A un an de la désignation de la ville hôte des JO 2024, on fait le match Paris-Los Angeles

- - -
Dans un an tout juste, à Lima au Pérou, le Comité international olympique (CIO) livrera son verdict. A l’issue de plusieurs mois de réflexion, l’organisation votera pour désigner la ville qui accueillera les Jeux olympiques d’été 2024. Quatre villes sont en lice : Budapest (Hongrie), Los Angeles (Etats-Unis), Paris (France) et Rome (Italie). Los Angeles et Paris font figure de favorites. Quelles sont les forces et les faiblesses des deux villes dans cette course à l’Olympe ?
Le poids historique : avantage à Paris
Pour ceux qui aiment voir des signes dans les dates, l’édition 2024 des Jeux olympiques ne manque pas d’intérêt. Paris, battu dans la course à l’organisation des JO 1992, 2008 et 2012, veut vaincre le signe indien avec 2024. Ce serait très symbolique : 100 ans plus tôt, la capitale de la France accueillait déjà l’événement planétaire. Mais pour Los Angeles, l’année 2024 a aussi son importance : 40 ans plus tôt, en 1984 donc, LA organisait aussi les Jeux d’été (marqués par le boycott du bloc communiste). Si on se dirige bien vers un duel Paris-Los Angeles, alors la ville gagnante rejoindra Londres parmi celles ayant organisé trois fois les Jeux olympiques (1900 et 1924 pour Paris, 1932 et 1984 pour Los Angeles, 1908, 1948 et 2012 pour Londres).
A lire >>> JO 2024 - Teddy Riner: "J’ai hâte d’y être"
Les infrastructures : avantage à Los Angeles
Paris comme Los Angeles ont de sérieux arguments à faire valoir. La capitale de la France peut s’appuyer sur son parc d’équipements : 95% des sites prévisionnels existent déjà, répartis entre Paris et Marseille (pour les épreuves de voile notamment). De nombreux stades de football ont été refaits pour l’Euro 2016, événement sportif qui a permis de mettre en lumière les qualités d’organisation de la France. D’autres équipements doivent bientôt se refaire une beauté, notamment Roland-Garros. Le Stade de France servira de base principale avec la Cité du cinéma voisine comme village olympique. Du côté de Los Angeles, on affirme que toutes les installations nécessaires existent déjà, avec pour pilier le Los Angeles Memorial Coliseum, déjà utilisé en 1932 et en 1984 et qui sera rénové. Dans la baie californienne, les équipements de pointe sont nombreux. C’est d’ailleurs l’une des forces de la candidature de la cité des Anges : si les Jeux se tiennent là-bas, ils seront placés sous le signe de l’innovation.
Le soutien populaire : avantage à Paris
Les représentants de Paris 2024 l’assurent : les leçons du passé, et notamment de l’échec de 2012, ont été retenues. En 2005, quand Paris fut battue par Londres pour l’organisation des JO 2012, une différence flagrante était apparue : le dossier de la capitale britannique avait reçu un élan massif de la population mais aussi des plus célèbres sportifs et sportives du royaume. C’est la raison pour laquelle Tony Estanguet, le co-président du comité de candidature de Paris 2024, mène une « campagne nationale » de sensibilisation, qui mobilise les Français, le monde politique ainsi que les sportifs d’hier et d’aujourd’hui. « L’idée est de mettre en avant ce que Paris et la France peuvent apporter au monde », ajoute Bernard Lapasset, l’autre co-président. Le dossier de Los Angeles a pris du retard. C’est Boston qui devait porter les espoirs américains, mais la capitale du Massachusetts a finalement renoncé, laissant Los Angeles reprendre le flambeau il y a un an. Depuis, LA s’est bien rattrapée. Les richesses de la métropole californienne (ressources économiques et installations sportives) séduisent les Angelenos : d’après un sondage (Center of Study of Los Angeles), 88% d’entre eux sont favorables à Los Angeles 2024. De plus, les Etats-Unis n’ont plus accueilli les Jeux olympiques depuis Atlanta 1996. Après les échecs New York 2012 et de Chicago 2016, le pays de l’Oncle Sam veut goûter à nouveau à la fièvre olympique.
A découvrir en images >>> Paris 2024 : les personnages clés de la candidature française
Les investissements : avantage à Los Angeles
Avec Paris et Los Angeles, on est loin des sommes folles d’Athènes 2004 et Pékin 2008. Lors de l’édition grecque, le gouvernement hellène a déboursé entre 11 milliards d’euros (chiffres officiels) et 20 milliards d’euros (d’après des spécialistes économiques). Pékin a vu encore plus grands avec 26 milliards d’euros. Paris et LA sont bien plus raisonnables, en tout cas dans leurs prévisions. Paris mise sur des Jeux raisonnés et axés sur le développement durable. Seuls le village olympique et le centre aquatique sont à construire, ce qui permet au projet parisien de miser sur un plan économique évalué à 6,2 milliards d’euros, dont 3,2 milliards consacrés aux infrastructures. Los Angeles s’appuie aussi sur son parc d’équipements sportifs déjà existants. Le budget prévisionnel s’élève ainsi à 5,6 milliards d’euros. A noter que NBC Universal, diffuseur américain, a déjà acquis les droits de diffusion des Jeux de 2021 à 2032 ; ce contrat, qui s’élèverait à 7,65 milliards de dollars US, serait un argument de poids.
Verdict : léger avantage à Paris
Les dossiers de Paris et Los Angeles sont indéniablement de qualité, sachant que Budapest accuse un manque d’expérience et que la mairie de Rome souhaiterait abandonner la candidature, au grand dam du chef du gouvernement Matteo Renzi. Los Angeles a des arguments qui en font un favori légitime. Mais Paris se défend très bien et peut s’appuyer sur la réussite du dernier Euro de football, le travail de lobbying réalisé à Rio et les récents échecs de 2008 et 2012. Et pour finir, en visant l’alternance des continents, la logique voudrait que les Jeux reviennent en Europe en 2024, puisqu’ils ont déjà été en Amérique en 2016. Reste à convaincre le CIO. Paris a encore un an pour séduire.
A lire aussi >>> Paris 2024 : le CIO visitera Paris en mai, après la présidentielle