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Championnats d’Europe de judo: après la déception et le "deuil" des JO de Paris, Dicko veut "avancer"

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Dévastée par sa médaille de bronze olympique individuelle alors qu’elle était favorite pour l’or l’été dernier, Romane Dicko a pris du temps avant de relancer sa carrière. Elle débarque au Monténégro pour conserver son invincibilité en championnat d’Europe.

Romane Dicko, on vous retrouve finalement aux championnats d’Europe alors que vous n’étiez pas dans la première liste. Cela servira de préparation aux Mondiaux mi-juin à Budapest?

Oui il me fallait une compétition avec les Mondiaux. Il y avait plusieurs choix comme le tournoi du Tadjikistan ou celui du Kazakhstan. Les Europe, c’est un championnat, tant mieux. Il y a un titre à aller chercher.

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Avez-vous digéré votre déception des JO?

Ça va beaucoup mieux maintenant. Le deuil est quasiment fait. J’ai décidé d’avancer.  Je ne suis pas devenue championne olympique à Paris, c’est comme ça. Il y a d’autres titres à aller chercher. Je me reconstruis tranquillement. Je suis sur la phase de mettre les grosses briques et là on avance pour Los Angeles 2028.

Avez-vous pensé à arrêter?

Non. Peut-être une fraction de seconde quand j’étais jeune, que j’étais blessée. Mais j’aime trop le judo, j’aime trop cette ambiance, j’aime trop aller à la guerre. On ne retrouve ces sensations nulle part. Tant que je kiffe ce sentiment, je vais continuer et aller au moins jusqu’à Los Angeles 2028.

Qu’avez-vous pensé de votre seule sortie à Tbilissi (1re)?

Pas de stress mais il y a des sensations qui reviennent. Ça faisait longtemps, huit mois sans tournoi. Je voulais bien faire mais je savais que j’étais en manque de judo. Je suis montée en puissance dans les matchs. Les repères n’étaient pas là au début, j’étais un peu perdue, mais c’était une bonne compétition de reprise. J’ai fait du bon judo, j’ai hâte d’être à la suite.

Vous avez écrit un long message sur les réseaux sociaux pour remercier Séverine Vandenhnde, qui n’est plus coach de l’équipe de France. Maintenant, c’est une nouvelle histoire à écrire avec Jane Bridge.

Il faut fermer le livre, écrire un nouveau chapitre. Mes repères avec Séverine étaient là depuis longtemps. Notre relation s’était construite depuis plusieurs années. Là il faut un peu tout recommencer. Ça fait partie du jeu. Le train va partir avec ou sans moi et j’ai envie d’être dans ce train. J’ai envie de vite remonter en selle. J’ai pris le temps d’encaisser cette séparation, ces changements. On a fait qu’une compétition ensemble. On va trouver notre équilibre avec Jane. Techniquement, je crois en ce qu’elle me dit au quotidien. Ce sera différent qu’avec Séverine mais c’est ça le haut niveau. Il faut s’adapter.

Avec ce nouveau staff, va-t-on voir de nouvelles choses dans votre judo?

Je ne sais pas. C’est un peu tôt. L’objectif est de solidifier mes acquis. Dans une nouvelle olympiade il faut tester d’autres choses. Il ne faut pas repartir de zéro. Voir si je peux aller chercher de nouvelles techniques ou de nouvelles façons d’amener les miennes. On a le temps.

En lourdes, la concurrence est féroce en France...

Tant mieux. On n’a jamais eu un tapis aussi fourni en lourdes. C’est hyper motivant. On sait qu’à chaque compétition, il faut montrer qu’on est la meilleure. C’est un bon moyen d’élever le niveau des lourdes en France, ça va complexifier le chemin vers Los Angeles. On fait la compétition, c’est ça qu’on aime.

Vous n’avez jamais perdu en championnat d’Europe depuis les cadettes!

C’est fou! J’ai hâte. Ça fera peut-être un titre en plus. Une cinquième couronne ferait du bien avant les Mondiaux. J’espère bien poursuivre sur ma lancée et garder mon titre.

En cas de cinquième titre vous égaleriez le record français en la matière détenu notamment par Clarisse Agbégnénou ou Audrey Tcheuméo.

Je ne savais pas que le record était à cinq. Je n’ai pas envie d’écrire de nouvelles histoires, j’ai envie d’écrire la mienne. Me donner au maximum, aller chercher l’or. Si c’est médaille d’or, tant mieux.

On vous a beaucoup vu participer à des activités hors judo depuis les JO. Est-ce que le judo va reprendre sa place?

En année post-olympique, c’était important de m’aérer l’esprit. La course vers Los Angeles va repartir. Ça faisait partie du deal. J’avais besoin de prendre l’air et maintenant on va rentrer dans le tunnel.

Êtes-vous déjà concentrée sur Los Angeles 2028?

Los Angeles est l’objectif à moyen-long terme. Les JO ça me fait kiffer mais c’est dans plus de trois ans. Il y a une sélection et des titres à aller chercher. Je n’ai pas envie de me dire que les JO sont l’objectif. Il y a beaucoup d’autres objectifs avant.

Propos recueillis par Morgan Maury