"Stupeur, interrogation et incompréhension totale": Marie-Amélie Le Fur dénonce la réintégration de la Russie au comité international paralympique

"Ça a été un peu la stupeur, l’interrogation et l’incompréhension totale", souffle Marie-Amélie Le Fur. Si elle admet que la non-exclusion totale de la Russie et du Bélarus n’était "pas véritablement une surprise", elle s’étonne en revanche du rejet du maintien de la suspension partielle en vigueur depuis l’automne 2023.
"On n’était effectivement pas du tout favorable au rejet de cette motion. Nous l’avons soutenue, parce qu’on estime que c’est un bien fondé pour le mouvement paralympique, pour des mesures d’équité, pour des mesures de véritable neutralité. Donc ça a été une vraie stupéfaction", insiste la triple championne paralympique.
Des débats jugés trop timides et un consensus fragilisé
Pour la présidente du CPSF, les discussions internes à l’IPC n’ont pas permis de clarifier les positions. "Je n’ai pas eu l’impression que les débats étaient plus appuyés, plus animés que la dernière fois. Je pensais que les positions restaient assez cohérentes, où la punition ne devait pas s’appliquer sur les athlètes en tant que tels", explique-t-elle.
Pourtant, les conditions alors posées par l’IPC, notamment "la neutralité militaire des athlètes qui participent aux Jeux paralympiques", semblaient offrir "des garanties qui faisaient consensus au niveau international".
Une porte ouverte pour Milan-Cortina mais un risque d’iniquité
Avec cette décision, les athlètes russes et bélarusses voient s’ouvrir une possibilité de participation aux Jeux de Milan-Cortina (6-15 mars 2026), sous leurs drapeaux et hymnes respectifs. Mais la balle est désormais dans le camp des fédérations internationales, qui gardent la main sur les processus de qualification et dont certaines continuent à bannir ces sportifs.
Un mécanisme qui inquiète fortement Marie-Amélie Le Fur: "On va avoir une inéquité du positionnement et on va avoir un mouvement sportif et paralympique qui va être fracturé, puisque la décision n’appartient plus à l’IPC, elle va redescendre au niveau des fédérations internationales."
Des questions fondamentales toujours sans réponse
Au-delà de la décision immédiate, la présidente du CPSF déplore l’absence de réponse aux motifs qui avaient justifié la suspension partielle en 2023: "manquements à la charte", "dopage" ou encore "dynamique indépendante qui devait se mettre en place". Pour elle, rien n’a véritablement changé depuis.
"C’est plutôt ça qui me questionne. Est-ce qu’on aura une véritable équité des sportifs, de leur capacité de préparation?", s’interroge-t-elle, redoutant que le principe d’équité, pilier du mouvement paralympique, ne soit fragilisé à long terme.