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Sept candidats au départ, à la fin il n’en restera qu’un: conclave, téléphones interdits, élimination tour à tour... dans les coulisses du vote à huis clos du CIO

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C’est une élection capitale. Une élection qui permet de désigner l’un des hommes les plus puissants du monde sportif, avec des pouvoirs proches d’un chef d’Etat. Ce jeudi, en Grèce, lors de la 144e session du Comité international olympique (CIO) sept candidats visent le poste suprême, dont le Français David Lappartient. Mode d’emploi d’un scrutin digne d’un conclave du Vatican.

Un nouveau patron pour le CIO. Ce jeudi après-midi sera élu le nouveau président du comité international olympique. Cette élection, pour choisir le successeur de Thomas Bach (71 ans), se déroule en Grèce, au cœur d’un grand complexe hôtelier qui borde la mer Ionienne. Officiellement, la passation de pouvoirs entre Thomas Bach et le prochain patron (ou patronne) de l’instance n’aura lieu que le 23 juin. Cette journée, spéciale pour les sept candidats, est aussi l’aboutissement de plusieurs mois de campagne dans l’ombre. Où les débats sont interdits, les prises de paroles scrutées et les sondages inexistants. Toutes ces mesures, très strictes, respectent vigoureusement la charte d’éthique du CIO.

Les profils des sept candidats sont très différents. Le Britannique Sebastian Coe est le personnage le plus connu du grand public. En face, l'Espagnol Juan Antonio Samaranch Junior connaît le CIO par cœur. Enfin, la Zimbabwéenne et ancienne nageuse Kirsty Coventry peut s’appuyer sur son expérience d’ancienne sportive pour séduire les 109 membres de l’instance, ainsi que son envie de devenir la première femme présidente du CIO. De son côté, David Lappartient poursuit son chemin. Il peut notamment mettre en avant sa présidence du comité olympique français en pleine turbulence, sa gestion de Paris 2024 et surtout ses années de présidence de l’Union Cycliste Internationale (UCI). Les spécialistes de l’institution rappellent quand même qu’aucun candidat "ne fait l’unanimité" depuis plusieurs mois. Cette incertitude rend l’élection du jour passionnante.

Le CIO en conclave

A partir de 15h (heure française) le CIO va entrer dans un autre monde. Un conclave comme au Vatican, avec quelques différences à la marge. Pour la première fois depuis l’élection de Thomas Bach en 2013, l’instance se replonge dans un monde où tous les coups sont permis pour obtenir le poste. A l’abri des regards, et surtout des médias, la centaine de membres de l’instance va prendre place pour éliminer tour après tour un candidat, avec l’objectif d’en désigner un à la majorité absolue. Le candidat qui termine à la dernière place des différents tours est éliminé sans discussion possible. L’élection peut donc aller jusqu’au sixième tour. C’est Thomas Bach en personne qui annonce le candidat qui doit quitter l’élection après chaque tour.

La difficulté pour ceux qui restent en lice? Les résultats ne sont pas annoncés. Personne ne peut donc connaitre le candidat arrivé en tête lors des différents tours. Ce qui rend le report de voix assez difficile. Même si le CIO n’a jamais été jusqu’à un sixième tour pour élire son président, l’élection du jour se prépare avec une incertitude très importante. Autre donnée à prendre en compte, l’abstention des membres du CIO pour un pays représenté par un candidat. Tant que David Lappartient est en lice, Guy Drut, Martin Fourcade et Jean-Christophe Rolland, membres français de l'instance, ne pourront pas participer au vote. Le premier tour devrait compter autour d’une centaine de votants. En cas d’égalité, Thomas Bach pourra se mêler au vote pour choisir le futur président.

Des favoris, mais tout est possible!

Détacher des favoris dans cette élection est une mission difficile, même impossible. Parmi les sept candidats, deux candidats semblent se détacher selon les derniers bruits: l’Espagnol Juan Antonio Samaranch Junior et la Zimbabwéenne Kirsty Coventry. Le Français David Lappartient est considéré comme un outsider assez sérieux, tout comme le Britannique Sebastian Coe. Pourquoi cette difficulté à donner des favoris? Tout simplement parce que les membres du CIO ne donnent jamais un avis définitif lors des rencontres avec les candidats.

C’est même une difficulté pour les sept personnes en lice à l’obtention du titre suprême. Ne jamais se fier aux apparences lors des meetings en tête à tête avec les membres du CIO. Ils ont toujours un petit mot sympathique pour rassurer les différents candidats, c’est toujours du positif. Sauf que le jour de l’élection, les surprises sont nombreuses. Tous les participants à cette élection peuvent donc penser pendant de longues semaines qu’ils ont des chances de prendre la place de Thomas Bach. Réponse en fin d’après-midi ce jeudi. Le président élu prendra la main pour un mandat de huit ans, soit jusqu’en 2033.

Nicolas Pelletier à Costa Navarino (Grèce)