Tennis de table: à Houston, les Bleus rêvent de tête dans les étoiles

Emmanuel Lebesson et Jia Nan Yuan - AFP
Tunis, Slovénie, Etats-Unis puis Singapour pour les meilleurs, les joueurs de tennis de table ne soufflent jamais. A l’heure d’aborder ces premiers Mondiaux post-Jeux olympiques, les raquettes sont pleines de sueur et les esprits aussi essoufflés que les corps. Pas le moment de lambiner. A Houston, lieu original pour les pongistes - plus habités à l’Europe et à l’Asie - il s’agit de poser des pierres pour Paris 2024 et confirmer la croissance du ping tricolore.
A Tokyo, la paire Emmanuel Lebesson-Jian Nan Yuan a terminé au pied du podium en double mixte. Simon Gauzy a fait trembler le Chinois Fan Zhendong (défaite 3-2), ex numéro 1 mondial, lors du quart de finale par équipe. Et les féminines ont scellé une médaille de bronze historique lors de l’Euro par équipes, une première depuis 1962. Ça frétille dans les rangs français avec aussi la pépite Prithika Pavade, 17 ans, absente en raison de son classement, et redoutable ces dernières semaines.
Dans le Texas, Ma Long, le double champion olympique du simple hommes, et d’autres cadors de l’empire de la table rectangulaire manqueront à l’appel. La jeune vague rouge sera envoyée au feu pour tester son cuir en vue des prochains Jeux olympiques. La muraille restera très solide avec cinq représentants des meilleurs nations par tableau.
Gauzy de nouveau sur une pente ascendante
"C’est plus dur de faire une médaille aux monde qu’aux JO, détaille Simon Gauzy, 18e mondial. Il y a cinq Chinois contre deux aux Jeux. En 2019, je fais quart de finale en battant un Chinois. La pression est différente. On sait que les nouveaux Chinois sont forts mais arriveront-ils à se dire qu’ils doivent prendre la relève en l’absence de leur tête de gondole? Il y a pas mal d’obstacles avant. Je ne peux pas penser tout de suite aux Chinois, il faut y aller étape par étape."
Après un coup de mou post-JO, le leader tricolore revient fort: quart de finale en simple en Slovénie et finale en mixte avec Pavade. Ce fan de NBA aimerait s’autoriser une petite sortie pour voir les Rockets. "Ce n’est pas un nouveau Gauzy mais il a plus de qualités et moins de défauts, juge Patrick Chila, le boss des garçons. Il fait partie des tout meilleurs, il relativise davantage, il est papa. Il fait des bons choix au niveau du calendrier, il a une vision un peu plus à long terme qu’il ne pouvait l’avoir."
Le double mixte le mieux placé
C’est vers le double mixte que les regards se tournent. Emmanuel Lebesson et Jia Nan Yuan ont senti la breloque dans le Tokyo Taikukan l’été dernier. Il y a 10 jours, ils ont confirmé en remportant un tournoi en Tunisie. "Aux JO, on a pris conscience du niveau du double mixte car on ne le pensait peut-être pas aussi proche de la médaille", selon Emmanuel Rachez le responsable de la cellule 2024. Patrick Chila estime que ce résultat a fait passer le ping pong parmi les sports médaillables en 2024, alors qu’il ne l’était pas avant Tokyo. Cette paire va être mise en concurrence avec celle Gauzy-Pavade et d’autres.
Pavade, la grande absente, a un peu dynamité ce groupe féminin. Avec Jia Nan Yuan, le collectif progresse et l’historique médaille de l’Euro par équipe a ouvert l’appétit de Pauline Chasselin, alignée à Houston, et ses coéquipières. "On a une équipe de France assez concurrentielle rappelle la Lorraine. On le savait mais d’avoir pu faire une médaille européenne montre que l’on grandit. La concurrence est de plus en plus là, les plus jeunes que moi grandissent de plus en plus, le groupe France est très homogène, tout le monde peut avoir sa place."
La Fédération française de tennis de table a enclenché un travail d’hyper individualisation sur le haut du panier. Elle a rapatrié Jean-René Mounié, entraîneur du Brésilien Hugo Calderano, meilleur joueur non asiatique, et Michel Blondel ancien directeur sportif à l’Insep et coach de Simon Gauzy, dans son club d’Ochsenhausen en Allemagne. A Houston, on peut assister à la mise en orbite du premier étage de la fusée du ping français pour Paris 2024.