RMC Sport

Jeux paralympiques 2022: Marie Bochet, objectif plaisir

placeholder video
Huit fois championne paralympique, vingt-deux fois championne du monde, Marie Bochet a régné ces huit dernières années sur le para-ski alpin mondial. La figure de l’équipe de France participe à ses quatrièmes Jeux à Pékin, qui devraient être ses derniers, après avoir songé à arrêter sa carrière. Elle revient sur ses moments de doutes pour RMC Sport.

Un quadruplé en or à Sotchi en 2014, un autre à Pyeongchang en 2018. Avant ces Jeux paralympiques, Marie Bochet a mis la barre très haut. "Peut-être que j’ai déjà fait mes meilleurs Jeux. Enfin, je ne sais pas...", sourit-elle. Mais cette fois-ci, la Tricolore aborde la compétition d’une toute autre manière.

"Conserver toutes ces médailles? Pas forcément. Des choses se sont passées depuis ces derniers Jeux. J’ai évolué, mon ski aussi, mais des jeunes sont arrivées, il y a une concurrence nouvelle", dit-elle. Il y a, surtout, une nouvelle manière de voir son sport pour la skieuse d’Arêches-Beaufort, née avec une malformation de l’avant-bras gauche.

"Il y a eu une grosse réflexion sur ces dernières saisons"

Finie l’époque où elle pensait plus aux podiums qu’à son bien-être. A Pékin, Marie Bochet vient pour performer, oui, mais avant tout pour prendre du plaisir. "Aujourd’hui, il y a d’autres enjeux, assure-t-elle. J’ai surtout envie d’arriver à m’exprimer car ça n’a pas été le cas sur toutes les compétitions jusque-là." Une résolution prise il y a quelques mois, alors qu’elle avait traversé une longue période de doute après Pyeongchang 2018.

"Il y avait des questions bien plus profondes que de simples objectifs sportifs. Savoir quand j’allais arrêter ma carrière, pourquoi je continuais… Il y a eu une grosse réflexion sur ces dernières saisons." A-t-elle envisagé d’arrêter? "Complètement. Continuer, ça voulait aussi dire s’exposer à faire de moins bons résultats. Donc c’était une prise de risque mentale en quelque sorte. J’ai pris la décision de continuer parce que j’ai trouvé les réponses, parce que je suis passionnée de sport, de mon ski. Et j’ai envie de vivre ça au moins pour ces Jeux."

De longues discussions avec ses proches

Elle avoue avoir eu du mal, dès la fin des Jeux de 2018, à se projeter sur Pékin. L’octuple championne paralympique en a parlé avec ses proches, a évoqué cet "égoïsme" du sportif de haut niveau, ses doutes. "Il y aussi d’autres projets qui voient le jour et font leur petit trou, où tu te dis: "Ca commence à vraiment m’intéresser". Des projets pros, perso, un mélange de choses. Quand on grandit et qu’on murit, on va vers d’autres choses aussi. Aujourd’hui, j’ai trouvé les réponses mais ça a été des années très compliquées."

Et pour Marie Bochet, moins de pression ne veut pas dire moins de résultats, en témoignent ses performances lors des Mondiaux de Lillehammer (Norvège) il y a quelques semaines: quatre médailles, dont deux titres. "Marie a toujours été là. Même avec son palmarès et la concurrence elle n'a pas baissé les bras, elle a montré qu'elle faisait partie des meilleures", disait le patron du handisport d’hiver Christian Femy.

"J’ai appris à savoir qui j’étais et ça me fait beaucoup de bien"

Pour se relancer, la Française a exploré de nouvelles choses: l’athlétisme et la boxe à l’INSEP lors de sa préparation, par exemple. "J’ai fait un peu d’accompagnement perso pour répondre à ces questions-là, ajoute-t-elle. Des bilans de compétence aussi pour m’identifier autrement qu’en tant que sportive. J’ai appris à savoir qui j’étais et ça me fait beaucoup de bien aujourd’hui."

Marie Bochet a aussi proposé à ceux qui le souhaitent, familles ou supporters, d’écrire sur sa prothèse pour ces Jeux après avoir pris un "petit coup au moral en apprenant que [ses] proches ne pourraient pas être là", même si elle s’y attendait. Mais l’envie de nouveau est là, le sourire aussi. Et un objectif principal: profiter de ce qui devrait être ses derniers Jeux. Sans pression.

Valentin Jamin