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Guerre Israël-Hamas: "Je ne les laisserai pas briser mon âme", le judoka Paltchik se confie

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Judoka israélien, Peter Paltchik (31 ans) a raconté à RMC Sport sa vie depuis l'attaque du Hamas samedi dernier. Champion d'Europe 2020 dans la catégorie des moins de 100kg, le sportif n'ira pas dans l'armée et continuera à s'entraîner afin de défendre les couleurs de son pays lors des compétitions sportives.

Peter Paltchik, est-ce que tout va bien autour de vous, votre famille,vos enfants et que faites-vous?

Tout va bien pour ma famille. Nous avons la chance d'avoir un abri à la maison. Nous sommes très chanceux car toutes les maisons en Israël n'ont pas un abri. En ce moment, j'ai pris ma voiture pour aller chercher de la nourriture et des couches pour mes bébés. En ce moment, il y a une escalade dans la guerre. Les Palestiniens nous bombardent encore une fois. Il se peut qu'il y ait un nouveau front au Nord avec le Hezbollah libanais. Cela semble être une guerre sur deux frontières. Peut-être qu'il faudra rester plus longtemps ensemble, de longs jours dans l'abri alors je dois ramener beaucoup de nourriture.

Est-ce que vous avez l'impression que la situation est moins dangereuse que samedi au moment du déclenchement?

Le niveau de danger est le même que samedi. Les terroristes palestiniens continuent leurs attaques sur les Juifs et on ne sait pas de quel côté ça peut arriver. Ah! Il y a une alarme. Attendez, je reviens! Je dois arrêter la voiture.

[Il rappelle quelques minutes plus tard]

J'ai arrêté la voiture, je suis allé me cacher dans les buissons en espérant que ça ne tombe pas sur moi.

Que faisiez-vous au moment des premières attaques?

Il était 6h30 du matin samedi. J'essayais de dormir. Un de mes jumeaux était réveillé. Je jouais avec lui dans le lit quand soudain j'ai entendu l'alarme qui signale les missiles. Toute la famille a couru vers l'abri. Nous avons allumé la télévision et vu que c'était la guerre. Pas seulement les missiles mais aussi les guerriers du Hamas qui entraient dans les villes israéliennes.

Est-ce que vous avez des nouvelles de vos proches et de vos amis?

Il y a eu l'attaque lors du festival. J'ai des amis qui ont été blessés, d'autres qui sont morts et j'ai un ami qui a été kidnappé. On ne sait toujours pas où il est . Le Hamas ne donne aucune info sur les otages. Un judoka de 18 ans est mort. Lorsque tu as 18 ans en Israël, tu dois choisir si tu veux intégrer l'armée. Tout le monde doit faire son service militaire. Si tu es athlète de haut-niveau, tu peux choisir si tu veux faire ton sport ou intégrer l'armée. Maintenant, il est mort.

Allez-vous rejoindre les rangs de l'armée?

J'ai déjà dépassé ce niveau. Je fais tout ce que je peux pour aider des businessmen et des entreprises. Je les mets en relation avec des personnes qui ont besoin d'équipements, de nourriture, je les mets en contact avec les soldats. Des choses toutes simples comme des chaussettes, des pantalons, des sous-vêtements, des chaussures. Je leur fais des livraisons et je fais la connexion.

A un an des JO, peut-on penser à s'entraîner alors que son pays est en guerre?

Je peux vous dire qu'hier (lundi) c'était la première fois que je m'entraînais depuis le déclenchement du conflit. Je n'étais pas capable de combattre en randori car mon esprit était à la guerre. Mon âme souffre, mon cœur a mal. Après l'entraînement, je suis rentré à la maison. J'ai parlé de mes sensations à ma femme. Elle m'a dit 'c'est ta responsabilité de gagner le prochain tournoi, de gagner les championnats, d'hisser le drapeau d'Israël aussi haut que possible, c'est ça ta victoire sur le Hamas'. S'ils brisent mon âme, alors ils auront gagné. Je ne leur laisserai pas cette chance de briser mon âme. Je dois revenir à l'entraînement et essayer d'être concentré - c'est très dur -. J'ai pu m'entraîner de nouveau ce matin. Petit à petit, je reviens vers cet état.

Quelle était l'atmosphère à l'entraînement avec le reste de l'équipe nationale?

L'atmosphère est très triste. On voit tout ce qui se passe via les réseaux sociaux. Nous recevons les photos, les vidéos. Tout ça rentre dans ton âme, dans ton coeur. Et ça t'empêche d'avoir le focus sur ce qui est important. Aujourd'hui, c'était un peu mieux.

Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez vu la Tour Eiffel illuminé aux couleurs de votre drapeau et ces manifestations de soutiens qui ont rassemblé près de 20 000 personnes à Paris.

Mon dieu! C'a réchauffé mon cœur. Je me sentais bien. J'ai compris que le monde avait compris ce qu'est le Hamas. Nous avons reçu beaucoup de soutien de par le monde. Paris est ma ville favorite. Je viens chaque année à Paris. J'ai gagné ce tournoi. Voir 20 000 personnes à Paris supporter Israël et avoir le drapeau hébreu sur la Tour Eiffel c'est incroyable.

Propos recueillis par Morgan Maury