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Fernandez : « Pour le bien de notre équipe »

Jérôme Fernandez

Jérôme Fernandez - -

Jérôme Fernandez, le capitaine de l’équipe de France, était l’invité de RMC Sport ce vendredi. Entre Noël et le 1er janvier, le Toulousain a retrouvé ses coéquipiers des Experts à Capbreton pour un mini-stage de préparation au Mondial.

Jérôme, vous êtes depuis cet été double champion olympique. Quel a été le titre le plus fort ? Celui de 2008 ou celui de 2012 ?

Ils sont différents. Celui de 2008, c’était le titre qu’il manquait à notre palmarès et au palmarès de l’équipe de France. On avait à cœur de remporter ce titre à Pékin parce que c’était toute une génération qui rêvait de ça, tout un sport. Et on ne savait pas si en 2012, on serait encore opérationnel pour aller chercher un nouveau titre olympique. On était forcément comblé par ce titre à Pékin. Après, les circonstances de 2012 étaient complétement différentes puisqu’on sortait de quatre années d’hégémonie internationale avec des titres chaque saison. On était les grands favoris et on sortait d’une compétition un peu ratée lors de l’Euro au mois de janvier. Le contexte était beaucoup plus difficile pour nous parce qu’on était un peu en perte de constance et de repères par rapport à l’Euro. On avait envie de rebondir et de montrer que cette équipe n’était pas encore finie.

Et le championnat du monde en Espagne arrive maintenant très vite (11 au 27 janvier 2013)…

Oui, le Mondial arrive très vite après les JO. Et quelque part, tant mieux. On va pouvoir surfer sur notre succès de cet été et profiter de la grosse préparation physique qu’on avait faite en juin. On est très heureux de se retrouver tous ensemble à Capbreton, même si c’est pendant les fêtes et que c’est toujours difficile de quitter la famille. C’est aussi pour le bien de notre équipe. On fait 48 heures de travail physique, ce qui nous permet d’être un peu plus opérationnels dès le 2 janvier à Toulon pour préparer le Mondial.

Vous avez même eu le droit à une pesée à votre arrivée au stage. C’est vrai ?

Oui, oui (rires). On a des garçons qui sont sérieux et qui savent très bien que le moindre kilo pris pendant les fêtes se paie et est difficile à éliminer. Je pense qu’on a tous profité de nos petites familles à Noël mais on avait tous envie de se retrouver ici tous ensemble et de bien bosser. On pourra à nouveau fêter le nouvel an dans quelques jours. Mais on se retrouvera le 2 janvier et on aura tous envie de faire du handball. On aura profité des fêtes sans entamer notre capital physique pour le mois de janvier.

Vous faire revenir en stage dès le 2 janvier, ce sont des vrais sadiques dans le staff…

Ils en profitent, ils ne courent pas eux (rires) ! C’est vrai que c’est délicat. Mais pour certains, ça fait très longtemps qu’on est habitué à ce rythme-là. On sait profiter du moment présent pendant les fêtes, mais quand même penser au lendemain. Donc on est sérieux dans nos petits excès.

Avez-vous parlé entre vous de l’affaire des paris suspects qui a touché le club de Montpellier ?

Je n’étais pas là au mois de novembre (27-18 contre la Lituanie et 33-20 en Turquie en qualifs pour l’Euro 2014, ndlr), donc je ne sais pas si les garçons en ont parlé. En tout cas, nous, on n’en parle pas entre nous. On parle beaucoup plus des absences des anciens comme les frères Gille (retraite internationale pour Guillaume, blessure pour Bertrand, ndlr), Omeyer et Narcisse, qui ne sont pas là sur ce stage (ils ont joués le 26 décembre en Bundesliga) ou l’arrivée des petits jeunes comme (Timothey) N’Guessan et (Valentin) Porte que de ces anecdotes. Maintenant, c’est vrai qu’on est devenu un sport qui est un peu épié par la presse et le moindre écart prend des proportions vraiment importantes. Mais moi, ce que je retiens surtout, c’est qu’aujourd’hui le handball est un sport qui compte. Au niveau des Français, on sait qu’il va y avoir beaucoup d’attentes au niveau sportif au mois de janvier et on a envie de briller sur les terrains. Ce qui est important, c’est que la vie de groupe soit bonne. C’est le cas, et on prépare dans la sérénité notre championnat du monde.

Vous n’avez plus envie de parler de cette affaire ?

Ce n’est pas une histoire dont on ne veut plus parler. Mais il faut comprendre une chose : on a beau être des sportifs, on est aussi des êtres humains. Et comme tous les êtres humains, des fois, on fait des bêtises. C’est vrai que nous, maintenant, notre objectif est surtout sur le terrain et on a envie que cette équipe continue à gagner. Ce qu’il s’est passé en 2012 appartient au passé, comme certaines choses qui ont se passer avec l’ancienne génération. Nous, on est tourné vers l’avenir, vers l’avenir de l’équipe de France. Il y a un fort renouvellement de l’effectif et il y a des choses qui sont très importantes et primordiales pour l’équipe de France. Le reste, ça concerne une petite minorité de joueurs et on est assez adultes et intelligents pour faire avec ce qu’il s’est passé.

Vous avez 35 ans, bientôt 36. Pour vous, il n’est pas question de retraite ?

Ce n’est pas qu’il n’en est pas question. Mais aujourd’hui, je me sens bien. J’ai eu la chance de jouer avec des grands joueurs étrangers qui ont continué leurs carrières jusqu’à 39 ou 40 ans et qui n’en ont pas souffert. Ils étaient très heureux, épanouis. Et je m’étais donné comme objectif principal les Jeux Olympiques de Londres. Tout ce qui vient après, c’est que du bonus. Mon objectif, c’est de transmettre toute cette expérience que j’ai vécue avec l’équipe de France à tous les joueurs qui vont rentrer dans les mois à venir. Et faire en sorte que ce renouvellement d’effectif se fasse en douceur. Il faut le faire progressivement pour que notre équipe soit opérationnelle dans trois ans de demi, pour les JO de Rio.