
Des Bleus sans filet

Le sélectionneur français attend une réaction de ses joueurs vendredi contre l'Espagne. - -
Ce n’est pas faute d’avoir prévenu. « Tout le monde a la sensation qu’on va y aller, gagner et revenir. Moi je sais que ce sera tout sauf ça », avait averti Claude Onesta avant le début de l’Euro. Malgré sa prudence, le sélectionneur français ne s’attendait sans doute pas à une entame aussi besogneuse de ses joueurs en Autriche. Passés tout près d’une défaite d’entrée contre la Hongrie, avant un nul miraculeux (29-29), puis vainqueurs de la République tchèque (21-20) malgré un trou noir de 18 minutes en deuxième période sans inscrire le moindre but, les Bleus de 2010 ne ressemblent que de loin aux champions olympique et du monde en titre. Et la qualification assurée après deux rencontres n’est pas encore le gage de grandes ambitions au tour principal.
En cas de défaite vendredi contre l’Espagne, la voie vers le dernier carré deviendrait franchement encombrée. D’autant que la deuxième phase s’annonce très relevée à partir de dimanche à Innsbruck. « On sait que si on perd ce sera pratiquement la fin pour nous dans cette compétition, tranche le capitaine Jérôme Fernandez. C'est le match qui peut nous lancer ou nous interdire l'accès aux demi-finales. Mais j'ai confiance. C’est aussi bon de se construire dans l’adversité. » Un avis que partagent sans doute ses futurs adversaires espagnols. Après leur humiliante treizième place au Mondial 2009, les coéquipiers d’Iker Romero ont amorcé un spectaculaire redressement en surclassant la République tchèque (37-25) et la Hongrie (34-25). « Ils sont favoris », estime même Didier Dinart.
Préparation écourtée
Mais qu’est-ce qui a bien pu dérégler une machine quasi invincible depuis deux ans ? Une préparation écourtée et marquée par plusieurs blessures n’a pas aidé. Mais l’argument ne tient pas pour Dinart. « On ne va pas se raconter d'histoires en disant que demain ça ira mieux, tonne le joueur de Ciudad Real. L'état de fraîcheur est bon. On ne peut pas sortir le prétexte de la fatigue ou des petits bobos qu'il y a toujours lors de ce genre de compétition. » Un excès de confiance alors ? « Cette équipe peut être brillante si chaque individu est au maximum de sa concentration, de son humilité et de sa détermination, explique Onesta. Ce sont des joueurs de grand talent mais qui sont aussi capables de prestations médiocres. On a eu en deux jours la confirmation malheureuse de ce que j'essaie de dire. » Au repos ce jeudi, les Bleus ont eu l’occasion de recharger les accus et de chercher les solutions à leurs limites du moment. Sans quoi les rêves de triplé JO-Mondiaux-Euro prendront rapidement du plomb dans l’aile.