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Onesta : « Vous allez encore dire qu’on doit tout gagner… »

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Sélectionneur heureux après la démonstration de ses joueurs face au Danemark en finale de l’Euro (41-32), Claude Onesta revient sur le troisième sacre européen des Bleus. Et sur les perspectives futures d’un groupe pas encore rassasié.

Claude Onesta, quel sentiment vous habite après le succès net et sans bavure des Français sur les Danois en finale de l'Euro ?

C’est presque irréel. Franchement, on n’avait pas imaginé un tel scénario. On a été très précis dès l’entame. Le Danemark est une équipe jeune et peut-être que l’environnement, le public et les émotions ont fini par leur rendre la tâche plus compliquée. Ils ont explosé dès le début de match et l’intelligence de notre équipe a été de savoir maîtriser un retour éventuel. Ils étaient sous l’eau et on ne leur a jamais laissé l’opportunité de reprendre de l’air. Après, le match est devenu progressivement facile. On avait déjà vu les Danois craquer en finale du Mondial 2013 face à l’Espagne (défaite 35-19, ndlr). On savait que c’était une équipe fragile, qui pouvait exploser quand elle était en difficulté. Mais on n’avait pas imaginé qu’elle explose tout de suite. 

Aviez-vous un schéma tactique précis en tête avant cette finale ?

On imaginait qu’ils auraient effectivement du mal à supporter la pression du public. Mais on pensait que ce serait dans la durée du match et plutôt vers la fin. Quand on a pris de l’avance très vite, j’étais inquiet car je me disais que ça allait être une tempête terrible quand ils allaient commencer à revenir. Il fallait débrancher toutes les initiatives pour ne pas leur laisser la moindre opportunité. C’est ce qu’on a réussi à faire. On a eu une efficacité offensive exceptionnelle et leurs gardiens ont vraiment été en grande difficulté. Ça nous a permis de ne jamais subir leurs assauts et de continuer à marquer régulièrement. C’est sûrement la finale la plus facile qu’on ait eu à gagner mais ça n’a pas été la compétition la plus facile. 

On attendait un duel de gardiens et « Titi » Omeyer a nettement dominé Niklas Landin...

Ça ne s’est pas joué que sur les gardiens. Chez eux, les gens se sont mis très vite dans le rouge. A part Mikkel Hansen, qui a ensuite été capable de rivaliser, ils ont été en grande difficulté. Je misais sur le fait qu’ils avaient été faciles jusque-là. Ils avaient récité leur hand, c’était la fête populaire annoncée avec du monde partout… Par expérience, je sais que ces moments-là sont des moments de fragilisation. Et quand les choses commencent à déraper tout d’un coup, c’est parfois un dérapage incontrôlé. Ça a été le cas. Il fallait être solide au départ pour rivaliser et très vite, en prenant l’avantage et en dominant le match, on les a poussés dans le précipice. 

« On s'est construit sur des choses saines »

Ce succès à l'Euro marque-t-il le début d'une nouvelle période de domination pour les Bleus ?

On va surtout prendre cette victoire telle qu’elle vient. Le seul point négatif, c’est que vous allez encore nous dire qu’on doit gagner toutes les compétitions auxquelles on participe. On aurait pu avoir un peu de répit. Eh bien non, il n’y en aura pas. (Sourire.)

Gagner une compétition sur deux, c'est pas mal aussi, non ?

Je pense que vous êtes plus gourmands que ça. (Sourire.)

Sur le plan personnel, tout ce que vous avez tenté durant cet Euro a été une réussite...

On ne tente pas des coups, on ne joue pas au poker. Avec cette équipe, on s’est construit sur des choses saines, maîtrisées, vécues et quand il y a des problèmes, on les gère ensemble. C’est un managérat construit en relation avec les principes qui sont les nôtres dans notre fonctionnement quotidien. Quand les jeunes étaient un peu dispersés, mon rôle était de les ramener et parfois de leur donner un peu de temps de jeu, quitte à nous fragiliser un peu. On est arrivé au bout de la compétition sans pépin physique et le staff médical est à louer sur ce plan car on a réussi à se renforcer de match en match. Et quand on gagne, on a plus de sérénité que quand on joue sa tête. Ce que les joueurs retiennent, c’est l’aventure humaine, les moments vécus, la solidarité, la cohésion. Cela a du sens. Dans le sport de haut niveau, parfois, on pense qu’on ne peut pas réussir si on n’est pas un aboyeur et qu’on ne terrorise pas tout le monde. Depuis dix ans, on montre qu’on peut fonctionner entre gens biens, en se respectant et en se faisant confiance. 

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Propos recueillis par Rodolphe Massé et Julien Richard à Herning