JO 2021 (VTT): comment les Bleues ont-elles pu manquer l’immanquable ?

"Autant les garçons ce n'était pas un échec car on était outsiders, autant oui aujourd’hui c’est un échec qui est dur à encaisser pour tout ceux qui ont contribué à cette aventure." Quelques minutes après le triplé suisse sur l’épreuve olympique de VTT, Christophe Manin, DTN à la FFC était déçu et amer en regardant les performances de Loana Lecomte (6e) et de Pauline Ferrand-Prévot (10e)
Car Loana Lecomte, vainqueur des quatre épreuves de Coupe du monde cette saison, disposait d’un statut d’ultra-favorite du haut de son trône de numéro 1 mondiale. On a pourtant assez vite compris que la Haut-Savoyarde de 21 ans, ne serait pas dans le match pour la médaille sur la piste de VTT d’Izu. "J’ai eu du mal à me mettre dedans niveau physique j’ai mis du temps à trouver des sensations pendant un tour et demi a expliqué Loana Lecomte au micro de RMC à l’arrivée, les larmes aux yeux, et submergée par l’émotion. J’avais mis tout en place avec mon entraineur pour être en forme aujourd’hui tout fait pour ne pas avoir de regrets mais du fait de mon jeune âge j’ai peut-être un peu trop dépensé d’énergie avec le stress de mes premiers JO."
Peut-être aussi Loana Lecomte a-t-elle vraiment pêché physiquement par rapport à des filles qui avaient moins couru qu’elle cette saison. Professionnelle depuis moins d’un an elle avoue avoir été moins bien aujourd’hui: "Mais je n’étais pas non plus collée. J’avais une forme correcte mais pas la même que les autres fois."
Une sensation partagée par le double champion olympique Julien Absalon: "Loana était moins saignante aujourd’hui. On a senti que son plateau de forme commençait à se tasser." Ce qui fait se poser des questions à Christophe Manin. Sur le mode de préparation et la façon dont Loana Lecomte a appréhendé ces JO. "La préparation terminale a été bien faite, et il n’y avait aucuns signaux qui annonçaient que ça pouvait mal se passer", regrette le DTN.
"Mais interrogeons-nous sur la programmation de la saison, sur le pic de forme de Loana qui était sur le pont et dominait et gagnait tout en 2021. Aujourd’hui elle a moins dominé et les autres étaient à leur top niveau. Je ne peux pas augurer de ce qui va ressortir des débriefings à chaud ce soir et à froid dans quelques semaines, mais les sportifs courent la coupe du monde, c’est important pour leurs teams (marques privées) de performer et de marquer des points tout le temps. Après quand on voit les Suisses, on peut se demander si c’était voulu de prendre le début de saison piano pour être en forme maintenant".
Début de réponse de Loana Lecomte: "L’entraînement, ce n’est pas une science exacte. On ne peut pas dire ce jour-là à 15h je vais être au top de ma forme. Jolanda Neff c’est une fille d’expérience qui sait très bien se préparer."
PFP, la chute ... puis la crevaison
Concernant la 10ème place de Pauline Ferrand-Prévot, les explications sont plutôt à chercher dans les faits de course en sa défaveur. Très bien partie, la double championne du monde en titre était à la lutte avec la Suissesse Jolanda Neff en tout début de course, quand après 12 minutes, et alors que les filles étaient encore dans le premier tour, PFP est partie à la faute et a chuté sur un pierrier. "J’ai freiné pour éviter de percuter Jolanda. Mais j’ai glissé sur des rochers et mon vélo est descendu tout en bas du pierrier. Il a fallu que je descende tout le mur pour aller le chercher. C’était pas un gros moment de plaisir. Mais avec Jolanda c’est toujours chaotique, et si je freine pas on finit toutes les deux dans le décor". Un incident qui va coûter très cher selon son compagnon Julien Absalon, double champion olympique. "Le vélo resdescend, elle y va, et avec les chaussures en carbonne elle a du mal à remonter. Dans une autre situation ca aurait été comique mais là c’était catastrophique car sur une petite chute de rien du tout elle perd 30 secondes."
Et toute chance ou presque de décrocher à ce moment là le titre olympique. Mais PFP ne se démobilise pas et parvient à repasser en deuxième position quelques minutes plus tard quand le sort s'acharne de nouveau. "J’ai crevé tout au fond du circuit donc et j’ai du rouler un moment avec un pneu à plat dans des descentes et montées. Une crevaison arrière en plus ca met du temps à changer la roue. Mais c’est une erreur technique de ma part, j’ai peut être pas pris la trajectoire au bon endroit et puis voilà. Sur un caillou, sur un pierreier j’ai entendu un bruit. Je pensais que j’avais perdu de l’air et en fait c’était une crevaison lente " La Rémoise de 29 ans pense alors plusieurs fois à abandonner: "Mais je me suis dit que j’avais pas le droit car c’était les JO."
D'autant que si l'on cherche un peu de positif, on le trouvera en interrogeant pour le coup l'état de forme de FPF aujourd'hui. Au fond du gouffre après son échec à Rio, elle avait dû se remettre mentalement et physiquement d'un échec retentissant lors de ces JO en 2016. Opérée à deux reprises pour des soucis de sciatique et de pression artérielle, elle est pourtant revenue à son meilleur niveau en 2021. "Elle était en forme", abonde son compagnon Julien Absalon. "Les relevés de puissance ne mentent pas elle n’a jamais été à ce niveau là de performance. Elle avait l’air sereine. C'est juste La poisse quoi." PFP promet qu'elle reviendra à Paris en 2024 encore pour gagner l'épreuve de VTT.