Derrière Riner, les Bleus marchent à l’ombre

Teddy Riner - -
« Capitaine, moi ? Je n’aime pas imposer mes idées. Je préfère qu’on avance tous ensemble, de manière posée, réfléchie. » Le statut de leader, Teddy Riner n’en veut pas. Et pourtant : comme d’habitude, tous les regards français se tourneront vers lui ce week-end à Istanbul, pour des championnats d’Europe qui promettent une belle moisson de médailles côté tricolore. Car le grand patron des Bleus, quoiqu’il en dise, c’est lui. « C’est très bien pour l’équipe qu’il soit là », affirme le DTN René Rambier.
Vraiment ? Le natif des Abymes sera en Turquie le grand frère d’un groupe masculin rajeuni, talentueux et encore en manque de succès sur la scène continentale. Mais l’aura de Riner est à double tranchant. Comme Thierry Rey et David Douillet en leur temps, le bonhomme monopolise l’attention. L’année dernière en Autriche, trois médias seulement avaient fait le déplacement pour suivre les Bleus aux « Europe ». Cette fois, ils seront une vingtaine à suivre les pérégrinations du groupe France. Présence du Guadeloupéen oblige. « Ce n'est pas grave d'être dans l'ombre de Teddy, lâche Mathieu Bataille, 3e des derniers championnats du monde. Quand j'ai commencé ma carrière, tout le monde se demandait qui allait être le nouveau Douillet. On s'y fait. »
Decosse : « Je suis plus forte que Teddy »
A Istanbul, les Bleus auront l’occasion de sortir de l’ombre de leur géant. Avec deux judokas présents par catégorie et par sexe, la France a de quoi voir venir. Et effacer le pauvre bilan obtenu à Vienne en 2010, où les Tricolores avaient fini 7e. « L'objectif est d'être la première nation européenne chez les hommes, les femmes, en individuel et par équipes, assène René Rambier. C'est important de marquer le territoire et de donner confiance à l'équipe. » Un message envoyé aux jeunes pousses tels qu’Ugo Legrand et Audrey Tcheuméo, encore en quête d’un palmarès. Mais aussi en direction des anciens, tels que Lucie Decosse, bien déterminée à briguer un cinquième titre européen.
Decosse, un des plus beaux palmarès du judo français (double championne du monde, quadruple championne d’Europe, médaillée d’argent à Pékin) et, elle aussi, dans l’ombre de Riner. « C’est difficile de comparer les catégories, explique-t-elle. Mais techniquement, je fais tomber l’adversaire sur beaucoup plus de techniques que lui. Je suis plus forte. » De là à réussir la passe continentale de cinq à Istanbul…