JO 2024 (gymnastique): "Simone a créé mon compte Insta", ce Français caché derrière les médailles de Biles

Il a seulement manqué 33 centièmes de points à Simone Biles pour quitter Paris avec une quatrième médaille d’or autour du cou. Après sa chute ce lundi matin à la poutre, l’Américaine s’est contentée de la deuxième place au sol dans l’après-midi, devancée d’un rien par la Brésilienne Rebeca Andrade (14,166 contre 14,133).
"J’espère que les dixièmes qui lui manquent ne sont pas à cause de la chorégraphie", s’inquiète Grégory Milan.
"Elle a besoin d'observer"
Depuis décembre dernier, cet ancien danseur français intégré à l’école de danse l’Opéra de Paris dès ses 11 ans, est chargé de mettre au point la nouvelle chorégraphie de la superstar américaine. Une proposition de ses entraîneurs, également français, Laurent et Cécile Landy. Ces derniers avaient été séduits par son travail auprès de l’équipe de France de gymnastique qui le salarie à 80%. Il s’était ainsi rendu aux États-Unis pour mettre au point "le sol" de la leader des Bleues, Mélanie de Jesus dos Santos, partenaire d’entraînement de Simone Biles. L’occasion de prendre le pouls de la championne américaine.
"Simone n’est pas quelqu’un de méfiant mais elle a besoin d’observer, d’avoir confiance, de sentir quelque chose", explique Grégory Milan à RMC Sport. "Quand elle a vu le début du travail, elle a aimé mon énergie et ma façon de faire. On a eu un super rapport tous les deux parce qu’on a tous les deux des côtés de folie avec des craintes, des passés un peu similaires. Beaucoup de choses nous rassemblaient."
Marquée par les JO de Tokyo 2021 où elle avait déclaré forfait pour le concours général en raison d’une pression mentale trop forte, l’athlète de 27 ans a remonté la pente avec le Stéphanois à ses côtés. Il l’a rencontrée physiquement à deux reprises pendant deux semaines à chaque fois, en prodiguant, le reste du temps, de nombreux conseils à ses entraîneurs après les compétitions. Ensemble, ils ont ainsi mis en place une nouvelle approche au sol.
"Je ne voulais pas faire une 'choré' comme tout le monde avec des gestes dans tous les sens, je voulais faire quelque chose de plutôt sobre", explique-t-il.
Et le travail a payé avec trois titres olympiques, dont celui du concours général lors duquel il a retrouvé sa patte. "Elle a été superbe, très juste, il fallait qu’elle finisse sa diagonale et qu’elle mette du sourire. Je voulais montrer dans la gestuelle qu’elle était la reine, qu’elle n’avait pas besoin d’en faire des tonnes et simplement dire: ‘c’est moi la patronne’. Je voulais qu’on la voit d’une autre manière, qu’on la voit plus femme, moins enfant, qu’elle passe à un autre statut, c’est-à-dire à celui d'une femme d’affaires, une femme mariée et qu’elle dise: ‘c’est moi, personne ne va parler à ma place’."
"Elle m'a dit qu'elle m'aimait"
Le Stéphanois s’est aussi adapté aux envies de la gymnaste la plus titrée du monde (11 médailles olympiques, 23 championnats du monde). "Simone revenait après ce qu’il s’est passé au Japon, on sentait qu’elle avait une appréhension forte", situe-t-il. "J’étais parti sur complètement autre chose, elle a voulu choisir la musique donc je suis parti sur autre chose. Si c'était à refaire, je referais mais on ne se connaissait pas, c’était la première fois qu’on se voyait donc il fallait aussi que chacun y trouve son compte."
"Elle m’a dit qu’elle aimait beaucoup Taylor Swift, Beyoncé, elle voulait le faire là-dessus. Ca se respecte, c’est elle qui va faire le travail au sol."
"La musique, c’était son choix", poursuit-il, visiblement pas très fan. "Après on a parlé du mouvement, de ce que je voulais et ça lui allait parce que ça lui permettait aussi d’être vraiment bien pour partir dans ses diagonales."
S’il n’était pas accrédité pour suivre ses compétitions puisqu’il l’est pour le compte de l’équipe de France de gymnastique, Grégory Milan a tout de même reçu des nouvelles de Simone Biles. "Elle m’a dédicacé une photo en disant qu’elle adorait sa routine, elle m’a écrit des messages pour me dire qu’elle m’aimait beaucoup et qu’elle me remerciait", savoure-t-il. "Je suis ravi et ce qui compte, c’est qu’elle soit heureuse et qu’elle ait été bien pour entreprendre ses diagonales."
"C'est Simone qui a créé mon compte Instagram"
Celui qui ne veut surtout pas être présenté comme un chorégraphe mais comme préparateur corporel et artistique a adoré sa personnalité. "Quand elle est dans la salle avec ses autres collègues, elle se comporte comme les autres, vous ne pensez pas que vous êtes en train de voir la plus grande gymnaste du monde. Elle n’est pas du tout dans la prétention mais elle est très moqueuse et c’est ce qui fait son charme."
Elle est aussi soucieuse de partager la lumière. "C’est Simone qui a créé mon compte Instagram", sourit Grégory Milan. "Elle a pris mon téléphone avec Mélanie et elles l’ont fait toutes les deux. Simone m’a dit: ‘il faut te faire connaître et avec moi tu vas te faire connaître’."