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JO Alpes 2030: divergences en interne, nouveau favori pour la présidence... Les coulisses du retentissant retrait de Martin Fourcade

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Pressenti pour être le patron du comité d'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2030, soit le Tony Estanguet des Alpes françaises, Martin Fourcade a décidé ce lundi de jeter l'éponge. Pourquoi? Et qui va prendre le poste désormais? Explications.

La période est décidément agitée dans les Alpes. Après plusieurs mois de discussions et de tensions, le sextuple champion olympique de biathlon Martin Fourcade a décidé de se retirer de la course à la présidence du comité d’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2030, alors qu’il était le grand favori pour devenir le Tony Estanguet des Alpes françaises. Quelles sont les raisons de ce revirement et surtout que va-t-il se passer dans les prochaines semaines? 

Des divergences sur la méthode "Alpes 2030" 

"Il ne veut pas, il ne veut pas. On en prend acte et on passe à autre chose. Il faut reconnaître que l'on a eu quelques difficultés avec sa candidature: il voulait la même rémunération que monsieur Estanguet, les Jeux d’hiver ce ne sont pas les Jeux d’été. On a eu quelques difficultés pour qu'il accepte le passage devant la Haute autorité", assure Renaud Muselier, président de la région Sud (Paca). Avant d'ajouter: "Je suis un peu à l'initiative des Jeux très modestement car on les avait lancés en janvier 2022. On a été désigné cet été, il a mis six mois pour me téléphoner. Au bout d'un moment s'il ne veut pas, il ne veut pas. C'est un très grand sportif de très haut niveau, respect pour son parcours, son savoir-faire et ce qu'il a fait pour la France. Mais c'est un grand solitaire, il n'arrive pas à faire un collectif, c'est dommage".

Si la rémunération de Martin Fourcade a été un sujet au début des discussions, cela ne l'était plus forcément depuis un moment, d'après nos informations. Ce qui ressort des positions des uns et des autres, c'est qu'il y avait des divergences sur l'organisation de ces Jeux olympiques 2030: le siège du Cojo, l'articulation de la cérémonie d'ouverture, ou encore la carte des stations hôtes de sites de compétition...

D'un côté, le sextuple champion olympique de biathlon et ses convictions pour les Alpes françaises, et de l'autre les (ex)présidents de Région, Laurent Wauquiez et Renaud Muselier, à l'aura importante dans le processus express de candidature Alpes 2030 et qui auront un rôle clé au sein du conseil d'administration jusqu'en 2030. 

"On était globalement à peu près tous d'accord sur sa candidature, cela ne posait pas de problème. Pour nous, pour que les Jeux soient réussis, il nous faut un budget national, et après il faut trois outils administratifs. Le Dijop, c'est-à-dire le délégué interministériel, ça on l'a. Deux: les statuts du comité d'organisation, un président à ce Cojop, et il faut un directeur général (la démarche de recrutement a été faite, NDLR). Le 3e outil, c'est la Solideo, l'organisme qui livre les Jeux. Les statuts ont été validés par le Conseil d'Etat. On suit notre feuille de route malgré les aléas nationaux", appuie Renaud Muselier. 

Edgar Grospiron en pole ?  

Face à ces hésitations et ces divergences existantes depuis un moment, il se murmure que certaines parties prenantes auraient déjà anticipé la suite. Le retrait de Fourcade pourrait favoriser des envies à d'autres sportifs qui ne s'étaient pas positionnés par respect. Un profil est déjà ciblé pour devenir le futur patron d'Alpes 2030. Son nom revient avec insistance depuis la semaine dernière: le premier champion olympique de ski de bosses, Edgar Grospiron.

Ancien directeur général de la candidature d'Annecy 2018 (candidature battue par Pyeongchang, NDLR), et plutôt loin des pistes ces dernières années, son profil semble poussé par les régions selon nos informations. "Paradoxalement le départ de Martin Fourcade libère la parole des sportifs. Il gelait un peu la situation en fait. Un certain nombre de sportifs de haut niveau sont intéressés. On est en train de faire le tour. On va voir qui sort dans les choix proposés. On veut le sportif qui rassemble le plus, toutes disciplines confondues, à commencer par l'hiver", détaille Renaud Muselier. Les candidatures de Marie Martinod et Vincent Jay ne sont pas mises de côté, et d'autres profils seront également à l'étude dans les prochains jours. 

Le retrait de Fourcade, un effet domino ? 

Alors qu'il était soutenu par l'ensemble du mouvement sportif, le retrait de Martin Fourcade peut-il rebattre les cartes dans l'organisation du futur Cojop? Certains athlètes qui avaient commencé à s'investir dans le projet derrière le sextuple champion olympique de biathlon pourraient réfléchir à leur position.

Dans l'organisation, certains profils déjà validés pourraient aussi être remis en cause d'après nos informations. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique rendra son avis d'ici au 18 février. Date du lancement officiel du Cojop, qui quoiqu'il arrive ne bougera pas. 

Anthony Rech