Canayer : « Faire le deuil de l’équipe »

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Patrice, vu de l’extérieur, on a l’impression que c’est une sorte de mauvais rêve…
Si on pouvait venir me dire : « Vous savez, tout ça est un cauchemar, personne n’a parié, tout le monde est intègre et ils reviennent dans l’équipe », je serais le plus heureux des hommes et le plus heureux des entraîneurs. Aujourd’hui, je n’ai pas d’états d’âme à avoir. J’ai une ligne de conduite à avoir : sauver un club. Mais par contre, il y aura ceux qui seront du bon côté de la ligne et pour ceux-là il n’y aura pas de problème, et ceux qui seront du mauvais côté et ça, ça sera beaucoup plus difficile pour eux.
Est-ce qu’on peut parler d’objectifs en ce moment à Montpellier ?
Mon objectif principal, je le répète et je pèse mes mots, mais je crois qu’on n’en a pas conscience, c’est de sauver le club. Ça c’est vraiment la priorité des priorités. Vous savez ce qu’a dit Mathieu Grebille, qui est un jeune garçon de 20 ans, quand il a réuni les joueurs avant le match contre Toulouse ? Il a dit : « Il faut redorer le blason de Montpellier ». Voilà l’objectif. C’est lui qui l’a donné.
Comment gérez-vous cette crise à Montpellier, vous qui avez la double casquette de manager et d’entraîneur de ce club ?
Le manager général est en train de mesurer les dégâts de cette affaire en termes médiatique, économique, en termes d’impact sur les partenaires et il a quelques inquiétudes sur l’avenir. Ce qui me parait important, ce sont les salariés de cette entreprise. Parce que j’entends parler de licenciement pour les joueurs qui ont fauté, mais moi je vais vous parler d’autres licenciements : ceux des gens de ce club pour raison économique, parce que l’impact est tellement négatif qu’on sera obligé de licencier des gens. Et l’entraîneur est en train de faire le deuil de l’équipe qu’il a entrainée et se dit que l’équipe de Montpellier, aujourd’hui, n’est plus tout à fait le même. A lui de trouver, avec l’ensemble de son staff, les solutions pour relancer un groupe marqué à la fois physiquement et psychologiquement par ce qui s’est passé et par la trahison de certains de ses membres et aussi intégrer des jeunes joueurs.
Comprenez-vous la défense de Nikola Karabatic ?
Je ne comprends rien. Ne me demandez pas si je comprends ou pas : je ne comprends rien ! Les seules choses sur lesquelles, moi, je m’appuie, ce ne sont pas sur les effets de manches, ce n’est pas sur le nombre d’amis Facebook. Pour moi, tout ça c’est de la gesticulation. En général, quand on n’a rien à se reprocher, on ne gesticule pas trop. On dit des choses claires. Mais parier contre sa propre équipe est une atteinte à la morale et à l’éthique sportive. Selon le degré où vous placez la morale et l’éthique sportive, cela va vous paraitre plus ou moins grave. Pour moi, c’est le plus haut degré de ce que je considère comme le respect des individus.