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Judo: "Je veux essayer de prouver que je suis de retour", annonce Piétri

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Au 21e siècle, seuls trois garçons français sont devenus champions du monde de judo: Frédéric Demonfaucon en 2001, Teddy Riner dix fois et Loïc Piétri en 2013. Le Niçois revient dans sa catégorie fétiche des moins de 81 kilos pour tenter d’aller aux Jeux olympiques à Paris en 2024. À 31 ans, il débute cette quête ce samedi lors du relevé tournoi de Budapest. Il fait le point sur sa carrière et sa vie de famille entre Paris et le Brésil où vivent sa femme et sa fille de un an, Nina.

Loïc Piétri, on vous retrouve dans un Grand Chelem !

Je suis déterminé pour aller chercher des médailles sur le plus haut-niveau. Je pense que j’ai checké le premier niveau en prenant des médailles sur des Open (les compétitions internationales du plus petit rang ndlr). Maintenant il faut aller participer aux Grands Prix et aux Grands Chelems. J’ai un début de compétition costaud mais je veux essayer de prouver que je suis de retour.

C’est difficile d’aller sur ces petits tournois couperets ?

C’est la difficulté. On est obligé de faire ces compétitions. On dépense beaucoup d’énergie pour montrer qu’on a le niveau. J’ai fait trois médailles dont deux victoires. Au tournoi de Paris, je termine 7e en prenant des clients, je bats le Turc 3e mondial. C’est un bon début mais ce n’est pas là où je veux aller. J’ai deux opportunités qui arrivent, je suis content.

Mentalement, quand on a été champion du monde, c’est compliqué de redescendre à ce niveau ?

J’essaye de ne pas me poser la question. Quand on prend du recul on peut se dire que j’i tout à y perdre. Si je perds un combat, les gens vont dire que je ne suis plus au niveau. Si je gagne, on va dire c’est normal. Il faut en passer par là. À Madrid (1er), je ne l’ai pas fait pour la médaille mais vraiment pour me préparer pour Budapest. Ça fait longtemps que je n’avais pas eu de telles sensations.

"Je serais concentré sur ma performance, pas sur les JO"

C’est le début du chemin vers Paris 2024. Vous voulez tenter d’y aller ?

Il y le points pour les JO qui commencent. L’objectif ce sont les Jeux, c’est pour ça que je veux continuer jusqu’à Paris. Quand je monterai demain sur le tapis, je serai concentré sur ma performance, pas sur les JO. Mais c’est quelque chose que j’ai dans un coin de ma tête.

Vous regrettez votre passage en moins de 90 kilos après les JO de Rio (non classé en moins de 81 kilos) ?

Non je ne regrette rien, j’avais fait 4 ans en -81kg qui s’étaient très bien passés. Il y a eu des blessures et ça n’a pas aidé. Je reste convaincu que j’aurais pu être costaud en moins de 90 kilos. Il aurait fallu plus de sélections et plus de patience dans les sélections. Il aurait aussi fallu que je ne me blesse pas, ces petits accidents de carrière. Sans regret. Il y a les JO à Paris, j’ai réussi à me motiver pour repartir en moins de 81 kilos. Je repars d’attaque.

Vous avez de l’amertume envers le staff de l’époque sur votre gestion ?

J’en ai eu au moment où c’est arrivé mais je suis passé à autre chose. Je me concentre sur les objectifs qui sont devant moi. Je suis déterminé à aller chercher des médailles, à revenir au top niveau, je fais ça parce que j’aime gagner. Je veux aller à Paris et y arriver en tant que favori.

"On change les règles toutes les deux secondes"

Vous êtes actuellement 56e mondial des moins de 81 kilos. Il faut remonter et vous avez 31 ans.

C’est un rythme à prendre le haut-niveau. C’est plus dur de commencer à gagner que d’y rester. J’essaye de trouver la faille. Il y a plein de judokas qui ont eu des retours sur le tard et ont performé aux JO. J’essaye de me dire que c’est faisable. Si j’arrive à attraper le niveau c’est faisable. Maintenant j’ai le droit de naviguer sur ce niveau international pour m’y réhabituer. Le judo international est vraiment différent du judo français. J’essaye d’être sur mon judo d’attaque c’est mon style, c’est ma patte.  

La fédération internationale a interdit votre mouvement signature, le morote inversé, à la coréenne. C’est dur non ?

Je trouve ça stupide. On nous a dit que c’était une clef de bras ! Ce n’est pas du tout une clef de bras. Il y a une méconnaissance du judo de la part des gens qui ont pris cette décision. Je m’adapte. On a travaillé un mouvement pendant 10-15 ans et on supprime cette technique pour une non-raison. On est un sport très conservateur, on a du mal avec l’évolution. Je pense que des gens de 60 ans n’aiment pas voir le judo évoluer. Le morote inversé ne faisait pas de mal au judo. Ce n’est pas la première prise qu’on me supprime. On change les règles toutes les deux secondes. Il faudrait loquer les règles sur 15 ans pour qu’on puisse se préparer en conséquence. Je suis pour un regard intelligent sur le judo.  

Vous êtes en couple avec la Brésilienne Sarah Menezes, championne olympique 2012, et maintenant coach de l’équipe féminine du Brésil. Vous êtes aussi papa d’une petite fille. Comment s’organise cette vie entre la France et le Brésil?

(Il réfléchit). C’est compliqué. J’ai envie de voir davantage ma petite. Avec le Covid j’ai pu aller m’entraîner au Brésil. Maintenant que je ressors en compétition, je ne sais pas quand je pourrais la voir. Ca dépendra de mon planning, de mes compétitions, de quand ma compagne sera en déplacement. Ma fille est actuellement avec ses grands-parents au Brésil, ma femme est ici à Budapest. Je vais souvent au Brésil, ma femme vie souvent. On n’est pas un couple avec une bonne empreinte carbone mais on n’a pas le choix. Ça restera jusqu’à Paris comme ça et après stop. J’ai envie de voir ma petite grandir, je n’ai pas envie de rater des choses. En ce moment, ma petite commence à se mettre debout, ça me pèse.

MM à Budapest