Euro de judo: "Il faut que je laisse une trace", clame Clarisse Agbégnénou

Clarisse Agbégnénou, est-ce bizarre que l’Euro soit votre grande compétition de l’année, qu’il n’y ait pas de championnat du monde ?
C’est bizarre. D’habitude il y a un Euro puis un Mondial à préparer ou un Masters. D’autres choses s’imbriquent dans ma vie. Pour ma saison 2025, les Europe seront la touche finale.
Vous ne venez jamais pour faire de la figuration.
Bien sûr. J’ai envie de finir en beauté cette année 2025 pour revenir de plus belle les autres années. Il faut que je laisse une trace.
Etes-vous satisfaite du chemin parcouru depuis les JO avec notamment cette compétition à Tbilissi (3e) ?
Je suis contente. Quand je suis revenue de ma grossesse, j’ai beaucoup couru après le temps, surtout physiquement. Là, je suis moins dans le dur physiquement. Je peaufine, je travaille pour retrouver ma force physique que j’avais un peu tendance à chercher. Je me sens bien physiquement. Je pense que les nouvelles règles favorisent le défensif. A moi de m’ajuster pour être plus explosive pour impacter directement mes adversaires. C’est ce que je travaille. J’ai le fond, j’ai le cardio. Il n’y a que ce petit dynamisme qui me manque.
On a l’impression que vous êtes moins puissante du bas du corps ?
Je ne pense pas que ce soit ça. Je suis un peu moins explosive. L’explosivité vient avec la fraîcheur. Maintenant que je suis mère de famille, j’ai moins de fraîcheur. J’ai fait beaucoup d’entrainements, de stages avant le tournoi de Géorgie, donc je suis un peu moins fraîche. C’était le but de travailler sur la fatigue avant de trouver la fraîcheur lors de la préparation terminale. Je vais trouver ce repos pour être plus rapide sur les jambes.
Vous trouvez que vous avez été ‘gentille’ à Tbilissi ?
Pas si gentille que ça finalement quand j’ai revu les vidéos. Il manquait un peu cette fraîcheur là pour leur mettre un peu plus la pression.
Il n’y a aucune chance de vous voir en juin aux championnats du monde ?
On ne sait jamais mais là ça fera une polémique pour les filles qui sont dans la sélection. Je pense qu’il y a 0% de chance. J’ai d’autres projets donc je ne serais pas entraînée. Ce serait dommage de perdre bêtement ou de me blesser. Les Europe c’est très bien puis je vaquerai à mes autres projets. On me verra sur d’autres Mondiaux, mieux entraînée. Il ne faut pas être trop gourmande.
Qu’allez-vous faire pendant cette pause ?
J’ai le projet de développer le judo aux Etats-Unis, d’y donner quelques conférences. Les JO seront aux Etats-Unis en 2028 donc c’est un projet important pour moi, pour ma reconversion. La guerrière Clarisse va devoir faire autre chose. Il faut que je travaille mon après-carrière. Je veux avoir un deuxième enfant avant les JO. Il faut à un moment se poser, reposer son corps et sa tête car ça ne vient pas comme ça. Je n’ai pas d’idée de la durée de ma pause. J’espère que ça viendra assez vite d’ici la fin d’année. J’aurai alors le temps d’en profiter et de revenir.
Avec le nouveau staff, avec vos envies, avez-vous trouvé un terrain d’entente ?
On a eu du mal à s’écouter, s’entendre sur mes projets. C’était pour moi explicite mais dans le cadre de l’équipe de France c’était peut-être plus difficile à comprendre. Pour ma part c’est cadré. On aura des recadrages à faire tout au long des années. C’est bien d’avoir eu ce flou artistique pour commencer. Maintenant, tout est calé pour moi et pour eux. Je leur donnerai des updates quand je serai enceinte.
C’est compatible avec le désir de performer ?
Bien évidemment sinon j’aurais déjà arrêté. Je ne vais pas embêter mon staff et l’équipe de France pour faire le championnat d’Europe. Dans ce cas j’aurais fait le Mondial et je n’aurais pas fait l’Euro. Je n’aurais pas été pressée par le temps. Là, je me presse. Je ne veu pas aller jusqu’à juin. Il faut que j’ai ce moment de repos-là pour procréer et me sentir assez sereine. Après, je prendrai le temps d’attendre la fin de ma grossesse. Puis je ferai un programme jusqu’à Los Angeles.
Quel est votre regard sur cette équipe de France de judo ?
On est une équipe de France de malade. On a pu le voir sur les deux derniers JO qu’on gagne par équipes. Les étrangers se demandent comment ils font pour être aussi fort. Les garçons ont été critiqués et ils ont été forts à Paris. Quand on sait qu’on a un challenge ensemble, tout le monde met sa fierté de côté et on y va ensemble. Et ça se voit.
Quel est votre rôle dans l’équipe féminine ?
Je suis un petit peu la maman du groupe. J’ai l’expérience, les connaissances, la maturité. Je suis un peu celle, dans les stages, qui amène le soleil avec son enfant. J’essaye avec mon côté solaire d’amener de la joie et de la bonne humeur.