Hand. Mondial 2019: que peuvent espérer les Bleus?

Un Mondial sans la star Karabatic
C’est une première depuis 2004. Pour la première fois depuis cette date, l’équipe de France va entamer une compétition internationale de premier plan sans l’un de ses meilleurs joueurs (si ce n’est le meilleur d’ailleurs), Nikola Karabatic. Ce dernier, opéré d’un hallux valgus au pied gauche début octobre, est sur le flanc depuis et va donc manquer le début du championnat du monde, qui débute ce jeudi au Danemark et en Allemagne, et sans doute son intégralité. "Ça fait partie du sport de haut niveau, tempère au micro de RMC Sport le sélectionneur Didier Dinart. Nikola est humain même si ça reste un joueur qui a une part prépondérante dans l’effectif. On a fait autrement. Depuis la semaine internationale du mois d’octobre, on a travaillé stratégiquement l’approche de ce championnat du monde."
Tout en gardant à l’idée qu’une éventuelle présence du Parisien en demi-finale serait possible. "Nikola fait partie de cette fameuse liste élargie. On connaît sa capacité, c’est un joueur, un compétiteur, c’est un battant. Si on lui demande, il va forcément dire qu’il a envie de jouer ce Mondial, assure Dinart. Ça dépendra de son club." Et en attendant une éventuelle bonne nouvelle, les Bleus ont les ressources selon Cédric Sorhaindo pour pallier cette absence tout au long de la compétition. "Par le passé, on a pu faire des compétitions sans des joueurs clé comme Daniel Narcisse, estime le pivot tricolore. A nous de montrer une plus grande force de caractère pour pouvoir s’imposer et montrer que même s’il n’y a pas Niko, on peut faire de très belles choses."
Une troisième couronne oui mais les JO aussi
En attendant un éventuel ou non come-back de l’aîné des frères Karabatic, les Bleus, double-tenants du titre mondial, sept couronnes internationales à la maison, auront à cœur d’aller chercher un troisième trophée d’affilée dans la compétition, ce qui constituerait une première. Mais ne comptez pas sur eux pour clamer haut et fort la moindre ambition à ce sujet. "Ce n’est pas qu’on refuse l’étiquette de favori, explique le sélectionneur. Quand on joue au Danemark et en Allemagne, on sait que le pays hôte est survolté et a l’appui de son public. On a un groupe qui est assez relevé. A la fin du premier groupe, on fera le bilan pour savoir comment se situer dans la compétition."
Cédric Sorhaindo ne dit pas autre chose. Si le palmarès donne des certitudes aux Bleus, tout sera rebattu lors de ce Mondial. "On s’attend à vivre des moments très difficiles. Même si on montre une très bonne image, qu’on a un système de jeu en place, il faudra voir notre répondant face à la pression. Ce qui a fonctionné par le passé peut encore fonctionner cette année, mais le handball n’est pas une science exacte. On s’est bien préparés, on a pu voir beaucoup plus de joueurs prendre des responsabilités. Nous sommes dans un bon cadre et sur une bonne dynamique." Une dynamique qui doit aussi les porter vers une qualification aux prochains JO. Très exactement, ceux de Tokyo 2020. Le vainqueur de ce championnat du monde sera automatiquement qualifié pour la compétition. Les sept derniers pays en lice, eux, auront droit à leur accès au tournoi préolympique. "C’est le premier étage de la fusée Tokyo" confirme Didier Dinart.
Une nouvelle génération à installer
Pour l’ancien défenseur des Bleus, "l’équipe de France ne défend pas son titre". Tout simplement parce que pour Didier Dinart, ce n’est plus la même équipe que celle ayant remportée les deux derniers sacres mondiaux. Comprenez par-là que ces Bleus ont rajeunis. Ou plutôt sont rajeunis. "Il y a beaucoup moins d’anciens et beaucoup plus de jeunes, souligne Cédric Sorhaindo. Il y a des joueurs qui ont besoin de plus de responsabilités et qui ont besoin de s’affirmer. Il y a un travail qui a été fait depuis plusieurs années pour faire grandir l’équipe de France. Ce sont des titulaires indiscutables dans leurs clubs donc je pense que c’est un aspect qui peut être bénéfique et qui peut nous aider à surmonter des étapes."
On pense à Nedim Remili, désormais habitué aux grosses joutes européennes avec son club, le PSG. A Ludovic Fabregas ou encore à Dika Nem (Barcelone). Tous ces jeunes seront cadrés par les nouveaux cadres (Vincent Gérard, Nicolas Claire) et les indéfectibles anciens, en faible nombre désormais: Luc Abalo, Michaël Guigou et le nouveau capitaine, Cédric Sorhaindo. "Certains joueurs n’ont pas encore vécu une grande compétition donc il faudra les mettre dans de bonnes dispositions afin de faire la meilleure des entrées, confirme ce dernier. On essaye de faire de la transmission et d’œuvrer pour le bien de l’équipe. Auparavant, l’équipe était surtout constituée d’anciens, ce n’est plus forcément le cas aujourd’hui. Il y a beaucoup de jeunes et très peu d’anciens. Mais on essaye de partager. Il faut aussi faire évoluer l’état d’esprit et le fonctionnement de l’équipe." Condition sine qua none pour faire flotter le drapeau français au plus haut à la fin du mois de janvier.