l’étranger, qu’il y a plus de rigueur et d’exigence?
Ah oui, largement. Largement (il répète). C’est une mentalité en fait. Je ne veux pas faire de généralité donc je parle de ce que j’ai vécu et c’est vrai qu’à Nice on avait aussi un groupe assez jeune. Certains arrivaient un peu en retard, on courait 4-5 kilomètres par séance. Ici, à Vérone, c’est 7, 8 jusqu’à 10 kilomètres par entraînement. C’est une grosse différence. Il y a plus de professionnalisme. Les joueurs s’entraînent plus fort, sont plus prêts à faire des efforts, sont plus concentrés. Dans tous les domaines, il y a plus d’exigence. On passe beaucoup plus de temps au centre d’entraînement. À Nice on arrivait par exemple à 9h30 pour une séance à 10h30 et à 12h30 je pouvais être chez moi. À Vérone, je ne rentre pas chez moi avant 15h très souvent, parfois même à 16h. Il y a le repas en commun obligatoire le midi. Peut-être qu’à Nice on n’avait pas la mentalité qu’on a tous aujourd’hui avec quelques années de plus. Après, je pense que ça a dû changer avec Galtier.
À domicile, vous avez battu la Juve, la Lazio, la Roma alors que l’Atalanta et l’Inter ont gagné très difficilement. Sur le terrain, vous rendez-vous compte que l’intensité gêne ces gros clubs et que votre jeu un peu atypique les perturbe?
Les clubs comme la Juve, l’Inter, Naples et Milan aiment avoir le ballon. Nous, notre philosophie, c’est de les empêcher rapidement de jouer, de ne pas leur donner le temps de s’installer, de les presser. Notre objectif contre ces clubs là est de récupérer le ballon haut pour déclencher rapidement une action de but. Notre système est très efficace pour ça.
Lors des neuf premières journées, vous n’avez été titularisé qu’à deux reprises par Eusebio Di Francesco d’abord, puis par Igor Tudor. Et puis, vous avez repris votre place de titulaire presque indiscutable. S'agissait-il de simples choix de coach, d'un souci physique ou de performance?
En début de saison, ça a été compliqué car j’ai eu une période de mercato pas facile à gérer. J’avais des appels de grosses équipes. Cela ne s’est pas fait et j’ai eu un contrecoup. Quand j’ai repris, je n’étais pas au top physiquement, ce qui fait - et c’est juste quand un joueur n’est pas au mieux -, que c’est un autre joueur, qui est prêt et joue. Je suis plus souvent titulaire désormais, et même quand je ne le suis pas, mes entrées en jeu sont déterminantes comme contre Empoli ou Bologne.
Ce qui est apprécié de vos entraîneurs également, c’est votre polyvalence. Vous avez dépanné comme faux 9 avec Juric la saison passée contre la Lazio (avec un but à la clé), comme défenseur central axe droit dans une défense à trois, comme piston droit contre Spezia, comme numéro 10 contre la Juve… La Gazzetta dello Sport avait fait un papier en fin d’année en vous surnommant "l’homme à tout faire de l’Hellas Vérone"…
Il y a plusieurs choses qui entrent en ligne de compte. Je pense que le système aide beaucoup. Étant donnée notre façon de jouer en un-contre-un, le fait d’être en individuel est identique que je sois au milieu, un cran plus bas ou un cran plus haut. J’ai un joueur et je dois être meilleur que lui. Ok, quand je dépanne défenseur central, il y a des mécanismes de couverture différents, devant ce sont des déplacements différents quand on a la balle, mais si j’arrive à être bon sur autant de postes cette saison, c’est principalement grâce à notre système. Après, je regarde aussi beaucoup de matches et j’adore la tactique. Ça m’a toujours plu. Le week-end, je suis toute la journée sur l’iPad à regarder des matches italiens, allemands, anglais, l’OGC Nice. Même si je change de poste, je sais à peu près ce qu’un coach demande à un joueur à ce poste là. Je préfère être au milieu. Le match contre la Lazio où j’étais aligné faux 9, j’avoue que j’ai adoré. Le coach Juric m’avait laissé beaucoup de liberté au niveau de mes déplacements.
Quelle image aviez-vous du championnat italien avant d’arriver et quelle image en avez-vous aujourd’hui?
Elle a beaucoup évolué. Je ne regardais pas trop le championnat italien avant de venir. Je crois que l’arrivée de Cristiano Ronaldo a changé la vision du foot italien un peu partout. Elle l’a remis en lumière. Et maintenant que je côtoie ce football de près, je pense que ça fait partie des trois meilleurs championnats européens avec l’Angleterre et l’Espagne. Avant, je pensais que le championnat de France était devant, mais pas maintenant que j’y suis et que j’ai fait les deux. Je pensais qu’en Italie ça défendait beaucoup. Je me disais même que si un jour je signais dans ce championnat, comme je suis assez bon tactiquement, je me placerais tranquillement au niveau du bloc sans trop courir. Quand je suis arrivé, c’était totalement l’inverse (rires). Je pensais qu’il était ultra défensif et finalement pas du tout. Tactiquement, c’est très élaboré, plus précis. Mais ça attaque beaucoup, ça veut marquer des buts.
Il y a un milieu de terrain qui a été performant en Italie, que vous connaissez bien. Il est l’un des rares joueurs à avoir joué au Milan, à l’Inter et à la Juve: Patrick Vieira. Il a été votre coach à Nice. En tant qu’ancien milieu de terrain et en tant que coach, comment vous a-t-il permis de progresser?
Il a essayé de m’apprendre ce que j’ai appris à l’Atalanta. Il me parlait beaucoup de la nécessité d’être très professionnel, d’arriver tôt à l’entraînement, de chercher à faire plus. Pas seulement à moi, mais à tout le groupe. Je me souviens d’une chose qu’il m’avait dit : "le plus dur, c’est de changer les mentalités." Et c’est vrai qu’en France, on n’a pas cette mentalité. Il avait été exigeant sur certaines choses et on avait eu du mal à le faire. Je pense que s’il avait réussi à mettre en place tous ces éléments, on aurait fait de meilleures performances avec lui. Maintenant que j’ai découvert le haut niveau, je comprends ce qu’il voulait dire. Il m’a apporté aussi au niveau de mon jeu, de mon positionnement, de l’agressivité à avoir. On jouait en 4-3-3 avec lui, j’étais relayeur droit, il me disait aussi de plus me projeter, d’être plus dans la zone de finition. Et j’avais un peu de mal à le faire. Je n’ai pas été hyper décisif. Ma relation avec lui en dehors du football était belle également.
Ce samedi, vous affrontez la Roma de Mourinho que vous aviez battue à l’aller à Vérone dans un match un peu fou (3-2). Et vous pouvez revenir à un point des Romains en cas de victoire…
Quelle est la question du coup, vous me tendez une petite perche là? (Il éclate de rire)
Qu'attendez-vous de cette fin de saison? Vous êtes 9e, à six points de la 6e place qualificative pour l’Europe, sachant que la 7e place peut l’être également selon certaines configurations...
C’est souvent en fin de saison qu’on se rend compte des moments où on a perdu des points et où on peut avoir des regrets. On a très mal commencé la saison avec trois défaites consécutives. On se dit que si on avait pris 1 point, ou 3 points à ce moment-là, on serait encore plus proche aujourd’hui. Les trois matches qui arrivent sont les plus importants de la saison et vont déterminer ce qu’on pourra espérer en fin de saison. Ce qui est compliqué, c’est qu’on va jouer la Roma. Tout le monde dit que c’est une équipe en difficultés. Oui, elle n’a pas eu les résultats qu’elle espérait sans doute, mais il y a des joueurs de grande qualité, des internationaux, ils jouent devant leur public. J’aimerais qu’on joue l’Europe même si le discours du club est plus axé sur le maintien.
Vous avez un menu de gourmet jusqu’à la fin de la saison: vous devez encore jouer la Roma, la Fiorentina, le Napoli, l’Inter, l’Atalanta, Milan et la Lazio, sept des huit équipes devant vous. Et vous réussissez bien contre les gros de ce championnat…
C’est vrai qu’on a toujours été performant contre les gros. Même quand on perd, la prestation est aboutie. Mais ça reste un calendrier compliqué…
Je ne sais pas si les araignées auront eu le temps de s’installer en une semaine dans les buts du Stadio Olimpico, mais si tel est le cas, il va falloir encore nettoyer les lucarnes, comme contre l’Udinese…
Je ferai tout pour! J’ai fait une grosse séance de tirs là à l’entraînement, j’ai tout mis dedans!
Avec une célébration Spiderman en prime, il parait que c’est à la mode…
J’y penserai (il éclate de rire).