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"Ça t’explose à la figure sur le terrain": l'expérience hallucinante vécue en plein match de handball par un entraîneur français en Serbie

Frédéric Bougeant, le 26 mars 2016, à Trélazé

Frédéric Bougeant, le 26 mars 2016, à Trélazé - @IconSport

Coach de l’AEK Athènes, Frédéric Bougeant a essuyé des tirs de mortiers dans la salle du Partizan Belgrade, le week-end dernier. Un "traumatisme" qu’il raconte à Ouest France.

Il avait connu la Russie et son championnat féminin, s’est relancé en Grèce après la liquidation judiciaire du club de Villeurbanne, mais ce qu’il a vécu en Serbie, Frédéric Bougeant, l’entraîneur français de l’AEK Athènes, ne l’avait encore jamais expérimenté. L’ancien entraîneur de la JS Cherbourg pensait jouer un match de handball, même s’il connaissait l’antécédent entre les deux clubs, et le climat tendu qui règne en Serbie, en proie à des manifestations d’ampleur, mais jamais il n’avait imaginé se retrouver sous une pluie de mortiers.

C’est pourtant ce qui s’est produit samedi dans une atmosphère violente, lorsque les supporters du Partizan ont transformé une salle de handball en terrain de guerre.

"Ça t’explose à la figure sur le terrain; ce ne sont pas des pétards, ce sont des engins artisanaux comme on peut retrouver dans les grosses manifestations en France ou ailleurs et qui servent à viser la police", témoigne Frédéric Bougeant auprès de Ouest-France.

"Je n’ai pas envie de perdre un œil parce que je prends une fusée dans la g***"

Contraint de se réfugier dans le couloir des vestiaires, à l’abri des projectiles, avec ses joueurs, Frédéric Bougeant évoque dans les colonnes de Ouest-France un "traumatisme". "Deux heures de folie" qui ont finalement conduit à un report du match, les officiels et les forces de l’ordre n’étant plus en mesure d’assurer leur sécurité dans ce contexte d’hostilité.

"Le matin de la rencontre, j’avais encore averti mes joueurs à ce sujet, mais on était loin d’imaginer cela. Ce n’était pas un bal musette de quartier qui a dégénéré. C’était quelque chose de violent, d’agressif et d’organisé…", rapporte encore l’entraîneur français, toujours sous le choc.

La Fédération européenne de handball a finalement pris la décision de jouer le match retour sur terrain neutre et à huis clos. Une décision controversée qui agace le coach français. Le Partizan ne souffrira aucune conséquence de ces incidents extrêmement graves.

"Là, ça a été, il n’y a pas eu de blessés, mais quelle va être la prochaine étape ? Je n’ai pas envie de perdre un œil parce que je prends une fusée dans la g***. Je suis déçu qu’il n’y ait pas de prise de conscience, ou qu’il y ait une mauvaise lecture de la situation…", déplore Frédéric Bougeant.

Un soulèvement populaire contre la corruption agite la Serbie depuis le mois de novembre, porté par une jeunesse qui s’attaque à des systèmes corrompus, à l’origine selon elle des accidents mortels qui ont touché le pays ces derniers mois.

QM