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Paris 2024: la natation synchronisée ouvre les portes des JO aux hommes

Quentin Rakotomalala

Quentin Rakotomalala - AFP

Jeudi, World Aquatics a annoncé l’inclusion des hommes dans les équipes de ballet de natation synchronisée pour les Jeux olympiques 2024 à Paris. Chaque formation de huit pourra accueillir au maximum deux hommes. Une avancée réclamée depuis longtemps et saluée par le monde français de nat synchro.

Ils sont une poignée dans le monde. Quelques solitaires des bassins qui vont pouvoir toucher le rêve olympique en se fondant dans des collectifs féminins. World Aquatics a mis fin à un cas rare du sport. Il n’y a que la gymnastique rythmique qui reste à l’heure actuelle encore réservée aux femmes : "C'est un jour de célébration pour ceux qui ont fait campagne pour l'inclusion des hommes dans ce sport aux Jeux olympiques et qui ont été les pionniers de la participation des hommes" a écrit l’instance qui régit la natation mondiale dans un communiqué. Quentin Rakotomalala, médaillé de bronze au dernier Euro dans l’épreuve du solo s’est réjoui de ce virage : "C’est l’évolution que notre sport mérite. On se bat depuis des années pour que les hommes participent aux JO. C’est un rêve devenu réalité, un grand pas pour notre sport."

Les Bleus avec ou sans Quentin Rakotomala aux Jeux de Paris ?

Des pionniers comme l’Américain Bill May, champion du monde 2015 en duo mixte et désormais retraité, ont longtemps milité pour mettre fin à cette anomalie : "L'inclusion des hommes dans la natation artistique olympique était autrefois considérée comme un rêve impossible. Grâce à la persévérance des nageurs et au soutien de tant de personnes, tous les athlètes peuvent se tenir côte à côte de manière égale, et viser la gloire olympique."

Les garçons devront intégrer une équipe de 8 avec un maximum de 2 garçons pour 6 femmes dans la piscine de Saint-Denis. Dans la mécanique de précision de la nat synchro, des formations tenteront-elles le pari de faire rentrer des garçons à moins de 2 ans de l’échéance olympique ? Pas sûr de voir Quentin Rakotomala rejoindre le ballet bleu pour 2024.

Le chœur aquatique français, triple médaillé de bronze au dernier Euro après une longue absence des podiums, travaille sur le projet Paris depuis la désignation de la capitale comme ville-hôte en 2017. Laure Obry, l’une des coaches de l’équipe de France : "On a un collectif de nageuses vraiment performant, sur une ligne directrice qu’on veut homogène. Quentin est le seul garçon qui a nagé pour l’équipe de France. Aujourd’hui il ne s’entraîne pas avec nous à l’Insep. L’objectif de Paris 2024, ça fait sept ans qu’on travaille dessus. On travaille avec les filles, on en a intégrées des nouvelles, on réajuste un projet de base dans lequel il n’y avait pas de garçon. C’est tout frais, on ne pouvait pas composer un projet avec eux. Il faut se poser, voir ce qui est possible. Ca me semble un peu court pour Paris 2024. La sélection se fera l’année prochaine. Je ne peux pas vraiment répondre mais c’est vrai que ça bouleverse un projet initial à un an et demi des JO."

Laure Obry : "Les garçons arrivent en nombre"

A 19 ans, le licencié de Pays d’Aix ne s’en offusque pas. Dans l’Hexagone, il est le seul nageur de haut-niveau, souvent seul sur les podiums des compétitions nationales. Il est encore junior cette saison. Il sera aligné aux Mondiaux senior en juillet à Fukuoka puis à l’Euro de sa catégorie d’âge. Il aimerait que World Aquatics soit un peu plus généreuse avec les garçons. Voir le duo mixte comme c’est le cas déjà aux Mondiaux, ou une épreuve rien que pour les hommes. Peut-être en 2028. Le temps et les images de Paris 2024 pousseront peut-être en ce sens.

Certains pays, mieux fournis en pratiquants masculins, ont déjà essayé des compositions avec des garçons dans l’épreuve "highlight" qui fait la part belle aux portés, où la force physique des hommes est un avantage. L’appel d’air provoqué par les JO 2024 devrait briser quelques clichés et pousser des garçons à franchir les pédiluves des clubs de natation : "On pourra montrer qu’il n’est pas pratiqué que par des femmes" appuie Rakotomalala. "La venue des garçons dans la synchro je trouve ça super, sourit Laure Obry. Il y a toujours eu des garçons forts mais ils étaient peu nombreux. Ils arrivent en nombre. C’est une opportunité pour qu’ils prennent leur place. Ça fait sept ans qu’on essaye d’ouvrir aux garçons avec un programme spécifique avec des duos mixtes et ça commence à prendre." Quentin Rakotomalala ne sera bientôt plus seul dans les bassins.

Morgan Maury avec Agathe Phelip