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A l’assaut de la forteresse nipponne

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En perte de vitesse à l’échelle mondiale, l’équipe de France est face à l’un des plus grands défis de son histoire lors de ces Mondiaux de Tokyo (du 9 au 13 septembre).

Harajuku. Le quartier où les teenagers tokyoïtes se muent dans un mimétisme impressionnant en leurs personnages de mangas préférés. C’est à un jet de pierre de l’un des centres de la pop culture nipponne que l’équipe de France de judo va devoir concentrer tous ses superpouvoirs physiques et mentaux pour défier un monde impitoyable du 9 au 13 septembre 2010.
Au Yoyogi Stadium, les tatamis vont avoir le toucher de l’enfer. C’est là, en 1964, qu’Anton Geesink, disparu le 27 août, avait fait pleurer tout le Japon en remportant le titre olympique des lourds. En décidant d’ouvrir les Mondiaux à deux combattants par pays et par catégorie, Marius Vizer, l’omnipotent président de la Fédération internationale, a voulu s’offrir le choc des titans. Car il faudra avoir un appétit de sumo pour grimper sur la boîte.
En moins de 73 kilos par exemple, ils seront 81 ! Sept combats minimum où se mêleront deux Japonais, deux Russes, deux Coréens, pour repartir avec une médaille. Avec trois breloques dont deux en or l’an passé à Rotterdam et seulement quatre aux Europe en avril (avec une équipe renouvelée), la France recule logiquement dans la quantité. Les Bleus sont sur un fil dans un contexte toujours plus relevé. « On vise au moins deux médailles d’or agrémentées de médailles d’argent et de bronze » avance René Rambier, directeur technique du haut-niveau.

Riner pour le doublé

Teddy Riner est toujours ce phare indestructible depuis Pékin qui tentera de doubler lourds et toutes catégories comme David Douillet en 1995 à Chiba. S’il y arrive il deviendra le judoka masculin le plus titré en championnats du monde avec cinq médailles d’or… A 21 ans seulement : « Il n’y en a que quatre qui sont quadruples champions du monde et là il y a moyen de passer devant. C’est un défi, je le relève », clame haut et fort le Guadeloupéen.
Chez les hommes, il est la seule assurance de médaille dans une équipe qui poursuit son lifting. Benjamin Darbelet (-73kg) a montré avec sa victoire à Moscou qu’il avait les qualités pour accrocher sa deuxième breloque planétaire après l’argent olympique. « On sait ce qu’il vaut et ce qu’il peut faire », dit sobrement Benoît Campargue, entraîneur des garçons.
Avec le forfait de Morgane Ribout (-75kg), les filles reposent encore et toujours sur les mêmes armes : Frédérique Jossinet (-48kg), qui revient au Japon quinze ans après son premier championnat du monde à Chiba, Lucie Décosse despote des moins de 70 kilos mais toujours à la recherche de son deuxième titre mondial, et à un degré moindre Gévrise Emane (-63kg) et Céline Lebrun (-78kg). Derrière ça pousse et le vent de la jeunesse pourrait faire des merveilles avec la jeune et toujours junior Clarisse Agbegnenou (-63kg) mais surtout Audrey Tcheuméo (-78kg), un char d’assaut féminin.
En réussissant à Tokyo, la France pourrait se mettre sur orbite pour les Mondiaux de Paris à domicile en 2011 et surtout pour les Jeux olympiques de Londres qui sont, comme le dit Riner, « le véritable sommet de la montagne ».

M.M.