SOS d’un football en détresse

Patrick Vajda - -
« Le football est le reflet de notre société. Regardez bien l'expression d'un joueur sur le terrain, c'est sa photographie dans la vie. » Cet adage d’Aimé Jacquet, sélectionneur de l’équipe de France championne du monde en 1998, résume les événements survenus dans le football amateur ces derniers jours. Le 2 juin dernier, une bagarre générale a éclaté lors d’un match entre Ivry-sur-Seine et Val-de-Fontenay. Ce samedi, à Plessy-Trevise, un arbitre a été agressé avec, pour conséquence, plusieurs jours d’arrêt de travail. Pire, ce lundi, aux Pays-Bas, six adolescents et un adulte ont été condamnés à des peines de prison pour avoir battu à mort un arbitre de touche le 2 décembre dernier.
Ce lundi, Patrick Vajda s’est entretenu avec Valérie Fourneyron, la ministre des sports pour évoquer tous les sujets qui concernent l’arbitrage. Le président de l'Association française du corps arbitral multisports (AFCAM) souhaite que la loi Lamour de 2006, qui donne à l'arbitre une mission de service public - et qui le place donc au même rang qu'un policier ou un pompier - soit appliquée, ce qui n'est pas toujours le cas. « Il y a certains décrets d’application qui ont été pris et certains juges refusent de l’appliquer, regrette Vajda. Certains ne connaissent pas la loi et d’autres disent qu’ils ne l’appliqueront pas parce qu’ils estiment qu’un arbitre n’est pas un policier dans l’exercice de ses fonctions. Nous avons vraiment insisté pour que cette loi s’applique. C’est très important. »
L. Fernandez : « Il faut que ça cesse »
« Ça devient de plus en plus tendu et compliqué. J’ai l’impression que, dans le football amateur, cette violence est de plus en plus fréquente. Il faut que ça cesse, affirme Luis Fernandez, membre de la Dream Team RMC SPORT. Il faut prendre conscience que le football est un sport populaire, dans lequel on a le droit d’amener ses enfants. De nombreuses personnes aiment ce sport qui est un jeu. Il ne faut pas l’oublier. Les jeunes ont des rêves et ont envie de grandir avec ce sport. » Pour Patrick Vajda, qui rappelle que « la France n’est pas la seule concernée », la violence n’a plus sa place sur un terrain.
Afin éradiquer ce fléau, le président de l’AFCAM organise des rassemblements avec des arbitres de tous les sports. « On réunit des petits groupes d’arbitres de tous les sports. On pense que l’expérience entre un arbitre de football, de hand et de dressage est une expérience extrêmement enrichissante, souligne le patron du monde arbitral. Nous échangeons beaucoup sur le stress, sur le conflit. Est-ce qu’on peut arrêter un conflit qui gonfle ? Quand c’est un problème de joueur, on peut. Quand c’est un problème de spectateurs, c’est beaucoup plus compliqué. »
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