Des Français petits bras

Frédérique Jossinet n'a pas remporté de médaille - -
Qui a éteint la mèche? Bercy, c'est normalement une réaction en chaîne, des adversaires qui explosent face aux Français, et un public chaud bouillant. Rien de cela ne s'est produit mardi, pour l’ouverture des Mondiaux. Frédérique Jossinet (-48kg), 35 ans, reste l'une des grandes chances françaises de médailles avec son expérience des grandes batailles même si elle ne fait peut-être plus tout à fait partie des cadors. Comme l'an dernier, une gamine brésilienne, Sarah Menezes (20 ans), l’a privée de bronze. On peut, comme Jossinet, se connaître par coeur, sans jamais se trouver. « Elle n'a pas trouvé ce déclic, confirme son coach, Christophe Gagliano. Elle était à la recherche de la boite qui allait la libérer. Mais elle n'est pas venue ».
Minimaliste, « Fredoune » est restée collée à son texte alors que ses plus belles médailles, elle est allée les chercher à la hache ! Elle a le feu, mais brûle-t-il encore assez pour contenir la nouvelle vague ? En tout cas, elle donne rendez-vous à Londres, terminus de sa carrière. « Pour ce rendez-vous, il faut la persuader qu'elle peut faire plus », avance Gagliano. Car même la légendaire Ryoko Tamura l'assure : « Jossinet sera quelqu'un qui comptera aux JO ». On espère qu'elle ne se trompe pas.
La modestie, ça se travaille…
Un jour, quand il sera à la retraite, David Larose (7e) se dira peut-être : « Et si… ». Les occasions de claquer une grande médaille en championnat, il en a eues. Junior brillant avec un titre mondial en 2004, il n'a jamais confirmé à l'étage supérieur. Le talent est présent, mais pas le dépassement de soi. A Bercy, il s'est laissé bercer par l'Anglais Colin Oates en finale de repêchages des moins de 66 kilos. Oates n'a pas le talent de Larose, mais il respecte les consignes de son coach français, Patrick Roux, à la respiration près. Larose le lymphatique devra repasser une énième fois.
Ce mardi, les attaquants ont été récompensés, pas les calculateurs. On attendait beaucoup de Sofiane Milous (-60kg). Lu qui revenait fort après des mois de blessures est passé à la moulinette d'un jeune azéri quasi-inconnu, qui a pulvérisé tout le monde avant de finir en bronze : « C'est un peu la honte de perdre à domicile », a déclaré Milous. Pas faux. Le Parisien se sentait pourtant très fort. Il l'avait clamé. De la prétention mal placée.
Benoit Campargue, le chef des masculins, ne s'est pas gêné pour le remettre en place après le zéro pointé du jour : « J'ai un petit peu d'amertume parce que quand on a un potentiel comme lui, on a des convictions, pas des certitudes. Il faut aller chercher la médaille avec modestie. Et la modestie, ça se travaille tous les jours. » Après avoir raté la grande porte de Bercy mardi, les Bleus en lice ce mercredi devront lâcher les chevaux. Même acquis aux Français, Bercy ne s'offre pas comme ça. Et de s’inspirer de la lettre que Jossinet a écrite à ses coéquipières juste avant le début de la compétition : « Un titre ça se prend ». A méditer…