Paris truqués : que risquent les joueurs ?

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Sanctions pénales et sanctions sportives, demande de dommages et intérêts, licenciement, pertes de sponsors… Les joueurs de handball pris dans la tourmente de l’affaire du match Montpellier-Cesson pourraient se voir assigner une double voire une triple peine. BFMTV.com fait le point.
La sanction pénale et/ou sportive
Une information judiciaire, ouverte le 1er août, vise à la fois des faits "de corruption active et passive", mais aussi des faits "d'escroquerie et de recel d'escroquerie" aux dépens de la Française des Jeux.
Deux cas de figure sont alors possible : soit les joueurs ont parié alors qu’ils n’en avaient pas le droit. Soit, au moins pour certains d’entre eux, ils ont parié et participé à une tricherie lors du match du 12 mai dernier opposant Montpellier à Cesson- Sévigné.
Dans ces deux cas, la sanction n’est pas la même.
• En cas de simple fraude pour des paris sportifs, les joueurs risquent six matches de suspension et 15.000 euros d’amende, comme en dispose l’article L131-16 du Code du sport.
• En cas de match truqué, le délit de "fraude et corruption passive" est passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende, comme en dispose l’article 445-1-1 du Code pénal.
Ce que les joueurs reconnaissent déjà
Selon l'avocat Jean-Yves Lienard, qui défend Michaël Robin, un des joueurs interpellés, ceux-ci vont "très probablement" reconnaître avoir parié sur le match suspect, ce qui leur est interdit, tout en réfutant toute tricherie. "Leur déontologie sportive leur interdit de faire des paris. Ils l'ont fait, ils ont eu tort et s'en expliqueront", a-t-il affirmé, précisant toutefois qu'ils n'ont "en aucun cas laissé filer le match".
Même son de cloche pour l’avocat de Nikola Karabatic, Maître Eric Dupont-Moretti : "Les paris seront forcément reconnus (...) Ils ont parié", a dit l'avocat, qui a en revanche réfuté toute infraction pénale.
La sanction disciplinaire et la plainte au civil
Tout en rappelant chacun au respect de la présomption d’innocence, Rémy Lévy, président du club montpelliérain, n’hésite pas à évoquer un possible licenciement des joueurs impliqués. "Si le principe du pari était acté sans autre conséquence, c'est une violation du contrat de travail et il est évident que des sanctions seraient prises. On verra à quelle hauteur", a-t-il expliqué vendredi lors d'une conférence de presse au club montpelliérain.
Si "les malversations sont établies", "la demande de réparation" du club sera "à la hauteur du préjudice subi", a ajouté Rémy Lévy, assurant qu'il "n'(attendrait) pas un rejet du pourvoi en cassation" dans six ans pour décider.
La sanction médiatique et publicitaire
Plus dure sera la chute pour des joueurs qui gagnent parfois la moitié de leurs revenus grâce à leurs sponsors. Betclic, le portail de paris en ligne a été le premier à réagir en annonçant jeudi qu'il suspendait la participation de Nikola Karabatic à sa campagne de communication. Le joueur n’apparaîtra ainsi plus sur le site ou dans les publicités Betclic, dont il était l’un des ambassadeurs aux côtés de Tony Parker ou Marcel Desailly.
Pour l'instant, la marque précise qu’il ne s’agit "pas d’une rupture de contrat". Si le contrat venait à être rompu, le joueur pourrait perdre la moitié de son revenu annuel. Le quotidien sportif l'Équipe chiffrait à un million d'euros les revenus totaux (primes, salaires, et sponsoring) du joueur.