Une immense escroquerie en para-athlétisme? Un double médaillé d’or à Paris 2024 soupçonné de mentir sur son handicap

Maxime Carabin, le 30 août 2024 aux Jeux paralympiques de Paris - Icon/Ulrik Pedersen
Maxime Carabin est-il un champion d’exception ou un authentique escroc? La question se pose à l’heure où plusieurs de ses adversaires accusent le para-athlète belge de tricher en exagérant son handicap depuis plusieurs années. Le doublé médaillé d’or de Paris 2024, sur 100m et 400m, affirme avoir perdu l’usage de ses jambes et de sa main gauche lors d’un accident survenu durant un match de handball en 2019. Il est autorisé depuis 2022 à concourir en fauteuil roulant dans la catégorie T52, qui regroupe des athlètes paralysés et tétraplégiques. Et depuis ses débuts en compétition, il n’a jamais été battu. Quintuple champion du monde, le para-athlète de 24 ans s'est offert les records du monde du 100m, du 200m et du 400m. Mais plusieurs témoignages remettent sérieusement en cause son histoire.
La RTBF, qui a enquêté sur son cas, s’est notamment procuré un examen neurologique que Maxime Carabin a réalisé en septembre 2020, moins d’un an après son accident de handball. Et les conclusions des médecins mettent clairement en doute les lésions à la moelle épinière dont affirme souffrir le natif de Liège, qui devrait en principe pouvoir utiliser ses jambes. Le média belge a montré cet examen à plusieurs spécialistes, qui ont confirmé l’absence de pathologie neurologique, en expliquant que ces résultats étaient identiques à ceux d’une personne qui ne serait pas en situation de handicap. D’autres rapports de consultation neurologiques rédigés quelques jours après son accident font état d'une situation clinique normale.
Une maladie rare… qui ne toucherait pas les membres inférieurs
La plupart des médecins qui l’ont examiné en Belgique ont d’ailleurs considéré qu’il n’était pas éligible à la pratique du handisport en compétition. Mais Maxime Carabin a tout de même réussi à obtenir sa classification dans la catégorie T52 en juin 2022. Il a fourni une attestation, rédigée par un neurologue liégeois, expliquant qu’il souffre de la maladie d’Hirayama, une pathologie rare observée principalement en Asie, qui serait la cause de sa déficience. Mais d’après les spécialistes interrogés par la RTBF, cette maladie n’affecte que les membres supérieurs (souvent seulement l’un d’entre eux) et ne peut pas être à l'origine d'une paralysie des jambes.
Lors de la remise de sa classification, les médecins ne se seraient étonnamment pas intéressés aux membres inférieurs du champion paralympique. Maxime Carabin n’aurait subi aucun test au niveau des jambes ni des pieds. Sa classification a ensuite été confirmée en Suisse en 2023, puis à Dubaï en 2024. De quoi pointer "un certain amateurisme" dans le système d’attribution des classifications. "On fait ce qu’on veut. Si on me demande de bouger le pied et que je ne le fais pas, on va considérer que mon pied ne sait pas bouger. C’est aussi simple que ça", témoigne un athlète.
Ses adversaires ont entamé des procédures pour le disqualifier
Sollicité par plusieurs médias belges pour répondre à ces accusations, Maxime Carabin s'est défendu en assurant que son handicap est bien réel: "C’est une maladie rare que j’ai eue suite à un petit accrochage en 2019 et donc ma moelle épinière ne fonctionne plus comme elle devrait le faire. Ça atteint très fortement mes membres supérieurs et les membres inférieurs sont touchés par cascade. Donc je suis en chaise (fauteuil roulant) comme une personne tétraplégique." Pas de quoi convaincre certains de ses rivaux, d’origine suisse, autrichienne ou lituanienne, qui ont entamé des procédures auprès des instances sportives internationales pour réclamer sa disqualification. Ils attendent désormais des réponses.