RMC Sport

Euro handball féminin: perte du brassard, première compétition avec sa sœur... Le drôle de tournoi de Coralie Lassource

placeholder video
L’ailière gauche de l’équipe de France de handball, Coralie Lassource, vit une compétition à part pour ce championnat d’Europe avant d’affronter la Roumanie ce lundi (20h30). Après avoir appris qu’on lui retirait le brassard de capitaine, la joueuse vit son premier tournoi avec sa petite sœur Déborah (23 ans). Et s’épanouit pleinement dans son nouveau rôle avec sa cadette à ses côtés. 

"Un titre européen c’est déjà 'ouf' mais alors un titre avec ma sœur ce serait extraordinaire." Grand sourire aux lèvres avec sa sœur Déborah à ses côtés, Coralie Lassource rayonne avant de se préparer pour le premier gros test des Bleues dans cet Euro face à la Roumanie (lundi, 20h30).

Pourtant, les dernières semaines en équipe de France auraient pu être difficiles à digérer pour la capitaine des championnes olympiques à Tokyo. Au mois de septembre Olivier Krumbholz, le sélectionneur, a prévenu "Coco" qu’il souhaitait confier le brassard à Estelle Nze-Minko. "C’est vrai que le dernier stage a été compliqué pour la transition, confie-t-elle. Notamment le fait d’encaisser ce changement, de l’accepter. J’avais l’appréhension de venir sur ce rassemblement. Mais ça se passe très bien avec Estelle, on échange beaucoup. On s’est toujours entraidées, on a toujours eu une complicité particulière et ça ne change pas. Au contraire, ça se renforce de jours en jours. Je suis très contente qu’elle soit capitaine même s’il y a eu de la déception de mon côté. J’ai su relativiser en me disant que je resterais la capitaine des championnes olympiques et vice-championnes du monde."

Krumbholz : "Coralie ? Je ne la sens pas perturbée"

Depuis le début de la préparation, Coralie Lassource a su hausser son niveau de performance malgré ce changement de statut. "Je ne sens pas Coralie perturbée, analyse Olivier Krumbholz. C’est même une de celles qui tourne le mieux en ce moment. Elle est brillantissime à l’entrainement, on la sent vraiment solide sur ses savoir-faire. Elle est concentrée sur ce qui est le plus important. Peut-être qu’elle est libérée… C’est une responsabilité d’être capitaine d’une équipe qui vise aussi haut. Quand on est capitaine d’une équipe à qui on demande à chaque fois de faire des résultats, ce n’est pas facile."

Lassource avoue que la perte du brassard l’a peut-être soulagée même si elle avait su endosser cette responsabilité à Tokyo et que ses performances ont été très solides lors du dernier Mondial en Espagne l’an passé. "Quand tu connais mon parcours, tu peux te dire que quand on m’enlève le capitanat c’est pour m’éjecter du groupe, poursuit-elle. J’ai eu cette pensée mais Olivier m’a tout de suite apaisée en me disant que j’étais une joueuse importante de l’effectif, ça m’a énormément rassuré." L’histoire de Coralie Lassource avec l’équipe de France restera particulière. Souvent réserviste lors des grandes compétitions avant d’être nommée capitaine des Bleues. Une nomination qui a d’ailleurs surpris à l’époque, l’ailière gauche n’étant pas alors une habituée des grandes compétitions avec le groupe France. Depuis, la taulière de Brest affiche une attitude irréprochable sur le terrain et en dehors. Surtout qu’elle peut compter sur le soutien de sa petite sœur Déborah, de sept ans sa cadette, qui dispute sa première compétition internationale. "Ça fait du bien d’être avec sa sœur, d’avoir un membre de sa famille dans ces moments, continue Coralie. Que ça se passe bien ou moins bien, on sait vers qui se tourner. La famille t’aidera toujours quoi qu’il arrive."

"On n’a pas l’habitude d’être ensemble, cette compétition nous permet de créer des liens"

Les deux sœurs n’ont pas tout le temps grandi ensemble, Coralie ayant quitté rapidement le domicile familial pour tenter l’aventure dans le handball. "Je n’ai pas commencé le hand parce que je voulais en faire mais mes parents voulaient que je fasse une activité physique et comme ma mère et ma sœur jouaient, ils m’ont mis au hand, détaille Déborah Lassource. Au début, je ne voulais pas jouer, je regardais les autres plus qu’autre chose et puis je suis mis à aimer ça. C’est parce que ma sœur en faisait que j’ai joué au hand. On n’a pas l’habitude d’être ensemble au quotidien et cette compétition nous le permet. On créé vraiment des liens qu’on ne peut pas avoir tout au long de l’année."

Depuis le début de la préparation, leur complicité apporte une vraie joie de vivre au sein du groupe. Déborah s’affirme également comme une joueuse précieuse sur un poste d’arrière droit et avec une agressivité défensive qui plait au staff. "Coralie peut aider Déborah mais celle qui aide le mieux Déborah, c’est Déborah, affirme le sélectionneur. C’est une fille exceptionnelle dans cette équipe. A chaque fois qu’elle joue, elle est là, elle se bat, elle est disponible, elle prend ce qu’il y a à prendre sans réclamer plus. C’est le partenaire idéal." Disputer cet Euro à deux, c’est un accomplissement pour cette famille de handballeurs. "Même notre petit frère est joueur de hand. Le seul à ne pas avoir joué c’est notre père mais maintenant il est connaisseur comme s’il avait fait une grande carrière (rires), plaisante Déborah, la capitaine de Paris 92." La perte du brassard est désormais loin derrière Coralie Lassource qui se projette avec ambition sur cette fin de compétition. "Gagner avec ma sœur ce serait un souvenir en commun qu’on se racontera pendant des années, termine 'Coco'. J’en ai des frissons rien qu’en en parlant…"

Nicolas Paolorsi