Thuram : « Pourquoi ne pas enlever des points aux clubs ? »

L'ancien joueur de la Juventus combat toujours le racisme dans les stades. - -
Samedi, Mario Balotelli, l’attaquant de l’Inter, a été victime d’injures racistes de la part des supporters de la Juventus (3-1). Vous qui avez porté le maillot de la Juve, quel regard portez-vous sur cette affaire ?
J’ai été un peu surpris par les supporters de Turin. Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est la réaction de certains joueurs, entraîneurs et même dirigeants qui disent qu’il n’y a pas de racisme dans le football. C’est assez incroyable de tenir un tel discours ! Comment dissocier les supporters et le football ?
Que pensez-vous de l’amende de 25.000 euros infligée à la Juventus après ces chants racistes ?
Il n’y a pas de somme suffisamment importante pour condamner les supporters stupides. Il faut avoir une vraie réflexion pour savoir qu’est-ce qui pourrait faire changer les choses. Il y aura toujours des personnes qui auront des préjugés racistes. Le racisme fait partie de la société. Il faut dépasser le cadre du football.
Comment expliquez-vous le racisme ?
C’est l’Histoire qui a voulu que le racisme existe. Les scientifiques du XIXe siècle ont établi une hiérarchie des prétendues races. L’homme blanc était tout en haut de l’échelle et les autres en bas. Nous n’avons jamais eu une vraie réflexion pour « déconctruire » ces préjugés, ils sont encore présents dans nos sociétés. Il ne faut pas en vouloir aux racistes car personne ne naît raciste. On le devient.
Que pensez-vous de l’idée de Michel Platini d’arrêter un match en cas d’acte raciste ?
Je ne pense pas que ce soit la bonne solution. Pourquoi une minorité de personnes auraient-elles le pouvoir de faire arrêter un match ? Ce serait leur donner trop d’importance. En faisant cela, peut-être même qu’elles continueront à le faire pour être dans les médias et acquérir une certaine reconnaissance. Dans les stades, la grande majorité des gens se comportent normalement. Ce serait plus intéressant d’enlever des points aux clubs. Ainsi ces derniers ne pourront plus dire : « On ne peut pas contrôler les supporters. » Les clubs se dédouanent un petit peu. Ils sont responsables du spectacle. Ils doivent savoir qui entre dans les stades.