Mondial de handball: salles clairsemées, matchs sans suspense, déplacements... le format peine à séduire

"Vous êtes déçus ? Vous n’êtes pas les seuls." Guillaume Gille avait basé son discours sur une ambiance de feu avant France-Hongrie (37-30), la semaine dernière, au Mondial de handball. Au vu de la belle ambiance lors du Pays-Bas-Hongrie qui s'était déroulé deux jours plus tôt, les supporteurs magyars ayant fait le déplacement en nombre avec les cordes vocales aiguisées, on peut le comprendre.
Finalement, l’Arena Varaždin a fait pschitt (environs 1.500 personnes), les Hongrois boudant ce match en semaine malgré les 35 kilomètres séparant Varaždin de la frontière croato-hongroise. Les 72 premiers matchs du tournois présentent "une moyenne de 4.707 spectateurs", souligne-t-on dans le journal L’Equipe. Les Bleus, eux, ont joué "devant à peine 2.009 spectateurs lors de leurs cinq premiers matchs".
Frustrant pour les Bleus de Rémi Desbonnet. "C’est vrai qu’on est dans des conditions de compétition différente", souffle le gardien, "entre les équipes qui jouent avec 20 000 personnes à domicile et d’autres dans des salles quasi vides…". Et par "quasi vide", le trait n’est pas forcé.
Si le record s’établit à 15.600 personnes pour les derniers matchs de la Croatie à Zagreb, les affluences pour la Coupe du Président, le tournoi que se disputent les dernières équipes de poules sont ridicules: de 72 à 317 personnes sur les 12 matchs disputés dans une salle pouvant en contenir 3.700, à Porec, lieu de départ du parcours de l’équipe de France.
De gros écarts de niveaux
Dans ce tournoi de consolante, réparti en deux poules, nous retrouvons la Guinée ou Cuba, des nations comptant un goal-average de -66 et -76 en six rencontres (six défaites). Des scores fleuves ont régulièrement été observés depuis le début de la compétition, élargie à 32 équipes: La France s’est notamment imposée de +18 et +24 lors de ses deux premiers matchs face au Qatar et au Koweït. Un record dans la compétition, devant le +21 de l’Islande face à Cuba.
Pour Rémi Desbonnet, cela peut faire grandir les "petites nations" pour, qui sait, dans quelques années, les retrouver plus loin dans la compétition, à l’image de cette édition aux quarts de finalistes surprises. "Les choses se décident souvent vers le quart de finale", reconnait-il: "Oui, parfois, les résultats sont déséquilibrés, mais c’est aussi une bonne nouvelle de voir le Brésil ou le Portugal se qualifier en quarts cette année. C'est génial de voir ces nations produire désormais un handball de qualité."
"Jouer contre des équipes moins bonnes, c’est à double tranchant", explique de son côté le Barcelonais Dika Mem. "En club, j’ai l’habitude qu’on me dise 'la Liga ASOBAL, c’est faible, donc en Ligue des champions vous ne pouvez pas gagner'. Quand on gagne on va nous dire 'oui mais tu t’es reposé en championnat', quand on perd on nous dit 'tu n’as pas le niveau parce que ce n’est pas la même chose que dans ton championnat'… donc moi, jouer contre des équipes moins fortes, ça ne me dérange pas."
Des déplacements qui fatiguent
C’est surtout un autre élément qui chiffonne l’arrière droit français: les déplacements. "Se déplacer toutes les deux minutes à droite à gauche, ça c’est relou." Il faut dire qu’après un début de compétition à Porec, en bord de mer Adriatique, les Bleus se sont coltinés six heures de bus vers l’est dont des derniers kilomètres dans la campagne vallonnée et généreuse en lacets de Varaždin pour une semaine plus tard, reprendre le bus, une heure et demie seulement cette fois, vers la capitale croate.
"Et ce n’est pas fini! Si on se qualifie en finale, on va refaire des heures de bus, et l’avion pour aller en Norvège, dans une salle où on n’a jamais joué alors que d’autres oui. Vraiment jouer contre n’importe quelle équipe n’est pas un problème pour moi mais le truc de jouer dans trois pays, ça je n’apprécie pas."
Et si la durée de la compétition (trois semaines) peut faire tiquer certains joueurs, le co-capitaine des Bleus relativise. "On se plaint souvent de ne jamais pouvoir se reposer. Là, on a du repos", sourit-il. Allonger le séjour serait bon signe alors que la France s'apprête à trouver enfin la chaude ambiance de l'Arena Zagreb, comble et assourdissante dimanche soir, à l'occasion de Croatie-Slovénie. "Si jamais on joue la Croatie oui, mais contre l'Egypte (ce soir, 21h), je ne suis pas certain qu'on connaisse la même ambiance", regrette par avance Guillaume Gille.