"On nous demande quelque chose d'exceptionnel": le Final Four de Ligue des champions présenté par le coach du HBC Nantes

• Le Füchse Berlin: "L'équipe qui maîtrise le mieux son handball sur la planète"
Grégory Cojean: "Pour moi, Berlin, aujourd'hui, c'est l'équipe qui maîtrise le mieux son handball sur la planète. C'est une équipe qui s'est construite avec le temps. Il y a des joueurs qui jouent ensemble maintenant depuis un certain nombre d'années, qui se connaissent par cœur, qui ont une expérience collective, qui maîtrisent leur jeu parfaitement. C'est une équipe qui, pour moi, arrive à maturité, qui va être très difficile à jouer. Notre objectif, ça va être de mettre un grain de sable dans cette machine qui est très bien huilée, et d'essayer de les perturber, de les faire déjouer, et de casser cette confiance qu'ils ont accumulée depuis quelques années. Ils ont été extrêmement réguliers cette année dans les deux compétitions. Ils gagnent la Bundesliga pour la première fois de leur histoire. C'est extrêmement solide, extrêmement régulier, on le voit aussi par les résultats qu'ils font.
Avec un joueur, Mathias Gidsel qui est le meilleur joueur du monde actuellement, et qui sait tout faire. Il sait déborder balle en main, des deux côtés, tirer de loin, passer. Il a un jeu sans ballon qui est extraordinaire. C'est le joueur qui arrive à se mettre en mouvement sans ballon, à jouer dans les espaces, qui est le meilleur au monde à ce niveau-là. Donc effectivement, il faut réussir à le bloquer. Tous les coachs se creusent la tête pour arriver à l'arrêter, mais c'est un joueur incroyable et d'une régularité hors normes. Mais on va essayer de l'embêter, on va essayer de trouver des solutions pour réduire sa performance au maximum. De toute façon, on sait qu'on est condamnés à jouer à notre meilleur niveau pendant 48 heures si on veut être champions d'Europe. Quand je dis meilleur niveau, c'est peut-être même jouer au-delà de celui qu'on a réussi à jouer actuellement.
Ce qu'on nous demande, c'est quelque chose d'exceptionnel. Je pense réellement que ça serait un exploit, ça serait l'une des plus grosses performances dans le sport collectif français. On peut le faire, il faut y croire. Il faut se mettre dans cet état d'esprit-là. Si on n'ose pas, si on ne prend pas de risques, si on laisse part à l'hésitation, on n'existe pas."
• La Lanxess Arena: "La plus belle salle d'Europe"
"Je l'ai découverte en 2012, je crois, pour la première fois. C'est la plus belle salle d'Europe. En tout cas, c'est l'endroit où tous les handballeurs rêvent d'être au mois de juin. Les handballeurs, les joueurs, bien sûr, mais les entraîneurs aussi. C'est là que j'ai vu le plus haut niveau de handball. Il y a certes les équipes nationales, mais les équipes que j'ai vues jouer dans ces moments-là au Final Four, c'était les équipes les plus fortes que j'ai jamais vu jouer. Je pense plus fortes que certaines équipes nationales. C'est le moment où, pendant 48 heures, les joueurs donnent tout ce qu'ils peuvent donner. Rien n'est calculé, il n'y a pas de place à la fatigue, pas de place au doute.
C'est le moment où je trouve qu'on touche l'excellence du handball. Dans une salle où il y a 20.000 places, dans une ville très agréable, où tout se fait à pied, dans une très bonne ambiance avec un show magnifique. C'est 'The place to be', c'est l'endroit où il faut être pour le handball. Je suis très heureux de pouvoir participer à ça. Je le dis et je le répète, malgré la difficulté de la tâche, on est là pour être compétitifs. On n'est pas là pour être spectateurs de l'événement, il faut qu'on soit acteurs. Quand on dit 'Lanxess Arena', 'Final Four' à Cologne, on dit aussi 'tout est possible'. Parce que j'ai vu tellement d'éditions où l'outsider gagnait. Flensburg notamment à une époque, Vardar à une autre, on ne les mettait pas favoris, et à la fin c'est eux qui gagnent. Même Montpellier en 2018, qui sort des poules basses - c'était une autre forme de Ligue des Champions - et devient champion d'Europe. Donc certes, on va jouer les plus belles équipes du monde, mais on sait aussi que sur 48 heures, deux fois 60 minutes, tout est possible."
• Le collectif du HBC Nantes: "Une équipe qui a envie de faire les choses ensemble"
"Je mets en avant et je défends cette philosophie du jeu collectif à Nantes. J'essaie de travailler à ce qu'on développe un jeu collectif. À faire en sorte que notre jeu ne soit pas basé sur l'expression optimale d'une individualité ou d'une autre, mais plutôt un jeu, tout simplement collectif. Amener la balle à l'endroit où la balle doit être amenée, quelle que soit la situation. C'est le but. C'est comme ça que je vois le handball. Et je crois que c'est une philosophie de jeu qui est mise en place depuis un moment à Nantes. Ça fait partie de notre ADN. Un, l'état d'esprit, les valeurs collectives. Et deux, c'est ce qu'on me fait remarquer à l'extérieur, assez souvent, c'est que le jeu n'est pas orienté sur un joueur ou sur un côté. Dans notre jeu, il y a les pivots qui marquent, il y a les arrières qui marquent, il y a les ailiers qui marquent, il y a les demi-centres qui marquent, tout le monde marque. Tout le monde a une capacité à s'exprimer dans notre jeu. Et c'est ça, le but du jeu, le but du sport collectif.
Les joueurs doivent penser à l'expression du collectif avant leur propre expression. Et je pense que cette année, on a quand même une équipe qui vit très bien ensemble. Une équipe qui a envie de faire les choses ensemble. C'est déjà arrivé auparavant, mais je trouve que cette année, c'est encore plus. Il y a encore plus l’envie de faire les choses ensemble depuis le début de saison. C'est d'ailleurs un groupe qui s'est très bien comporté dans les moments difficiles. Je n’ai pas vu de joueurs sortir de l'état d'esprit, sortir du groupe ou pointer du doigt d'autres, dans les moments difficiles. Et ça, c'est aussi l'expression d'un collectif qui fonctionne bien. Quand on est très attaché au jeu collectif sur le terrain et qu'en plus, le vestiaire est sain, c'est quand même plutôt positif. Et je pense que ça a une grosse part dans notre performance de cette année et dans le fait qu'on soit arrivé au Final Four."
• L'objectif de titres: "Je suis persuadé que ça va arriver"
"L'expression que j'aime moyennement, c'est titre mineur, titre majeur. Parce qu'en disant titre mineur, on déclasse parfois certaines aventures collectives, notamment des aventures de Coupe de France. Mais c'est sûr qu'on est à la recherche d'un titre qui viendrait couronner un an de travail. Et ça, c'est le titre de champion de France. On travaille dessus. On affiche une vraie forme de régularité dans la performance depuis quelques années. Pour la première fois de notre histoire, on termine deux fois de suite deuxièmes du championnat et qualifiés en Ligue des champions. Depuis qu'il y a la nouvelle formule de Ligue des champions, il y a cette alternance avec Montpellier. L'équipe qui joue la Ligue des champions termine troisième parce que la Ligue des champions use. On a réussi quand même à être réguliers cette année et terminer deuxième tout en faisant un très bon parcours en Ligue des champions. Mais c'est vrai qu'on a encore cet objectif d'aller chercher ce titre de champion d'Europe ou de champion de France. Et c'est bien parce que ça nous pousse, ça nous tire vers le haut cette envie d'aller chercher ce titre-là. Mais on n'a pas franchi le cap. On évolue année après année. On avait fait deux finales de coupe d'Europe perdues en 2013 et 2015 avec Thierry Anti. La finale de Ligue des champions perdue contre Montpellier en 2018 a été durement encaissée, je pense.
Il y a aussi la concurrence. C’est lutter contre le PSG qui a des moyens bien supérieurs aux nôtres. Lutter sur le plan européen avec des clubs qui ont des potentiels financiers supérieurs aux nôtres. Ce n'est pas une excuse, mais c'est un constat. On doit être capable de s'adapter par rapport à ça. Chaque année, je trouve qu'on s'améliore dans nos fonctionnements. Chaque année, on emmagasine de l'expérience. Je suis persuadé qu'à un moment donné, ça va payer. Soit en championnat, soit en coupe d'Europe. Il faudra un alignement de planètes. Il faudra une saison avec peu de blessures. Il faudra un calendrier qui nous corresponde bien. Je suis persuadé qu'au bout de l'évolution du club, ça va arriver. Quand on a été jouer à Paris, on avait perdu nos deux demi-centres une semaine avant. Il a fallu se réorganiser. Je suis persuadé que ça va arriver. Ça demande une constance incroyable. 54 matchs dans la saison. C'est beaucoup."
• Le HBC Nantes: "Un club qui a une âme"
"Le 'H', c'est un club qui a une âme, une identité. On avait beaucoup parlé d'identité au début de l'histoire, dans les années 2005-2009. On a travaillé à définir, à identifier quelles étaient nos valeurs, notre identité. On l'a développée, on l'a améliorée au fur et à mesure des années. Je crois que c'est important d'avoir des gens qui durent au club. Quand les gens ont la compétence de durer, d'évoluer, et que ces gens évoluent avec le club, pourquoi ne pas les garder? Cette âme, elle est liée aussi à la personnalité du président, qui est là depuis des années. Il a su tenir une vraie ligne de conduite. Moi, ça fait 20 ans que je suis là. Parfois, j'ai l'impression que ça fait 20 ans que je suis là et puis parfois non. Les années passent tellement vite. Il y a toujours des rebondissements dans ce club. Il n'y a pas une saison qui se ressemble. J'ai eu aussi différentes casquettes. J'ai encore beaucoup d’envie et d'ambition. Je sens aussi que j'évolue saison après saison, que j'apprends, que je prends de l'expérience. C'est un club que j'aime. C'est un club qui évolue sans cesse. Il y a un côté famille.
Parfois, on en a marre de voir sa famille. Finalement, on y revient toujours aux repas de famille. Parfois, il y a le tonton chiant qui nous fatigue un peu. Je ne parle pas du président! (rires) Mais on est content de le revoir après les vacances. Il y a ce côté-là au 'H'. Ce qui symbolise aussi ce club, c'est l'ambition, la remise en question. On n'a pas peur de faire des choix, d'aller de l'avant, de trancher, de se mettre des objectifs élevés. Il y a le côté famille, mais il y a aussi le côté compétition. Je n'ai pas l'impression aujourd'hui de m'ennuyer dans ce club-là. On avance sans cesse. On a encore des objectifs pour l'année prochaine. On va encore améliorer des choses dans le sportif. On met en place des systèmes pour améliorer les choses. C'est sympa. C'est intéressant. C'est mon club!"