PSG: Icardi et l'Inter, le divorce qui a enflammé l'Italie

Prologue: les menaces de mort interposées (octobre 2016)
Arrivé à l’Inter à l’été 2013 en provenance de la Sampdoria, Icardi est nommé capitaine par Roberto Mancini au début de la saison 2015-2016. Mais celle-ci est marquée par quelques embrouilles avec les supporters, sur fond de rumeurs de départ à la Juventus ou au Napoli. L’orage semble passer, mais en octobre 2016, l’attaquant argentin sort son autobiographie (à 23 ans, oui, oui) dans laquelle il revient sur une ancienne altercation avec les tifosi. Et allume les supporters de l’Inter: "Je suis prêt à les affronter un par un, balance-t-il. J’ai grandi dans le quartier d’Argentine avec le plus haut taux de criminalité. Ils sont combien? 50? 100? 200? D’accord, enregistrez mon message et faites-leur écouter: je leur ramène 100 criminels d’Argentine qui les tueront où qu’ils soient, alors on verra." La guerre (des mots) fait rage pendant quelques semaines, mais le joueur fait amende honorable, et claque une saison à 26 buts. Tout semble pardonné.
Chapitre 1: le retrait du brassard (février 2019)
Le 13 février dernier, alors qu’il est désormais un capitaine installé, Icardi se voit soudainement retirer le brassard par Luciano Spalletti, au profit du gardien Samir Handanovic. En cause: un rendement insuffisant sur le terrain, avec sept journées de suite sans marquer en Serie A, mais surtout une relation tempétueuse avec la direction, née de négociations difficiles pour sa prolongation de contrat. Autrement dit, le retrait du capitanat est une mesure de rétorsion des dirigeants. A noter que quelques semaines plus tôt, Icardi avait écopé d’une amende de 100.000 euros pour un retour de vacances tardif.
Chapitre 2: la grève? (février 2019)
Dans la foulée, le natif de Rosario n’apparaît pas dans le groupe convoqué pour un match de Ligue Europa contre le Rapid Vienne. On pense à une mise à l’écart de la part du club, un coup de pression envers l’attaquant, mais Spalletti assure que c’est bien Icardi qui boude: "Il était convoqué pour le match, lance le technicien en conférence de presse. Mais c’est lui qui a décidé de ne pas venir. Le capitanat? C'est un choix difficile et douloureux mais pris en accord avec toutes les parties. Il a mal pris cette décision, c’était difficile de lui dire. Tout ce qui tourne autour de Mauro distrait tout le monde. Nous, lui, et l’équipe dont il était capitaine."
Chapitre 3: les larmes de Wanda Nara (février 2019)
Comment ne pas évoquer la télénovela Icardi sans parler de son épouse et agent, Wanda Nara? Réputée pour avoir une poigne de fer, et la langue bien pendue, cette dernière est invitée, toujours en février, sur le plateau de la célèbre émission "Tiki Taka" pour évoquer la situation de son mari. Et… elle fond en larmes. "Nous ne savions pas que le brassard serait enlevé à Mauro. Je l'ai appris sur Twitter, soupire-t-elle. C'est comme lui avoir coupé une jambe." Précisant qu’elle a demandé l’aide de l’ancien président Massimo Moratti pour qu’Icardi réintègre l’équipe, elle se retrouve consolée en direct par Giuseppe Marotta, l’actuel boss intériste. Au téléphone, le dirigeant tente d’apaiser tout le monde. "Tout ce qu'on fait est pour le bien de l'Inter, d'Icardi, de Wanda et des tifosi, explique-t-il. Lui enlever le brassard n'est pas une punition, mais juste une décision nécessaire pour le bien de tout le monde." Surréaliste.
Chapitre 4: la lettre (février 2019)
Muet devant les micros, Icardi décide de contre-attaquer avec une lettre, publiée fin février sur les réseaux sociaux. Contre-attaquer, car on ne peut pas vraiment parler d’une lettre d’excuses… "Je ne sais pas si en ce moment, il y a de l’amour et du respect pour l’Inter et pour moi de la part de certains décideurs", écrit notamment l’attaquant. Et de poursuivre en jurant fidélité au peuple nerazzurro: "J’ai refusé beaucoup d’offres, rappelle-t-il. Des offres difficiles à refuser pour n’importe quel joueur professionnel, surtout à ces conditions. […] Par amour, on peut supporter beaucoup de choses, mais le respect ne doit jamais disparaître. Ce sont les valeurs pour lesquelles j’ai toujours lutté."
Chapitre 5: la mise à l’écart continue (mars 2019)
Malgré les belles déclarations publiques, Icardi ne joue toujours pas au mois de mars. Officiellement pour une douleur à un genou, officieusement pour… on ne sait plus trop. Le contexte devient en tout cas pesant. Les supporters de l’Inter ne cachent pas leur lassitude en insultant Icardi au stade et sur les réseaux sociaux, et Wanda Nara n’est pas épargnée non plus.
Chapitre 6: le retour très mitigé (avril-mai 2019)
Le 3 avril, après presque deux mois en tribunes, Icardi fait son grand retour sur les terrains à l’occasion d’un déplacement au Genoa. Et bien sûr, il marque. Sur penalty, certes, mais cela ne l’empêche pas d’exprimer son soulagement dans un grand cri de joie. "Quelqu'un devait faire le premier pas pour l'Inter et je l'ai fait, s’auto-félicite Spalletti. C'était difficile de voir tout ça arriver. Mais avec la victoire de ce soir, tout va bien […] Icardi a pris un risque en se présentant face au but, ce n'était facile de marquer un penalty après avoir traversé tout ça. Il a montré son caractère, l'équipe lui a permis de le tirer et donc tout se termine bien." Vraiment? Les tifosi restent pourtant remontés, et la fin de saison d’Icardi, avec une seule réalisation sur les huit dernières journées, ne permet pas de retourner les vestes.
Chapitre 7: le mercato empoisonné (juillet-août 2019)
Pollué par l’affaire Icardi durant toute la deuxième partie de la saison 2018-2019, l’Inter, qui vient en plus d’attirer Antonio Conte sur son banc, n’a pas l’intention de redémarrer l'exercice suivant dans une ambiance aussi délétère. Aussi, dès le début du mercato estival, le club lombard se veut clair: Icardi est à vendre. Mais encore une fois, l’intéressé n’est pas sur la même longueur d’onde. En juillet, le Corriere dello Sport assure que l’Argentin a l’intention de décliner toutes les offres, afin de poursuivre ses aventures à Milan. "Icardi est seul contre tous, mais ne compte pas offrir la victoire à son club", écrit le quotidien. On le dit alors prêt à passer une saison en tribunes. Le 25 août, sa femme confirme la tendance. "Pour moi, Icardi restera à l’Inter, il l’a clairement indiqué au début du marché, note Wanda Nara. Il veut jouer ici, il pense que ce n’est pas fini. Je peux apporter mille offres mais c’est lui qui décide: Mauro est sorti du marché. Il y a eu des offres que personne ne refuserait jamais. Et Mauro a dit non."
Chapitre 8: la demande de réintégration (fin août 2019)
Difficile de savoir si l’info est vraie, mais elle a été partagée par toute la presse italienne. Alors que la fin du mercato approche, Icardi, mis à l’écart du vestiaire, se retourne contre son club, et demande via ses avocats sa réintégration immédiate ainsi qu'un dédommagement d'un million et demi d'euros. En réalité, l’attaquant s'entraîne avec le groupe, mais est contraint de s’éclipser lors des exercices tactiques et des mises en place, le club lui ayant fait savoir qu'il ne comptait pas le faire jouer. Or, c'est justement la réintégration à ces séances tactiques qu'il désire… Problème: l’Inter, qui a déjà cassé sa tirelire pour Romelu Lukaku, boucle en plus l’arrivée d’Alexis Sanchez en prêt. Son avenir est bouché, et son destin scellé.
Chapitre 9: le départ
La fin de l’histoire s’est écrit en quelques heures, durant le week-end qui vient de s’achever. Dimanche, des négociations entre l’Inter et le PSG pour un prêt de l’Argentin fuitent de part et d’autre des Alpes. Souhaitant les voir aboutir, les supporters milanais déploient une banderole menaçante devant la demeure du joueur: "Icardi, ça suffit, peut-on lire dessus. Milan est petit." Une nouvelle attaque, et un nouveau rebondissement: invitée dans la soirée de "Tiki Taka", Wanda Nara quitte le studio en urgence peu après minuit. "Pour une obligation professionnelle", glisse-t-elle, avant de disparaître. Et de boucler les négociations avec le PSG.