JO 2024: "Nous avons copié le système des pays du bloc de l'Est", un témoignage du docteur Fuentes remet en cause le "chef de mission" de la délégation espagnole

Ces dernières années, le docteur Eufemiano Fuentes déclarait qu'il pouvait faire "tomber" des athlètes médaillés lors des Jeux olympiques de Barcelone en 1992. Le groupe allemand ARD s'est procuré des enregistrements du sulfureux médecin, réalisés en caméra cachée et disponibles dans un documentaire dès ce vendredi, où il explique son rôle lors de la compétition.
Eufemiano Fuentes a indiqué avoir reçu un ordre assez simple du gouvernement espagnol: "Faites ce que vous avez à faire, mais nous voulons des médailles". Le docteur devait répondre à deux consignes: la première était de réussir à éviter les contrôles positifs et la seconde de ne causer aucun problème de santé aux athlètes.
Pour mener à bien sa mission, Fuentes a donc - selon ses dires - "travaillé dans l'ombre pendant quatre ans". Médecin référent du centre d'entraînement de Madrid, il a côtoyé les meilleurs sportifs du pays, de plusieurs disciplines. Toutefois, il ne devait logiquement pas être associé aux réussites sportives de ces mêmes athlètes.
Pour l'Espagne, l'enjeu était de trouver de jeunes talents en amont des JO de 1992 et de les préparer en vue de cet événement. "Nous les avons recrutés, préparés techniquement, entraînés physiquement et aidés médicalement afin qu'ils puissent donner le meilleur d'eux-mêmes", a confié Fuentes. "Nous avons copié le système des pays du bloc de l'Est."
Le "chef de mission espagnol" aux JO de Paris 2024 mis en cause
Eufemiano Fuentes privilégiait ainsi le dopage sanguin qui était "plus sûr, plus propre et plus facile". "Votre propre sang, qui a été prélevé bien avant, est à nouveau perfusé peu avant la compétition", a-t-il expliqué, minimisant le rôle de l'EPO par exemple. Fuentes a parlé notamment de son travail auprès de Cayetano Cornet lorsqu'il était athlète. Cet ancien coureur de 400m s'est retrouvé ensuite au sein du Comité olympique espagnol.
Depuis les JO de Turin, Cayetano Cornet est le "chef de mission" des équipes olympiques espagnoles. Il doit encore occuper son poste lors des Jeux olympiques de Paris. "C’est le meilleur chef de mission qui soit. Mon devoir est de défendre le sport espagnol et Cayetano Cornet", a balayé Alejandro Blanco, le patron du comité olympique espagnol, auprès de la presse espagnole.
L'Espagne avait elle réalisé son meilleur bilan historique à Barcelone en 1992. Lors du Tour de France 2006, Fuentes s'était retrouvé au cœur de l'affaire Puerto, le sortant en quelque sorte de l'ombre. Jan Ullrich, son principal client, avait été exclu de l'épreuve.
Par la suite, devant les tribunaux, Fuentes avait admis qu'il s'occupait de plusieurs sportifs dont des cyclistes, des footballeurs, des boxeurs, des tennismen ou des athlètes (athlétisme). Les autorités ont eu écho des noms, sans les donner, mais il n'y avait plus aucun moyen légal de les poursuivre ou de les condamner. Enfin, Fuentes a assuré qu'il n'était plus actif dans le sport, lui qui approche des 70 ans. "Je sais que d'autres le font. C'est comme ça", a-t-il philosophé dans une forme de conclusion.