JO 2018 : Un fauteuil pour trois

Kim, Witt ou Beigbeder pour la victoire mercredi à Durban ? - -
Pyeongchang (Corée-du-Sud) fait chauffer la planche à billets
La candidature sud-coréenne veut absolument contredire l’adage du « jamais deux sans trois ». Malheureuse en 2010 et en 2014 au profit de Vancouver et Sotchi, Pyeongchang entend capitaliser sur sa détermination sans faille à ramener les JO d’hiver pour la troisième fois en Asie après Sapporo (1972) et Nagano (1998), chaque fois au Japon, chez le grand voisin et rival régional. Pour y parvenir, les Coréens n’ont pas lésiné sur les moyens, avec un budget avoisinant les 100 M€. Le travail d’approche avait été préparé par les grands groupes internationaux qui sponsorisent depuis longtemps le CIO et les grandes fédérations d’hiver : Samsung, Hyundai, Korean Air. A tel point que Lausanne a dû rappeler à l’ordre les Coréens, coupables de certaines largesses envers certains membres du CIO. Le dossier asiatique est compact, ambitieux, soutenu mordicus par Séoul, et populaire. A l’international, la promotion a été confiée à la patineuse Kim Yu-Na. Donnés favoris depuis le début, les Coréens ont fait profil bas ces derniers mois, mais ne cachent pas qu’ils veulent décrocher la timbale dès le premier tour. Le président coréen Lee Myung-Bak a fait le déplacement en Afrique du Sud. Un symbole ?
Munich (Allemagne) réclame réparation
L’Allemagne n’a plus organisé les Jeux d’hiver depuis la tristement célèbre édition nazie en 1936 à Garmisch-Partenkirchen. Une parenthèse de 75 ans que Munich est bien décidée à refermer mercredi à Durban. La capitale de la Bavière met en avant son domaine skiable, sa station-phare de Garmisch, théâtre des derniers Mondiaux, sa contribution, tant financière qu’humaine, aux Coupes du monde de la FIS de ski alpin et nordique. L’incertitude née de la contestation anti-JO de certains propriétaires terriens a été réglé au printemps avec la tenue d’un référendum organisé à Garmisch. S’il ne votera pas, Thomas Bach, vice-président du CIO, et candidat virtuel à la succession de Jacques Rogge en 2013, a pesé de tout son poids en faveur de la candidature allemande. Présentée comme le challenger désigné de Pyeongchang, Munich a doublé son budget pour attendre 60 M€. La présence active de Katarina Witt a également été appréciée. Munich cherche absolument à ce qu’il y ait un second tour. Un scenario qui serait favorable à un report de voix des pro-Annecy en faveur de nos voisins d’outre-Rhin. L’Allemagne est représentée par son chef d’Etat, Christian Wulff. Pas d’Angela Merkel à l’horizon.
Annecy (France) joue la carte jeune
Reprenant le slogan des années 70 « La France n’a pas de pétrole, mais elle a des idées », la candidature française a essayé d’innover pour pallier un budget famélique, qui peine à atteindre les 29 M€ annoncés. Sous-équipée en hôtels haut de gamme, la candidature milite pour des Jeux à taille humaine, assumant l’éclatement de ses sites de compétition et de ses villages (4). Un parti-pris jugé risqué par le CIO, mais la nécessité d’entretenir le suspens jusqu’à la fin dans ce duel tripartite a conduit Jacques Rogge à affirmer que les trois villes étaient à même d’accueillir les JO. La défection d’Edgar Grospiron en décembre 2010 a failli être fatale à Annecy, qui a remis son avenir entre les mains de l’homme d’affaires Charles Beigbeder. Encouragé par l’agence de publicité Havas, la candidature a pris le virage digital. Annecy fait un tabac sur Facebook, le DJ David Guetta a bien failli être enrôlé, et c’est la jeune star des X Games, Kevin Rolland, qui aura pour mission d’apporter une touche fraicheur à la présentation française mercredi à Durban. L’exécutif français sera représenté par le Premier ministre François Fillon.
Le titre de l'encadré ici
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Election, mode d'emploi
Sur les 110 membres du CIO, 6 ne prendront pas part au scrutin parce qu’ils sont originaires d’un pays présentant une ville candidate (Guy Drut et Jean-Claude Killy pour la France, Thomas Bach et Claudia Bokel pour l’Allemagne, Kun-hee Lee et Dae-sung Moon pour la Corée du Sud). Six autres membres du CIO n’ont pas effectué le déplacement à Durban, dont Joao Havelange, l'ancien président de la FIFA, qui représente le Brésil. Jacques Rogge, le président du CIO, ne votant pas lors du premier tour, ce sont 97 votants qui prendront part au vote. En cas de majorité absolue (49 voix) d’une candidature, il suffira d’un seul tour pour désigner la ville hôte des JO d’hiver 2018. Sinon, la ville arrivée dernière au premier tour sera éliminée et un second tour opposera les deux dossiers restants. Jacques Rogge et les membres de la ville éliminée pourront alors prendre part au vote. La ville qui aura le plus de voix l’emportera.