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Hand: "C’est un combat", Amandine Tissier, atteinte de sclérose en plaques, se confie après l'arrêt de sa carrière

Amandine Tissier

Amandine Tissier - ICON Sport

Amandine Tissier a mis il y a trois semaines sa carrière de handballeuse professionnelle entre parenthèses. Atteinte de sclérose en plaques, diagnostiquée en 2018, la demi-centre de Nantes a pris cette décision après un changement de traitement en septembre dernier. Elle n'exclut pas de retourner un jour sur les parquets.

Amandine Tissier, comment allez-vous, trois semaines après votre décision de mettre votre carrière de sportive entre parenthèses ?

Je reviens tout juste de mon footing ! Je continue à m’entretenir physiquement. La décision n’a pas été très facile à prendre après dix ans de carrière professionnelle, c’est un peu brutal, mais je savais que c’était la bonne. Ça va aussi parce qu’on est au mois de décembre, et il n’y a jamais de match à cette période. Je suis dans la même dynamique que tous les ans !

Votre sclérose en plaques (SEP) vous a été diagnostiquée il y a trois ans. Vous vous attendiez à devoir prendre un jour cette décision ?

Quand on m’a annoncé que j'étais malade à vie, je me suis pris une claque. Je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas que le handball dans la vie. En sortant de l’hôpital, j’avais l’impression d’avoir pris dix ans, dans la réflexion, dans la mentalité... On est obligé d’avancer, de prévoir l’avenir. Mais ce qui a forcé cette décision, c’est mon changement de traitement. Il y a plusieurs niveaux de traitement de la SEP. A Brest j’avais le premier niveau. Je prenais un petit médicament tous les jours. J’avais déjà des effets secondaires mais ce n’était pas hyper compliqué à gérer. Sauf que les IRM cérébrales que je faisais tous les six mois montraient toujours plus de lésions. J’ai en ai donc changé cette année, au moment de mon passage de Brest à Nantes.

Quel est l’effet de ce nouveau traitement sur votre vie quotidienne ?

J’ai moins d’effets secondaires. Mais un jour tous les six mois je suis à l’hôpital, perfusée en continu pendant six heures. J’en ressors avec les batteries à plat. S’ensuivent quelques mois où j’ai des niveaux très bas de globules blancs, pas d’anticorps. Donc je dois faire attention à tout : ne pas faire la bise, je n’approche pas les gens qui sont malades... C’est assez contraignant. Par exemple, j’ai fait mon traitement en octobre dernier et en novembre j’ai attrapé une bronchite, je n’ai jamais été malade comme ça de ma vie.

En tant que sportive professionnelle, vous avez l’impression d’être mieux armée pour l’affronter ?

Chaque SEP est différente selon les individus, mais je pense qu’une personne qui ne fait pas d’activité sportive n'a peut-être pas la capacité de combattre la maladie. Moi, c’est le combat comme quand je suis en match. Je suis dans ce mode-là depuis que je suis entrée au Pôle à 13 ans. C’est notre routine de sportive de haut niveau. Mais des fois c’est compliqué, en octobre quand j’ai fait une poussée, j’étais au fond du seau, je n’arrivais plus à dormir. Ça arrive, mais je refuse que cet état dure.

La SEP est une maladie méconnue en France. Votre parole est plus exposée que d’autres malades. C’est important pour vous d’en parler ?

Quand j’avais été diagnostiquée, déjà je ne savais pas ce que c’était. Et maintenant qu’on en parle dans les médias, ça me dérangeait au début mais peut-être que les gens s’intéresseront peut-être plus à cette maladie et la comprendront. Un nombre incalculable de gens me contactent et me disent “Je ne l’ai jamais dit à personne parce que j’ai honte mais que tu en parles dans la presse, je me dis que c’est normal, que ce n’est pas grave”. Je suis contente parce qu’on en parle un peu plus, et peut-être qu’il y aura plus de dons, que ça fera avancer la recherche.

Vous n’avez que 28 ans, vous avez la volonté un jour de reprendre votre carrière de handballeuse professionnelle ?

Je suis toujours avec le club de Nantes et je suis en contact avec eux. Ils prennent de mes nouvelles. Je suis aussi contente que le club ait trouvé une remplaçante. Reprendre le handball un jour ? Honnêtement je n’en sais rien. Je ne voulais pas mettre un point final à ma carrière. Si j’arrive à stabiliser ma maladie et que je vais mieux, pourquoi pas ? Si ce n'est pas le cas, ce n’est pas grave, j’ai toujours plein de projets en tête !

Lesquels ?

Je suis en deuxième année d’IUT technico-commercial. Et j’ai aussi la chance d’avoir des présidents entre Brest et Nantes qui m’apportent leur soutien, qui me proposent du travail pour l’avenir. J’ai l’impression qu’ils croient encore en moi. Le principal, c’est qu’au mois de juin je puisse me présenter à mon examen et l’avoir. Et ensuite peut-être que je ferai un Bachelor. J’essaie d’avancer comme je peux, toujours optimiste !

Kevin Gasser