Mondial : Les Bleues en opération reconstruction

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Alain Portes, nouveau taulier
Quinze ans et puis s’en va. Avec le départ d’Olivier Krumbholz, en place depuis 1998 et démis de ses fonctions en juin, les Bleues ont trouvé un nouveau sélectionneur en la personne d’Alain Portes, 52 ans, ancien « Barjot » de Barcelone 1992 (médaille de bronze olympique) et deux fois champion d’Afrique à la tête de l’équipe masculine de Tunisie. De quoi modifier méthodes et habitudes même si l’intéressé a moins de 30 jours de travail (mais six victoires sur six en préparation) avec ses filles. « C’est paradoxal mais il a du charisme et il est timide en même temps, juge Allison Pineau. Il réintègre du plaisir, de l’envie de bien faire. Il dégage de la sérénité, de la tranquillité, il aime beaucoup discuter, communiquer, être proche de ces joueuses. » Et Nina Kanto d’embrayer : « Ça amène du piment, de la curiosité. C’est un nouveau challenge excitant et tout le monde arrive à s’acclimater. » Pour les Bleues, le changement, c’est maintenant. « Il a réinstauré des petites règles de vie commune par rapport à la discipline, par exemple sur les tenues vestimentaires à porter au quotidien, pour faire ressortir l’esprit d’équipe », explique Pineau. Avec un groupe prêt à le soutenir. « C’est trop facile de dire qu’on va changer le coach et que tout va aller, lance Kanto. Nous aussi, les joueuses, on a des choses à changer. »
Objectif... Rio 2016
Vice-championnes du monde 2011, les Bleues ont depuis enchaîné les déceptions avec la défaite en quart aux Jeux de Londres et la neuvième place à l’Euro serbe fin 2012. Avec un nouveau coach et un groupe en reconstruction, difficile d’imiter leurs illustres devancières championnes du monde 2003 (qui ont partagé plusieurs repas avec elles), même si la victoire au Tournoi de Paris, le week-end dernier, a plu aux superstitieux (chaque fois qu’elle l’a remporté, en 1999, 2009 et 2011, la France a atteint la finale du Mondial). Alors, voyage sans objectif ? « Heureusement que l’on ne m’en a pas demandé car je n’aurais peut-être pas accepté le poste, s’amuse Portes. En arrivant au Mondial, je les aurais eues trois semaines. Dire qu’on va tout casser n’est pas sérieux. » Président de la Fédération française, Joël Delplanque reste dans la même veine mais se veut plus clair : « Je n’ai pas fixé d’objectif particulier mais je pense qu’il faut tout de même se qualifier pour les huitièmes. Cette équipe est en construction. Le véritable objectif, c’est Rio 2016. » Allison Pineau confirme : « Il faut être humble et réaliste, y aller étape par étape et voir à quelle place on sortira du groupe. » Et Kanto de résumer : « Notre objectif, ce sont les Jeux de Rio. Ce Mondial doit nous servir à monter en puissance. Un nouveau collectif doit se créer. Mais on ne rentre pas sur le terrain pour perdre. »
Une alchimie jeunes-anciennes à trouver
Etape sur la route des JO 2016, ce Mondial doit aussi permettre d’intégrer de la nouveauté dans le groupe. Quatre Bleues vont disputer leur premier grand tournoi : Gnonsiane Niombla, Alice Levêque, Koumba Cissé et Grâce Zaadi. « Alain a eu un discours simple et direct, raconte cette dernière. Il nous a dit que si on était là, c’est qu’il avait confiance en nous. » « Il a réussi à les décontracter et à leur permettre d’exprimer toutes leurs qualités », confirme Kanto. Avec les cadres du groupe pour soutenir la chose. « Elles nous aident beaucoup, autant à l’extérieur que sur le terrain, indique Zaadi. Quand on a besoin de conseils, elles sont là. Il y a une concurrence très saine, sans coups bas. » Pineau complète : « Nous ne sommes pas éternelles et elles peuvent apporter des choses qu’on n’a pas forcément actuellement, l’insouciance, la fougue. » Le tout pour collectif déjà adopté par Portes. « Je ne m’attendais pas à avoir des filles aussi bien, avoue le sélectionneur. De l’extérieur, j’avais l’impression qu’il y avait des clans. Je me suis trompé. Elles vont les unes vers les autres, elles sont humbles, généreuses. J’aime mes joueuses. » A elles de lui rendre au mieux.
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