
PSG-Dunkerque : quand le banc est sur écoute

Philippe Gardent - AFP
Il n’y a pas que dans le football que la vidéo suscite des polémiques. Si les insultes de ses stars ne sont pas traquées jusque dans les couloirs, le handball a lui aussi prouvé sa faculté à s’offrir un « caméras-gate » qui fait débat. Cadre de l’affaire ? Le huitième de finale aller de Ligue des champions entre Dunkerque et le PSG samedi dernier. Le pitch ? A l’issue de la victoire 23-21 des Parisiens, un succès de deux buts à l’extérieur qui les place en bonne situation pour se qualifier en quarts, l’entraîneur nordiste Patrick Cazal avait pris pour cible le club de la capitale, accusé d’utiliser une technologie permettant d’écouter les temps morts diffusés en direct à la télé pour en informer au plus vite le staff. D’où le choix du coach de l’USDK d’interdire la présence d’un micro après avoir demandé un temps mort au cours de la rencontre. Une polémique à plusieurs ramifications, le diffuseur de l’événement – beIN – appartenant à la même maison-mère qatarie que le PSG.
Une semaine plus tard, et alors que le match retour va se disputer ce dimanche (17h30), la tension ne semble pas retombée à Dunkerque, où on reste colère. « La technologie est en permanence en avance et j’espère qu’on statuera le plus rapidement possible, explique Cazal. Si on avait le droit d’aller écouter, soit on accepte de tous faire le temps mort ensemble, soit chacun trouvera un langage codé pour passer ses consignes. Est-ce que je vais encore interdire un micro au retour ? Si j’ai l’information qu’ils continuent à le faire, peut-être que j’adopterai la même attitude. On doit partager avec les téléspectateurs mais ce sont des moments intimes de groupe, parfois de vraies orientations. Ça peut concerner la dernière action pour gagner le match. Ce n’est pas normal que l’adversaire puisse avoir l’info en temps réel. »
Gardent : « On a une technologie pas encore au point car je n’étais pas au courant ! »
Et le gardien dunkerquois, William Annotel, d’appuyer : « J’ai le sentiment qu’ils essayent de jouer sur tout pour se rendre le match un peu plus facile. Sur une dernière possession, si l’équipe en face sait ce qu’on va faire, ce serait quand même légèrement emmerdant… » Discours différent côté parisien. Où Philippe Gardent démine le terrain. « Ça me fait presque sourire car on commence à se ridiculiser un peu à tomber dans les travers de certains sports. De temps en temps, on se prend pour James Bond », lance l’entraîneur parisien. Avant de poursuivre sur un ton plus moqueur : « Je tombe des nues car je l’ai découvert. On a une technologie qui n’est pas encore tout à fait au point car je n’étais pas au courant ! Franchement, je préfère beaucoup plus m’attacher à ce que fait mon équipe qu’à ce genre de truc de télé-réalité. Mais c’est bien, ça fait parler, ça fait un peu de buzz. »
Anciens partenaires de jeu en équipe de France, où ils remporté ensemble le premier titre mondial des Bleus en 1995, Cazal et Gardent sont désormais adversaires sur les bancs comme dans les mots. Rien d’illogique. « Patrick était un mec adorable, se souvient l’entraîneur du PSG. De temps en temps, on peut avoir des lubies ou faire des petites sorties, ce n’est pas grave, ça m’arrive aussi, il n’y a rien de méchant. Ce n’est pas la première fois. De temps en temps, on se frictionne, et pas qu’avec lui mais avec tous les copains qui font le même métier que moi. Ça fait partie du truc et je trouve ça très rigolo. » Cazal un peu moins, a priori.