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Jeux paralympiques 2022: comment Anthony Chalençon, non-voyant, pratique le para-biathlon

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Seul Français engagé en para-biathlon catégorie déficient visuel, Anthony Chalençon participe à ses troisièmes Jeux paralympiques à Pékin (les seconds en para-ski nordique/biathlon). Il explique à RMC Sport comment il pratique son sport avec son handicap.

Le ski : "Le guide est devant moi avec un haut-parleur"

Anthony Chalençon travaille avec deux guides: Brice Ottonello et Alexandre Pouyé. Lors de ses courses, le tricolore est accompagné d’un d’entre eux en fonction de la distance. Ils lui dictent les consignes et trajectoires à prendre.

"Le guide est devant moi avec un haut-parleur, explique-t-il. Donc quand il va faire un virage serré à droite il va me le dire, puis je vais entendre le haut-parleur attaché dans son dos qui se déplace bien à droite. Vu qu’il parle tout le temps dans le haut-parleur, j’ai toujours le contact avec lui. Ça représente un couloir où il y a le son et le but est de toujours rester dans ce couloir. Dès fois tu peux être attiré par le son des autres guides, mais généralement tu reconnais la bonne voix. Je skie trois ou quatre mètres derrière lui et pendant les descentes dangereuses, on a le droit de se tenir avec le bâton. J’ai deux guides. Ils tournent selon les courses. Aux Jeux de Pyeongchang, je n’avais qu’un guide. Puis on est parti sur un projet d’en avoir deux, comme ça je peux faire plus de séances et eux sont un peu plus libres."

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Le tir : "Aller chercher un son très aigu"

Les para-biathlètes en catégorie non-voyant tirent seulement couchés. La carabine les attend au sol, ainsi qu’un casque, à dix mètres d’une cible légèrement plus large que pour les autres catégories.

"Quand j’arrive sur le tapis, je mets le casque audio sur les oreilles, décrit Anthony Chalençon. Un système audio relié à la carabine nous aide à viser, on tire au laser (il n’y a pas de balles). Quand on est loin de la cible le son est en fréquence (sons aigus espacés et réguliers), et plus on se rapproche de la cible, plus ça devient continu. Et ensuite il faut aller chercher un son très très aigu, qui représente le centre de la cible. Là où ça peut prendre du temps, c’est pour trouver le son. Mais on va dire qu’en une minute c’est plié."

Sa discipline : "Ce qui se rapproche le plus des valides"

Anthony Chalençon trouve que le ski de fond et le biathlon sont des disciplines plus proches de ce que peuvent faire les athlètes olympiques.

"J’ai fait du ski alpin aussi et, pour le guidage, c’était le même système, indique-t-il. Le guide avait un haut-parleur et je passais derrière lui. La différence c’est qu’il fallait passer dans les portes. Le nordique va moins vite mais je trouve qu’on arrive mieux à s’exprimer en biathlon. Le ski se rapproche beaucoup plus des valides. Alors que quand tu es aveugle en ski alpin, ça ressemble beaucoup moins à du ski alpin. L’alpin m’a apporté de l’engagement, m’a appris à suivre ce fameux son et aussi des qualités sur la glisse."

Valentin Jamin