Hand: traumatisme des JO, gestion de l'après-Karabatic… Comment les Bleus abordent le Mondial 2025

La joie des Bleus après leur victoire face au Portugal le 10 janvier 2025 - Baptiste Fernandez/Icon Sport
Après un décollage de Strasbourg en fin de matinée ce dimanche, les Bleus vont rejoindre Porec, en bord de Mer Adriatique, où ils s'installeront en début d'après-midi dans leur premier camp de base pour cette compétition aux terres étendues. C'est à quelques centaines de mètres du centre de cette ville croate que se trouve le centre sportif Zatika et sa salle de 3.700 places où l'équipe de France continuera de travailler ses automatismes lors du tour préliminaire face au Qatar mardi (18h), avant de retrouver le Koweït et l'Autriche. Une montée en puissance est espérée sur la lancée du titre honorifique du Tournoi de France obtenu à Strasbourg où le public était venu en masse, cette semaine, afin de pousser une dernière fois les Bleus avant le départ.
Une équipe de France New Gen
"Voir une telle ambiance, c'est génial pour nous" souriait Dika Mem, vendredi soir dans la salle du Rhénus, au micro du diffuseur BeIN Sports. "Honnêtement, on avait un peu peur qu'il y ait moins d'audience maintenant qu'il n'y a plus les anciens." Mais après avoir remporté ce tournoi dans un écrin alsacien transformé en chaudron, les Bleus ont pu faire le plein d'énergie et de confiance. Mercredi, d'abord, en dominant largement la République tchèque (37-28). Vendredi, ensuite, en venant à bout du Portugal (44-38). La meilleure des manières pour lancer l'ère post-Niko Karabatic.
Car l'équipe de France, auréolée de ses six titres de champion du monde (record dans la compétition), s'avance vers son prochain objectif sans son ancien capitaine, sans son gardien référence Vincent Gérard, ni Valentin Porte ou Thimothey N'Guessand, tous partis à la retraite. "Les Experts, c'est vraiment fini" assure le demi-centre Nedim Remili "c'est une équipe de France New Gen qui arrive. Ce sera compliqué, différent mais ce sera notre histoire." Et même quand un monument quitte un groupe, le joueur de Veszprem se montre ferme : "Niko ne laisse pas un vide car la nature a horreur du vide. Ça fait bizarre une équipe de France sans lui, c'est certain mais c'est le passé sans lui manquer de respect. On est tourné vers le présent et le futur. Ce sera l'icône de notre génération, le meilleur joueur de tous les temps mais nous on essaie de rouler notre bosse."
Le terme de "nouveau cycle" est lui revenu dans la bouche d'Elohim Prandi : "Les légendes sont parties mais on n'est pas dans l'inconnu" relève l'arrière gauche du PSG. "La force de l'équipe de France vient de son vivier, c'est une suite logique." Dans le groupe des 18 retenus par Guillaume Gille, trois seulement étaient sur la feuille de match lors de la finale du Mondial 2017 face à la Norvège pour le dernier titre mondial des Bleus (33-26; Remili, Mem, Fabregas). Ils sont douze en revanche, à avoir fait partie de la liste des Jeux olympiques de Paris l'été dernier.
"Ne me parlez pas de cicatrice parce qu'il n'y en a pas" insiste Remili
Refaire l'histoire serait trop douloureux, la résumer suffira. Une perte de balle de Dika Mem à six secondes de la fin du temps règlementaire alors que la France menait d'un but face à l'Allemagne. Perte de balle. Égalisation. Prolongation. Désillusion. Cet échec, le nouveau capitaine Ludovic Fabregas veut s'en servir comme "un moteur." "Tout le monde a été déçu car l'attente était très forte mais maintenant on a envie de partir en reconquête" assume le Catalan. "C'est ce qui nous anime. Il y a de l'ego à titre individuel mais c'est par le collectif que l'équipe de France a toujours su rebondir." Son erreur des Jeux, Dika Mem la gardera à jamais "comme une cicatrice dans la tête mais c'est derrière moi maintenant. J'ai envie de gagner un Mondial en étant un acteur principal." Ne lui parlez pas d'être revanchard, l'arrière droit du Barça estime que cela pourrait les faire déjouer. "On veut juste redorer l'écusson et donner une meilleure image." Le mot cicatrice fait souffler Nedim Remili : "Non, il n'y a rien à refermer, on doit se tourner vers le futur alors ne me parlez pas de cicatrice parce qu'il n'y en a pas." Et si les Jeux, Elohim Prandi sait qu'il ne pourra pas les effacer, "il faut les garder en tête."
Mem a rassuré, Prandi encore juste, Descat hors liste
Garder en tête également le fait que l'équipe de France se présentera sur ses premières rencontres du Mondial avec des hommes encore justes physiquement. "Je crois que c'est une première de se retrouver avec autant de joueurs pas encore à 100%", regrettait Guillaume Gille lundi depuis la Maison du handball de Créteil où les Bleus effectuaient leur préparation, avec en tête notamment les blessures de Kentin Mahé (coude) et Kyllian Villeminot (tendon d'Achille) en novembre dernier et forfaits pour le Mondial. Dans son malheur, l'équipe de France a quand même pu observer quelques signaux positifs.
Si Hugo Descat, victime d'une hernie discale et absent des terrains le dernier mois de l'année, n'a pas été retenu dans la liste des 18 (Benjamin Richert non plus - 5 joueurs pourront être rappelés si blessures au sein du groupe), le sélectionneur des Bleus a pu se satisfaire du retour quasi inespéré de Dika Mem. Opéré en novembre de son épaule droite, le joueur de Barcelone a repris l'entrainement collectif il y a une grosse semaine et a déjà retrouvé les terrains à Strasbourg face à la République tchèque confiant être "fatigué" à l'issue de la rencontre. Pas assez pour ne pas enchainer contre le Portugal vendredi où les sensations sont vite revenues (9/9 aux tirs) "Je me sens à 100%" avouait le numéro 10 de l'équipe de France "mais il y a parfois un peu d’appréhension quand je dois contourner le pivot. Je m’étais promis de ne pas mettre la main droite avant la fin de la préparation pour gratter un ballon, mais je le fais quand même." Lui, est plus réticent peut être.
Elohim Prandi s'était luxé l'épaule en novembre, il n'a repris les séances collectives que cette semaine avant d'inscrire son premier but depuis son retour dans une cage vide vendredi. "Je suis très lucide par rapport à ça. Maintenant ce n’est pas pour autant que je me défile. J’ai un gros mental, je vais continuer à bosser, à faire des entrainements avec une plus forte intensité, à être de plus en plus performant et ça se retrouvera sur le terrain." Il faudra profiter des trois matchs préliminaires pour retrouver le rythme et si pour Guillaume Gille "on ne sait jamais si on est complètement prêt", de plus sérieux éléments de réponse seront livrés mardi soir dans un remake de la finale du Mondial 2015 au Qatar où ce soir là, tout s'était bien passé (25-22).