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Taxe : le foot pro tacle Hollande

Thiriez (LFP) : « C’est la mort du foot français »

Thiriez (LFP) : « C’est la mort du foot français » - -

La volonté du candidat socialiste à la présidentielle de vouloir taxer les très hauts revenus a provoqué l’ire du football professionnel et de ses représentants, soutenus par le ministre des Sports, David Douillet. Tir groupé.

Après une journée sans trop de réactions, les responsables du football professionnel ont sorti l’artillerie lourde pour pilonner la proposition de François Hollande. L’idée du candidat socialiste à la présidentielle de taxer le deuxième million gagné par les footballeurs à hauteur de 75% a fait se lever comme un seul homme les défenseurs du foot français. Au nom de la centaine de footballeurs concernés (sur 3000 foyers fiscaux), Frédéric Thiriez, le patron de la Ligue de football professionnel (LFP), a parlé de « mort certaine » du foot. Michel Seydoux, président du LOSC, champion en titre, compte un certain nombre de joueurs (Hazard, Landreau, Mavuba,…) émargeant à plus d’un million d’euros par an. Avec le patron des Nordistes, le « Big 4 » de la L1 s’est trouvé un porte-voix. « On reviendra à un foot associatif, prévient-il. Il y aura un club exceptionnel, Paris, et en face des clubs de CFA. Si tuer le foot pro est un choix politique, il faudra l’assumer. » « Mort », « tuer », les défenseurs du statu quo manient le vocabulaire de l’agneau livré en pâture. Rolland Courbis, consultant RMC Sport, les a rejoints en parlant de « massacre ».

Bernard Laporte, l’ex-secrétaire d’Etat aux Sports, actuellement à la tête de l’équipe de Toulon dans le Top 14, reprend l’argument massue des opposants : le risque d’exode fiscal. « Il n’y aurait plus un joueur qui viendrait dans le championnat français, c’est évident. » Un risque déjà mis en avant mercredi par Eric Berdoati, secrétaire national aux Sports à l’UMP, qui pointait une « proposition spoliative qui accentuera la fuite des talents. » Son ministre, David Douillet, a qualifié jeudi à l’Assemblée la « taxe Hollande » de « mesure démagogique (…) qui va tuer le sport français. »

Le Guen (PS) : « L’économie du foot a un caractère irresponsable »

L’exode ? Ce n’est visiblement pas la priorité du PS. « L’économie du foot a un caractère irresponsable tout comme l’économie de la finance ou l’économie du numérique, dénonce Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris. Au-delà de ce que propose François Hollande, je pense qu’il y a un moment où il faut se réveiller. Il y a un moment où tout ça va devoir s’arrêter. » « Le sport ne peut plus rester en dehors du droit commun », nous disait 24 h plus tôt Valérie Fourneyron, chargée des Sports dans l’équipe de campagne du PS. « Les footballeurs sont des travailleurs d’un genre particuliers, ils sont extrêmement mobiles, et leur pays, c’est l’Europe. » La réplique est du patron de la LFP, Frédéric Thiriez, et elle ne fait qu’attester un peu plus, à l’heure où la France est entrée en récession, du gouffre grandissant entre partisans et opposants de l’exception sportive.

Le titre de l'encadré ici

Tous les footeux ne crient pas au loup|||

Si les « grands généraux » du football professionnel français ont crié haro sur la « taxe Hollande », d’autres représentants de la L1 se montrent plus nuancés. A l’image de Rémi Garde, l’entraîneur de l’OL, le club de Jean-Michel Aulas pourtant à la pointe en matière de défense des intérêts économiques du foot hexagonal. « En tant que citoyen et avec certaines valeurs, je pense que dans les moments de difficulté, la solidarité doit s’exercer, estime-t-il. Bien sûr, dans notre profession, il faut faire attention à ne pas trop encourager un exode, et ne pas trop stigmatiser des gens qui réussissent. Mais je retiens surtout qu’il faut être solidaire. »

Non loin de là, dans le Forez, le coach des Verts glisse en creux que le taux d’imposition n’est pas le seul motif de départ des joueurs. « Certains n’ont pas attendu ces 75% pour partir, glisse Christopge Galtier. Il y en a aussi beaucoup qui ne partent pas que pour des raisons fiscales ou d’argent, mais pour des projets de club. » S’il en est un qui ne risque pas de prendre la tangente en Angleterre ou en Espagne, c’est bien Faouzi Ghoulam. « C’est 1 million par an, c’est ça ?, demande le défenseur de l’ASSE. C’est très loin de moi. Ça ne sert à rien d’en parler parce que je ne pense pas que l’on me verra de sitôt avec une somme pareille. » Comme 75% des quelques 600 joueurs professionnels, d’ailleurs. E.J. à Lyon