JO 2021 - Lavillenie, prénom : Valentin et chance de médaille française à Tokyo

"Je l’appelle l’enfant terrible moi. Il est un peu foufou, a un côté impulsif mais il est devenu plus mature avec le temps." Les mots de Kévin Crovetto, gymnaste monégasque ayant participé aux Jeux olympiques de Rio en 2016 mais surtout meilleur ami de Valentin Lavillenie, résonne dans le cœur et la tête du récent vice-champion d’Europe en salle du saut à la perche. Voir Valentin sur le podium à Torun, en Pologne, au début du mois de mars, planté juste en dessous du monstre et recordman du monde suédois Armand Duplantis, relève presque du miracle.
Ne veut plus être l’éternel deuxième
« "Mon accident a été une des plus belles choses qui me soient arrivées »r française et mondiale de l’athlétisme, Valentin a longtemps joué le rôle du second couteau. Quatre fois vice-champion de France derrière Renaud, une fois en bronze, Valentin l’avoue lui-même: "Avant, quand j’étais sûr d’être deuxième, c’était une finalité. J’étais content et je n’allais même pas au bout de moi-même pour titiller le titre et donc mon frère." Mais le Valentin nouveau est arrivé en 2021. "Je ne m’attendais pas à être champion de France en salle, mais je m’y préparais. J’y ai cru jusqu’au bout. Pour les Europe en Pologne, c’est pareil. Et ça a marché."
"Mon accident a été une des plus belles choses qui me soient arrivées"
Un plafond de verre brisé sur le tard pour Valentin Lavillenie, à 29 ans, et surtout après sa grave blessure au pied gauche en mai 2018. A l’époque, il manque un saut et chute à côté du tapis de réception. Résultat: multiples fractures, une dizaine de vis en métal dans le pied, et des médecins qui doutent même de sa faculté à remarcher normalement dans le futur. "Quand on te dit que le sport c’est fini, que tu n’es même pas sûr de marcher, ça change des choses en toi. Pendant ma convalescence, j’ai enlevé les barrières que j’avais dans la tête. Mon accident a été une des plus belles choses qui me soient arrivées. Bien sûr, ça a été très dur, horrible, long… mais je me suis découvert, et aussi mon entourage à ce moment-là."
Un entourage resserré pour remonter la pente après sa fracture
Renaud Lavillenie et sa femme Anaïs hébergent alors Valentin un certain temps dans leur maison du Puy-de-Dôme. "Je ne remercierai jamais assez mon frère pour ça. Et j’ai découvert un vrai grand frère protecteur à ce moment-là. On a pu parler d’autre chose que de la perche. Il est devenu papa. Maintenant, notre relation est meilleure." Renaud donc mais aussi Kévin Crovetto, son acolyte entre Nice et Monaco, où les deux hommes vivent. Un appui très important pour le champion de France de la perche. Le gymnaste Monégasque est aujourd’hui le confident, et quasi coach mental de Valentin Lavillenie. "C’est le seul à me taper derrière l’oreille quand ça ne va pas. Même quand ça va d’ailleurs (rires)… après chaque compétition, son appartement est un passage obligé pour débriefer."
Valentin Lavillenie a trouvé son équilibre à Nice
Et Kévin Crovetto est ravi de voir l’évolution de son compère. "Il a eu une prise de conscience ces derniers temps. Il est plus mature, je le sens bien dans son équilibre de vie. Il a une copine avec qui il habite, ça joue beaucoup pour un sportif. Il a trouvé son rythme." Autre proche du perchiste, son kiné Martin Cottard apprécie la montée en puissance de l’athlète. "Mentalement, il a pris du recul sur ce qu’il a vécu, son pied et ses échecs…. Je sens beaucoup de confiance chez lui désormais. Il a mis en œuvre des choses sur le plan diététique, la préparation physique. Ca va lui permettre d’aller plus haute encore."
"Tous les jours, je pense à une médaille au Japon"
Objectif champion olympique à Tokyo alors? "Il faut être réaliste, je ne vise pas l’or à Tokyo. Le niveau de la perche est monstrueux en ce moment", avoue Valentin Lavillenie. C’est vrai qu’en 2021, le suédois Armand Duplantis semble imbattable, Renaud Lavillenie est revenu à des hauteurs folles (6m06 cet hiver), le Polonais Piotr Lisek sera là… "Mais tous les jours je pense à une médaille au Japon. On l’a vu aux Europe, Lisek est censé être meilleur que moi, beaucoup d’expérience. Mais le jour-J, je suis devant. Si je suis à mon niveau, je peux finir entre la 3e et la 8e place. Mais je ne veux pas de la 8, 7, 6, 5 ou 4e (sourire)!"
Les Lavillenie au-dessus des Bubka?
Valentin Lavillenie a aussi l’ambition de battre son record personnel de 5m82. "Avec 4 centimètres de plus, cela permettrait aux Lavillenie de devenir la fratrie la plus haute perchée devant les frères Bubka ! Renaud a fait sa part (ndlr : avec 6m16), je veux faire la mienne." Et pourquoi pas voir les deux frères en finale internationale déjà, puisqu’aux Championnats du Monde de Doha en 2019, Renaud s’était arrêté à la surprise générale au stade des qualifications et aux Europe en salle 2021, le grand frère s’était blessé juste avant la compétition. Quoi qu’il arrive, un Lavillenie en cachera un autre, encore une fois à Tokyo.