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Judo: après sa défaite, faut-il s'inquiéter pour Riner en vue des JO?

Après 154 combats et près de 10 ans d'invincibilité, Teddy Riner a été battu dimanche à la surprise générale, lors du tournoi de Paris. A moins de six mois désormais des Jeux olympiques de Tokyo, peut-on craindre une désillusion pour le champion français?

"Je le vois s’entraîner. Ce n’est pas le Teddy que j’ai pu connaître auparavant. Il n’était pas prêt. Mais il va mettre les bouchées doubles." Les mots du Tricolore Cyrille Maret (-100kg), après la tonitruante défaite de Teddy Riner dimanche lors du tournoi de Paris, alertent sur l’état de forme du double champion olympique. Mais cette défaite est-elle un simple écueil ou le signe d’un essoufflement?

A l'heure actuelle, impossible encore de savoir. D'autant que Riner marche à l’orgueil. "Si ça doit le réorienter dans sa recherche de médaille d’or, tant mieux", lance ainsi Stéphane Traineau, le patron des équipes de France.

Un physique à affûter

A bientôt 31 ans, l'ogre Riner va se lancer dans un gros travail de préparation pour obtenir un troisième titre olympique. A commencer par le physique: pesé à 149 kilos, Riner est 7 kilos au-dessus de son poids de forme. Sur ses deux premiers combats, il est apparu lent, sans imagination. On pouvait percevoir chez lui une crainte de se faire contrer. Cela n’a pas échappé à l’œil du Japonais Yasuhiro Yamashita, champion olympique aux 203 victoires consécutives: "Pour les JO, Teddy doit arriver au top de sa condition physique", estime-t-il. 

L’automne dernier, lors de ses victoires à Brasilia et Montréal, Riner n’était pas autant préparé que pour ce tournoi de Paris. Malgré cela, il avait étouffé la concurrence, à commencer par Lukas Krpalek, champion du monde 2019. "Teddy a rendu l’impossible possible, je sais qu’il est capable de gagner une troisième fois les JO", a conclu Stéphane Traineau.

Quel programme pour le Français d'ici juillet?

Cette défaite change en partie les plans du Français. Toujours virtuellement qualifié pour les Jeux olympiques avec sa 24e place au classement des plus de 100 kilos, Riner a encore besoin de victoires pour grimper et peut-être s'assurer un meilleur tirage au sort à Tokyo. Mais ce n’est pas forcément un objectif: "Aux JO, il faut battre tout le monde", aime-t-il répéter.

D’ici le rendez-vous de l’été, Riner va sortir "deux ou trois fois" en compétition. On le reverra début mars au tournoi du Maroc, puis au cours de deux autres sorties à définir. Niveau stage, il pourrait faire l’impasse sur un stage au Brésil au début du printemps pour aller au Japon. Un choix de dureté pour trouver un maximum de partenaires possibles, forcer la machine et peut-être retrouver dans un autre contexte Kokoro Kageura, l'homme qui l'a battu dimanche.

Une revanche Riner-Kageura aux Jeux? Pas sûr...

En revanche, la présence de ce même Kageura aux JO n’est pas acquise. Numéro 2 japonais de la catégorie avant ce rendez-vous parisien, l’étudiant de l’université de Tokai a réalisé ce qu’aucun judoka n’a fait depuis septembre 2010. Sa performance a forcément marqué les esprits des sélectionneurs nippons. Et pourtant, c’est Hisayoshi Harasawa, en argent aux JO 2016, qui tient la corde pour obtenir le ticket japonais - chaque pays ne pouvant aligner qu'un seul représentant par catégorie.

Si Kageura possède le meilleur profil pour battre le Français, il n’est peut-être pas le plus apte à traverser tout un tableau aux Jeux. Sa faible expérience des grandes compétitions plaide contre lui. Il n’a ainsi qu’une sélection en championnat du monde (5e à Marrakech en 2017). Mais depuis plusieurs saisons, les Japonais n’hésitent plus à envoyer l’homme en forme. Harasawa va disputer le tournoi de Dusselforf dans 11 jours. Puis les deux hommes régleront le sort de leur sélection lors d’un fratricide championnat du Japon fin avril. Riner, lui, sera alors en plein travail.

Morgan Maury