Judo (championnats d'Europe): Diesse sort de la touche au bon moment

Aurélien Diesse touche sa bille en recherche et développement. Bac+5 en ingénierie, il s’est creusé les méninges au Technocentre de Renault sur les voitures autonomes de la marque au losange. Recherche et développement, un intitulé qui pourrait correspondre au judoka de Bondy.
Se tromper, recommencer, casser, recommencer et arriver à un produit fini. "J’ai un motto (dicton) c’est ‘à l’usure’. Je ne lâche pas le bout de viande, je suis très têtu. J’ai toujours pensé que j’avais ma place sur la scène internationale", résume-t-il.
>>> Les championnats d'Europe de judo en direct
Blocage et infirmerie
Ses débuts n’ont pas été évidents. Quand on connait l’importance de la transition junior-senior, l’entame de Diesse chez les grands a ressemblé à un calage. On a découvert le -90kg en 2018 au sortir de son titre européen junior. L’équipe de France l’envoie alors sur un championnat monde et un Euro (à chaque fois non classé). Ses attitudes peu orthodoxes au moment de la prise de garde et son engagement étaient prometteurs. Il bloquera à ce niveau.
En découvrant le judoka à l’Etoile sportive Blanc-Mesnil à l’époque de ces premières sélections, Baptiste Leroy, maintenant chef de l’équipe de France masculine, avait haussé le volume. Selon le boss, le discours de l’ancien Diesse n’était pas en adéquation avec ses résultats. Le ton est monté entre les deux. Le corps fragile de l’ex -90kg est aussi un frein à sa progression. Malgré d’excellents tests en prophylaxie, le Bondynois Diesse casse souvent, comme cette année au tournoi de Paris. Epaule, pectoral, le judoka apprend qu’infirmerie ne rime pas avec tatami.
Un passage dans la catégorie supérieure, et une première médaille
Diesse passe chez les -100kg l’an dernier, un peu à reculons. La greffe prend vite. Avec ses grands compas, il ne dépareille pas au milieu de ces mastards. Sur les quatre derniers grands chelems, il domine trois anciens champions du monde et attrape un bronze à Bakou, son premier à ce niveau d’opposition. Il dégage de sa route l’Espagnol Sherazadishvili et le Portugais Fonseca, deux tauliers : "Finally (enfin), m’ont dit des combattants étrangers. C’est le bon mot, j’ai toujours eu faim !"
Diesse n’a pas eu peur du contact notamment face à Fonseca, une boule de muscles qui blesse souvent ses adversaires. Sa médaille à Bakou sonne comme le début de sa carrière senior. "Le travail paye enfin. Les blessures que j’ai traversées, je suis passé au-dessus. C’est l’enseignement de toutes ces blessures qui a fait l’homme que je suis devenu", sourit Diesse, qui a commencé le judo après avoir découvert ce sport aux Jeux olympiques 2004.
Dans une catégorie des -100kg qui n’a pas de leader national, il prend les rênes. Il émarge maintenant au 39e rang mondial de cette catégorie qui passe pour l’une des plus denses du plateau masculin. Ce dimanche, il va débuter avec un plat corsé d’entrée, le carré néerlandais Michael Korrel, médaillé mondial et champion d’Europe. La semaine dernière, il a mis dans les pommes le Tricolore Alexandre Iddir sur un étranglement au 3e tour du tournoi d’Abu Dhabi. Une belle perf’ mettrait Diesse sur orbite pour la sélection olympique. A contrario, un échec pourrait remettre ses concurrents hexagonaux dans le jeu. Recherche et développement, toujours.