RMC Sport

Emane, le bronze du courage

Gévrise Emane

Gévrise Emane - -

Au fond du trou après son élimination surprise en quarts de finale (-63kg), la judokate française Gévrise Emane (30 ans) se console largement avec une médaille de bronze arrachée avec les tripes. La quatrième pour le judo français.

Ce 31 août a démarré comme dans un cauchemar. Gévrise Emane, candidate déclarée à l’or olympique chez les -63kg, éliminée au stade des quarts de finale par la Mongole Tsedevsuren Munkhzaya. Impensable ! Elle, la championne du monde en titre. Elle qui avait vécu de la pire des façons son échec à Pékin en 2008 (éliminée dès le 1er tour) dans la catégorie supérieure (-70kg). Quelle désillusion !

La native de Yaoundé raconte : « Le matin, je me suis mise la pression toute seule. J’ai failli m’effondrer. Je me suis posée un tas de questions. Je devais retrouver la Gévrise de d’habitude en deuxième partie de compétition. Celle qui est mobile, qui met le feu. Heureusement, Martine (Dupont, le responsable des équipes de France féminines, ndlr) était là. Elle m’a soutenue, m’a boostée. Mon entraîneur aussi, Christian (Chaumont). » Mais soudain, elle ne peut retenir ses larmes : « C’est grâce à lui si je suis là, lâche-t-elle. Il y a quatre ans, j’ai voulu tout arrêter. Il m’a dit non : « Il y a encore des choses à vivre. » Il ne s’était pas trompé.

Emane : « Aussi belle que l’or !»

Emane revient alors sur le tatami regonflée à bloc. Exit l’Israélienne Alice Schlesinger en match de repêchage. Exit aussi et surtout la Coréenne Da-Woon Joung pour le bronze. Tout se joue sur un fil, sur décision des arbitres. Gévrise s’en contrefiche : « Je m’en fous de la façon dont j’ai gagné. Le principal était de repartir avec une médaille autour du cou ! » Objectif atteint pour celle qui vient de fêter ses 30 ans : « Au vu des difficultés rencontrées, elle est aussi belle que l’or, dit-elle. C’est la seule médaille qui me manquait. Je ne pouvais pas repartir de Londres sans elle. »

Pour Martine Dupont, cette troisième place derrière la Slovène Urska Zolnir (or) et la Chinoise Xu Lili (argent) est tout sauf imméritée. Alors que la judokate du Levallois Sporting Club est au fond du trou après sa défaite en quart, elle lui glisse à l’oreille : « Personne ne s’entraîne plus que toi. » Gévrise devait arriver à se libérer. » Elle l’a fait ! « C’est la médaille du courage », lâche-t-elle, heureuse, avant d’annoncer qu’elle ne sera pas dans quatre ans à Rio, au Brésil. Non, après le protocole, sa préoccupation première est de fêter aussi ses 30 ans. Comment ? « C’est top secret. » La journée se finira sans doute comme dans un rêve….

Aurélien Brossier