Judo: la prometteuse Auchecorne remporte son premier titre de championne de France

Elle passe d’un pied à l’autre, avance, recule, rigole ou pleure, on ne sait pas trop. En sortant du tatami après sa victoire sur Gaëtane Deberdt (Pontault-Combault), Melia Auchecorne semble très émue. Les juniors qui l’emportent dans le bourbier des France 1ere Div’, ce n’est jamais courant. Auchecorne est arrivée à Caen précédée de son statut de championne du monde junior en moins de 63 kilos, la première tricolore depuis Lucie Décosse dans cette catégorie depuis 2000. C’était au début de l’automne au Portugal. Là-bas, elle avait conquis l’or en battant la Japonaise sur un mouvement d’épaule malin alors que le voyant de son réservoir clignotait depuis un moment: "Aux Mondiaux juniors, je n’avais pas compris que j’avais gagné sourit la judoka de Chelles (77). Les France ont toujours été compliqués pour moi. C’est la première fois que j’en gagne un. Je suis très contente."
Ni en cadet, ni en junior, Auchecorne n’est montée sur la première marche d’un podium national. Elle s’est arrêtée au bronze. Son sacre planétaire junior a semble-t-il enlevé quelques verrous dans la tête de l’étudiante en première année de sciences politiques: "Je doutais beaucoup trop, plus qu’aujourd’hui. Il y avait peut-être un peu d’immaturité aussi. Après le titre mondial ces France étaient du bonus, j’avais déjà atteint l’objectif de ma saison." Il a fallu de la maturité pour gérer les 90 dernières secondes de sa finale contre Deberdt. Ne pas encaisser de troisième pénalité, grignoter quelques secondes au sol, se préserver des techniques de sacrifice de son adversaire.
Les JO de Los Angeles en 2028? "Pourquoi pas"
Auchecorne a maîtrisé le jeu comme une rouée dix ans plus vieille. Elle l’avoue elle n’a pas encore le corps pour résister aux longs affrontements. "J’ai appris quand attaquer ou pas, j’ai tendance à tout donner au début puis plus rien, j’ai encore des progrès à faire sur ce point, notamment sur le cardio." Ce succès caennais lui offre une sélection pour le tournoi de Paris 2024. Elle pourra s’étalonner face à ce qui se fait de mieux en moins de 63 kilos sur la scène internationale. Clarisse Agbégnénou est la patronne incontestée.
Cette catégorie ne sera pas laissée en friche si elle arrête après les JO. Manon Deketer a obtenu une médaille de bronze mondiale en 2022 et il y a maintenant Auchecorne, à un étage encore inférieur. Sa réussite à son âge indique qu’elle se met dans les bons rails. Maintenant, elle doit confirmer sa transition vers les seniors avec des médailles en tournois internationaux. "Il ne faut pas se fixer de limite", aime-t-elle répéter. La place pour Paris est déjà prise. On lui parle de Los Angeles 2028. Elle répond: "pourquoi pas?"