Riolo : « La perversité des bonnes intentions »

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Je préviens tout de suite, ce billet sera flou. Oui je sais, normalement je suis attendu avec des avis, des opinions tranchés, pas avec des questions. Mais concernant la dernière mesure prise en Italie au sujet des tribunes, j’avoue ne pas réussir à y voir clair.
L’expression raciste dans un stade, c’est non. On le savait. Mais depuis ce week-end, on parle désormais de toutes les discriminations. En gros, le mec du nord ne doit pas se moquer du sudiste. Voilà pour l’idée. Et en Italie, le sujet est une réalité. Mais il l’est aussi dans d’autres pays, à l’intérieur même d’une région, d’une ville. Ça existe au foot, mais aussi en rugby. On appelle ça l’esprit de clocher.
En Italie aujourd’hui, on dit donc clairement qu’au-delà du racisme, c’est l’esprit de clocher qui est maintenant interdit. Interrogé à ce sujet, le secrétaire général de l’UEFA, Gianni Infantino, (mais si, vous savez, le chauve jovial qui dirige la cérémonie des boules qui forment les poules de la LDC) a déclaré qu’effectivement c’est toute forme de discrimination qui doit être combattue. L’esprit de clocher également.
Et là, je suis stupéfait, circonspect. Je ne sais même pas par quel bout initier une réflexion sur le sujet.
Le problème étant le mot « discrimination », partons d’une définition : « Action de séparer, de distinguer, les choses, les personnes ». Complétons par l’idée que ça relève aussi d’un traitement différent d’un groupe par rapport à un autre.
Notre sujet devient alors sans limite. Vous avez entendu les présentations des équipes dans un stade ? C’est différent entre l’équipe qui reçoit et l’autre, donc c’est non ! Le speaker qui s’enflamme sur un but de son équipe, c’est non ! Le PSG reçoit son équipe avec tapis rouge et pas l’autre, c’est non ! Et le public, il applaudit son équipe et siffle l’autre, donc c’est non !
Ne dites pas que j’exagère. En quelques années, on a vu assez de trucs complètement dingues dans les stades pour ne pas envisager l’impossible.
Cette histoire du racisme appliquée à l’esprit de clocher et de discrimination appliquée au sens le plus strict est une boîte de Pandore. Je ne vois plus aucune limite. La fin de la plus petite possibilité d’expression dans un stade. Une révolution en marche.
Et on fait quoi avec certains partis politiques en Italie ? Mais pas que dans ce pays. Un peu partout. Une analyse poussée montrera que la discrimination se cache partout. Chaque discours politique peut comporter des petits morceaux discriminants.
Et on dit quoi de la critique au sens large ? Pardon de dévier, mais j’avais prévenu que je serai flou. Un film sort, on peut encore le critiquer ? Puisqu’il faut réserver un même accueil à tout. M6 ne diffuse que des émissions pour décérébrés, est-ce discriminant pour les gens intelligents ? C’est l’idée même du choix qui pose problème non ? A quand un joueur qui attaque un sélectionneur parce qu’il n’est pas retenu ? Il vient avec ses stats, des sondages en sa faveur et le dossier tient la route. Procès !
Mais non je n’exagère pas ! C’est le rêve, l’utopie égalitariste qui nous étrangle. On étouffe.
Bannir le racisme, c’était l’idée de départ. L’idée implacable. Qui sera contre ? C’est comme la faim dans le monde et la guerre, non ? Mais j’ai tendance à penser que c’est en interdisant qu’on encourage. Le fruit de l’ignorance ne se combat pas par l’interdiction, la force, mais par l’éducation, l’intelligence, non ?
Je n’ai jamais réussi à avoir les idées claires pour juger le fait de quitter le terrain en cas de cris raciste dans un stade. Est-ce la bonne solution ? On sanctionne tout le monde en raison de la connerie d’un groupe ? Est-on sûr que ça n’arrivera plus ? Et puis on fait ça le samedi en championnat, mais si en semaine on va jouer en Russie en LDC, on ne dit rien. C’est la LDC, c’est important, on se bouche les oreilles ? Ou alors, on sort les pays dits « tendancieux » de l’UEFA ?
Tout cela nous ramène aux différents évènements qui ont marqué notre foot récemment. De la banderole du PSG/Lens 2008, à celles des OL/Sainté en passant par les sorties médiatiques d’Aulas, de Taiwo, de Sakho… La liste est sans fin…
Oui, bien sûr, dans « tout ça », je parle de tout ce qui tourne autour du foot depuis des années, dans toute cette violence au sens le plus large possible, il fallait bouger, intervenir. Ça a été fait. Tout n’est pas parfait ? Certainement. Mais si la perfection, c’est aller aussi loin, est-il permis de douter ? L’équité, oui, évidemment. Mais l’idée égalitaire, bien différente, porte en elle une perversité qui ne semble pouvoir s’appliquer que par le totalitarisme. Parfois les meilleures intentions peuvent devenir monstrueuses et conduisent aux pires conséquences…
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