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Jeux paralympiques 2024: "Il y a eu pression par les comités russe et biélorusse", regrette Marie-Amélie Le Fur

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Présidente du Comité paralympique et sportif français, Marie-Amélie Le Fur a voté pour la suspension totale des comités russe et biélorusse ainsi que leurs athlètes pour les Jeux paralympiques 2024, une mesure qui n’a finalement pas été retenue. Elle regrette que certains arguments n’aient pas été entendus.

Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français a voté ce vendredi à Bahrein lors de l’Assemblée générale de l’International Paralympic Committee pour la suspension totale des comités russe et biélorusse ainsi que leurs athlètes pour les Jeux Paralympiques 2024. Cette mesure n’a pas été retenue par 74 voix contre 65. En revanche, le vote pour voir les athlètes paralympiques individuels russes et biélorusses sous bannière neutre à Paris a été validé.

Marie-Amélie Le Fur regrette que certaines démonstrations et arguments n’aient pas été entendus, la bannière neutre ne protégeant pas contre certains faits de manipulation selon elle.



Marie-Amélie Le Fur, quel est votre sentiment en sortant de cette Assemblée Générale en deux temps qui permet aux comités russe et biélorusse de concourir sous bannière neutre à Paris dans un an?

C’est un sentiment de frustration pour ne pas dire de colère de la part du Comité paralympique français. Nous étions amenés à voter deux motions successives. La première, à laquelle nous souscrivions, était de suspendre totalement le comité paralympique russe et ses athlètes pour sa participation aux prochains Jeux Paralympiques 2024. Nous estimions que cette mesure était celle qui permettrait de garantir une neutralité, une sérénité pour les Jeux de Paris 2024. L’assemblée générale en a décidé autrement ce qui nous a poussé à nous positionner en faveur de la bannière neutre. Les questions que cela pose maintenant tournent autour de savoir s’il n’y aura pas de manipulation de la part des comités et des athlètes sous cette bannière neutre. Il appartient au board de l’IPC de s’assurer que les athlètes qui participeront seront neutres et non engagés dans le conflit.

Vous écrivez dans un communiqué que "le risque de manipulation, même sous bannière neutre, demeure non maîtrisable alors que les Jeux paralympiques doivent rester un espace de paix et de neutralité." Pouvez-vous l’expliquer?

Dans les débats qui ont animé l’assemblée générale ont été largement démontré la façon dont le comité paralympique russe et les athlètes paralympiques russes ont enfreint la constitution de l’IPC, cette neutralité, le fait de rester un pays souverain, ses athlètes. Si ça a été le cas depuis un an, nous n’avons aucune garantie que cette manipulation des compétitions qui a été avérée ne se retrouveront pas de nouveau lors des Jeux Paralympiques de Paris. Il y a une annexion d’une partie du territoire ukrainien, la Russie revendique aussi un changement de nationalité d’athlètes ukrainiens. Il y a des faits de manipulations qui ont été prouvés et dont on ne peut pas se prévenir avec la bannière neutre malheureusement.

Vous évoquez aussi des pressions sur certains comités paralympiques….

On ne va pas le cacher. Il y a eu une pression faite par les comités russe et biélorusse sur certains comités paralympiques. Il y a eu des échanges, des appels, des mails, une position qui va à l’encontre complètement de notre constitution. Cette constitution c’est ce qui nous unit au sein du mouvement paralympique. Elle a été bafouée. Malheureusement nous n’avions pas tous la même vision des faits.

L’orientation du Comité International olympique est celle d’une participation sous bannière neutre. Peut-on dire que vous avez suivi cette ligne?

On ne peut pas le dire comme ça. L’IPC a proposé en première motion l’exclusion complète des Russes, Biélorusses et de leurs athlètes. C’était la motion qui était défendue par le board de l’IPC et cette motion de repli était celle de la bannière neutre. N’oublions pas que le comité paralympique était pleinement compétent pour prendre sa décision. En rien la position du CIO n’avait à influer celle de l’IPC. C’est pour ça que nous avons voté en conscience comme nous l’avions fait l’an dernier.

Reste à définir les modalités de participation des athlètes?

Il reste à définir quels sont les critères de la bannière neutre et les garanties qui vont être recherchées pour vérifier que ces athlètes font preuve de neutralité. Tout cela revient au board de l’IPC et aux fédérations internationales qui restent souveraines dans leur décision d’appliquer des demandes complémentaires pour la participation des athlètes russes.

Propos recueillis par Morgan Maury