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JO 2021: pourquoi certains athlètes ont des taches rondes sur la peau

Depuis le début des Jeux olympiques 2021, et notamment des épreuves de natation, les spectateurs ont pu voir certains athlètes arborer de nombreuses taches rondes sur leur peau. Des marques liées au "cupping", ou "hijama", une technique de soins à base de ventouses.

Kyle Chalmers nage vite, très vite même, puisqu’il a décroché ce jeudi la médaille d’argent sur 100m aux Jeux olympiques de Tokyo, derrière la machine Caeleb Dressel. Pourtant, c’est davantage pour une petite particularité physique (ou du moins autant) que pour ses performances, que le nageur australien a vu ces dernières heures son nom circuler sur les réseaux sociaux.

Comme d’autres artistes des bassins, et pas que, Chalmers est arrivé à Tokyo avec de nombreuses taches circulaires sur la peau, allant du rougeâtre au brun, en passant par le violet. Un hommage au maillot du meilleur grimpeur? Une session de bronzage avec un tee-shirt à trous? Une sombre histoire de suçons, comme pendant les années lycée? Non, évidemment.

Le nageur australien Kyle Chalmers
Le nageur australien Kyle Chalmers © Icon Sport

Comme à Rio en 2016 avec Michael Phelps, les athlètes olympiques présentant ces cercles sur le corps sont juste des adeptes du "cupping", ou "hijama", deux noms différents pour désigner une même méthode de soins, à base de ventouses. Une thérapie ancestrale très utilisée au Moyen-Orient ou en Asie, notamment en Chine, et qui s’est développée depuis une bonne dizaine d’années chez les sportifs occidentaux.

Benzema, Joshua, McGregor...

Le principe? On place une multitude de ventouses (des sortes de petites coupes arrondies) sur la peau, la plupart du temps sur le dos ou les zones douloureuses, que l’on fait généralement chauffer (mais pas toujours) pour faire le vide à l’intérieur, et créer un mécanisme d’aspiration. Il existe également une variante avec de très légères incisions sur la peau, qui permet d’extraire un peu de sang en surface. Et, vous l’aurez compris, c’est lorsque l’on enlève ces ventouses que les marques apparaissent, façon dalmatien. Des marques qui peuvent rester quatre ou cinq jours chez certains, jusqu'à plusieurs semaines chez d’autres, en fonction de la peau et de l'intensité de la séance.

Théoriquement, le cupping veut stimuler la circulation du sang et soulager les douleurs sur les zones ciblées, voire même améliorer le sommeil. Est-ce que le procédé est efficace? C’est la grande question. Si l’on en croit les adeptes de la technique, c’est le cas.

"C’est mon secret depuis plusieurs mois pour rester en forme, assurait à Rio le gymnaste américain Alex Naddour. C’est mieux que tout l’argent que j’ai dépensé pour tester d’autres choses…" Depuis, de nombreux autres sportifs ont essayé, et approuvé. C’est le cas du boxeur anglais Anthony Joshua, du combattant irlandais Conor McGregor ou du footballeur français Karim Benzema. Régulièrement, l’attaquant du Real Madrid publie sur les réseaux sociaux des vidéos ou des photos de son corps après une session d’hijama. Et semble convaincu des bienfaits.

La communauté scientifique est elle beaucoup plus réservée sur le sujet. "Il y a évidemment des clients satisfaits depuis 3.000 ans, expliquait il y a quelques années à la BBC Edzard Ernst, professeur au département de médecine complémentaire de l’Université d’Exeter. Mais il n’y a aucune preuve de son efficacité. La méthode n’a pas été soumise à des essais cliniques." David Colquhoun, professeur de pharmacologie à l’Université College de Londres, parlait lui au mieux de technique avec un effet placebo, au pire de charlatanerie. "On ne fait que tirer de la peau, cela n’affecte pas le muscle", observait-il dans le même article. Les spécialistes s’accordent en revanche sur le fait que le cupping ne présente pas de danger notable en prenant un minimum de précautions. Il n’y a donc pas de mal à tenter de se faire du bien.

https://twitter.com/clementchaillou Clément Chaillou Journaliste RMC Sport