Serbie: le capitaine du Partizan projeté au sol et arrêté par la police alors qu'il venait assister à un match de handball

Aleksandar Jovanovic a dénoncé un usage excessif de la force par les policiers qui lui barraient le passage à l'entrée d'un complexe sportif où il venait assister à un match de Coupe d'Europe de la section handball du Partizan Belgrade, club dont il est le capitaine.

Imaginez un instant le capitaine du Paris Saint-Germain malmené par les forces de l’ordre sur le sol français. L’incident ferait les gros titres. En Serbie, le capitaine du Partizan Belgrade et international serbe, Aleksandar Jovanović (1 sélection), a été arrêté par la police à l’entrée du centre sportif Vozdovac où il était venu soutenir la section handball du Partizan à l’occasion d’un quart de finale retour de Coupe d’Europe face à l’AEK Athènes, finalement reporté en raison d’incidents, dans une atmosphère violente.

Plusieurs vidéos amateurs témoignent de l’accrochage entre le gardien de but et les policiers qui l’entouraient, l’empêchant d’accéder aux tribunes pour y rejoindre les supporters. Sur l’une d’entre elles, on reconnaît Aleksandar Jovanovic discutant avec les forces de l’ordre, sans que l’on puisse déterminer la nature de cet échange vigoureux. La scène est tendue, mais rien ne semble présager ce qui va suivre. Après plusieurs minutes de discussions houleuses, la situation s’envenime soudainement. Jovanovic se retrouve alors au sol après s’être débattu.

Sa chute provoque d’ailleurs la colère des supporters massés à l’extérieur qui se mettent à agresser les agents mobilisés pour assurer le maintien de l’ordre. La violence est contenue, mais le malaise est palpable. Le ministère de l’Intérieur a réagi sous la forme d’un communiqué dans la soirée, expliquant que Jovanovic avait tenté de pénétrer à l’intérieur de la salle en suivant un groupe de supporters. Une version des faits vigoureusement démentie par l’intéressé.

"Les allégations selon lesquelles je faisais partie d'un groupe de supporters qui tentaient d'entrer dans la tribune sont complètement fausses", a répliqué le joueur ce lundi matin. "J'ai été invité par le service des relations publiques du RK Partizan, et à l'entrée, un représentant du club m'attendait, moi et mon coéquipier, pour nous conduire. Je voudrais également souligner que je ne suis pas tombé au sol, mais que les forces de l’ordre m'ont projeté au sol en faisant usage de la force. J'ai signalé l'ensemble de l'incident à la police de ma propre initiative, dans l'espoir que les autorités compétentes fassent la lumière sur toutes les circonstances de cette affaire."

La Serbie est en proie depuis plusieurs mois à des manifestations qui secouent le pays. Un vaste mouvement de contestation contre la corruption a éclaté en novembre, porté par une jeunesse qui se soulève contre des systèmes corrompus, à l’origine selon elle des accidents mortels qui ont touché le pays ces derniers mois. Selon la presse serbe, Jovanovic aurait à plusieurs reprises soutenu les manifestations.

Quant au match de handball, il n’a finalement jamais eu lieu en raison des intimidations subies et dénoncées par l’AEK. "L'AEK Athènes s'est rendu à Belgrade pour disputer le match retour contre le Partizan, mais il semble que les supporters de l'équipe locale avaient d'autres intentions", s’est plaint le club athénien dans un communiqué. "D'une manière ou d'une autre, ils n'ont jamais permis que le match commence, lançant constamment des pétards sur les athlètes de l'AEK, ce qui a engendré une grave menace pour leur intégrité physique, d'abord juste avant le début du match, puis lorsque l'équipe « jaune et noir » est sortie pour jouer à nouveau. Malgré les efforts répétés de l'administration de l'AEK Athènes pour garantir la sécurité de notre équipe, cela n'a pas été possible et par conséquent, une heure et quarante minutes après le coup d’envoi prévu, la décision a été prise de reporter le match.”

QM